Plus un geste ! დ Fantômette & Françoise

Plus un geste

feat. Fantômette & Françoise

C’est un bruit qui pourrait s’apparenter au vent qui vient caresser les feuilles, ou à un animal qui se déplace entre les buissons. Le genre de bruit qui ne ferait sursauter personne à l’entendre en pleine journée, lorsque le soleil est encore haut dans le ciel, mais qui ferait sursauter n’importe qui alors que la pénombre de la nuit n’offre une visibilité que relative. Le sursaut de surprise de Raiponce aurait pu être celui de n’importe qui. Elle se retourne, par réflexe, dans la direction du bruit, sans rien y voir. Son cœur qui s’était affolé se calme légèrement et elle reprend sa route. Mais le bruit revient, une seconde fois. Puis, une troisième fois. Sans être particulièrement trouillarde -Raiponce est d’ailleurs plutôt téméraire- elle finit par presser le pas. Deux précautions valaient mieux qu’une et elle n’aurait rien eu à perdre à rentrer chez elle plus rapidement. Il était déjà tard et elle ne rêvait que d’une douche avant de se mettre au lit.

Lockwood Hill avait ses avantages et ses inconvénients…L’avantage certain était celui que Raiponce avait pu y trouver un logement assez grand pour y aménager tout un atelier de peinture à un prix plus que raisonnable. L’inconvénient, cependant, était qu’il s’agissait aussi du quartier le moins bien fréquenté. Sans aller jusqu’à dire que le quartier était malfamé, on n’y faisait pas toujours les meilleures rencontres, même si la blonde avait réussi à ne pas s’attirer d’ennuis jusque-là.  

Jusque-là…Car finalement le bruissement des buissons se fit entendre une nouvelle fois. Pas dans son dos cette fois, mais juste devant elle. Le bruit lui fit avoir un mouvement de recul -réflexe humain- une fraction de seconde avant qu’une ombre n’en sorte. Elle réfuta immédiatement l’idée qu’elle n’en avait pas après elle en voyant cette ombre se rapprocher encore. « N’approchez pas ou je… » Mais elle quoi ? Avec sa poêle à frire en main, elle aurait pu se défendre. Mais là elle n’avait pas de quoi se défendre sur elle. « Je… » Elle n’avait aucune idée de comment terminer sa phrase, et y réfléchissait encore en cherchant du coin de l’œil un quelconque moyen de se défendre. Elle ne trouva rien de plus efficace qu’une branche d’arbre, ridiculement maigrichonne, qu’elle brandit tout de même fièrement devant elle comme si cela aurait pu la rendre impressionnante ou menaçante. Ce n’était pas le cas. Elle recula d’ailleurs encore une nouvelle fois, se retrouvant dos à un arbre, tandis que l’ombre s’avançait encore. La branche n’avait rien de dissuasif… Elle ignorait encore comment elle pourrait se sortir de cette galère, mais ne perdait pas espoir pour autant.

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Avait-elle véritablement eu l’espoir que cette petite branchette, qu’elle brandissait devant l’inconnu, puisse impressionner l’assaillant au point de le faire fuir ? Toute logique aurait hurlé que non. Mais peut-on véritablement se considérer comme logique lorsque son arme préférée est une poêle à frire et son meilleur ami un caméléon ? Tout ce qui avait du sens avant n’en avait pas forcément à présent. Dans son monde d’origine, l’optimisme était permis au point de se dire que la branchette pouvait gagner contre le couteau qui s’approchait d’elle. La réalité était toute autre, et l’homme n’avait d’ailleurs pas même sourcillé face à l’arme de fortune et aux menaces incomplètes de la blonde. Autant dire que la situation semblait mal barrée. Vraiment mal barrée.

La lame qui s’approchait d’elle à une vitesse qui lui offrait tout le loisir d’imaginer les suites possibles ne montra aucun moment de doute. Sans nul doute, l’assaillant n’en était pas à sa première fois car la confiance qu’il portait en son geste se montrait évidente. Seule et sans arme, il n’était rien qu’elle puisse faire. C’était ce que la scène, ce que la situation montrait. Ni elle ni l’homme ne se doutaient qu’en réalité, Raiponce n’était pas seule. « Eh toi, le petit cafard ! Mon petit doigt me dit que tu as envie de te rafraîchir les idées ! » Soulagement pour la blonde et élan de panique pour l’homme. Tous deux tournèrent au même moment leur regard dans la direction de la voix qui venait de les interrompre. Nul temps pour l’insecte interpellé de réagir face à la vitesse de Fantômette, il prit un coup dans le torse et fut éjecté dans le petit ruisseau gelé, tandis qu’elle atterrit sur ses deux pieds.

Le sourire qu’elle lui adressa fut aussi doux qu’il fut libérateur. « Est-ce que tout va bien, Raiponce ? Pas de casse ? » Un instant de silence suivit avant que la blonde ne soit capable de répondre. Elle réalisa que son cœur battait bien trop fort contre sa poitrine et qu’elle avait besoin de s’assurer que l’assaillant ne revenait pas à la charge avant de savoir si oui ou non tout allait bien. Son rythme cardiaque redevint plus lent, plus régulier tandis qu’elle le voyait s’éloigner sans demander son reste – la réputation de Fantômette avait très certainement guidé son choix de battre en retraite. « Ça va. » souffla-t-elle. Elle prit pourtant un moment pour respirer avant de reprendre avec plus de confiance et de sérénité. « Je vais bien, rien de cassé. » Rien de plus qu’une grande frayeur qui ne la quitterait pas avant quelque temps. Ses mains, d’ailleurs, en tremblaient encore. Mais ce n’était probablement que le contre coup de l'émotion.

C’est ce même contre coup, d’ailleurs, l’empêcha d’avoir dans un premier temps les yeux pleins d’étoiles devant Fantômette, qu’elle admirait depuis qu’elle avait entendu parler de ses premiers exploits. « Je…Merci. » Marmonna-t-elle, la reconnaissance se mêla à l’admiration. « Toute seule je ne sais pas ce que je… » Elle n’osait pas imaginer, en réalité. Le coup de la branche était un coup de bluff fort peu efficace et elle n’avait pas eu d’autres atouts dans sa manche, sur le moment. Elle inspira profondément pour se reprendre. « Merci, vraiment. Est-ce que je pourrais vous offrir quelque chose pour vous remercier ? J’ai de très bons biscuits faits maisons chez moi et je n’habite pas si loin… » Suggéra-t-elle. C’était le moins qu’elle pouvait faire, même si elle ignorait tout de ses goûts en réalité.

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L’expression plus de peur que de mal prenait pour la blonde tout son sens en cet instant. Elle avait été chamboulée par les événements sans que ceux-ci ne lui aient causé de véritable tort (physiquement du moins). Elle allait bien, mais ignorait ce qu’il serait advenu d’elle si son héroïne n’était pas venue voler à son secours. Il valait mieux d’ailleurs ne pas se poser la question. Fantômette fit son possible pour rassurer Raiponce. Elle hocha la tête d’un air entendu mais sans être davantage convaincue. La grande naïve ne s’était jamais inquiétée de ça, mais maintenant cela resterait une inquiétude qui serait toujours là, à se terrer dans un coin de sa tête. Même si cet homme en particulier ne revenait pas, il n’était pas le seul malfrat du coin après tout.

La proposition qu’elle lui fit était pour elle des plus naturelle. Pourtant, bien entendu, on ne lui avait jamais enseigné à remercier les gens qui vous aidait dans son éducation, puisque tout son éducation avait été orchestrée dans l’idée qu’elle ne rencontrerait jamais personne d’autre, qu’elle vivrait avec sa mère éternellement, enfermée dans une tour soi-disant pour la protéger du mal qui régnait partout. Toute sa sociabilité (maladroite) avait été construite au gré de ses rencontres et de ses expériences parfois hasardeuses. En dehors de ce qu’elle considérait comme étant un juste retour des choses de la remercier, Raiponce aurait volontiers reconnu que l’idée de passer un peu de temps avec Fantômette lui aurait également fait plaisir. Elle comprit cependant le refus de la justicière qui avait probablement tant de choses à faire encore. Elle ne fut que davantage reconnaissante qu’elle prenne tout de même le temps de la raccompagner jusque chez elle.

Le hasard fait bien les choses, dit-on. Même la grande naïve que pouvait être la blonde s’interrogea lorsque, arrivée proche de chez elle, Fantômette déclara apercevoir une de ses amies au loin -comment pouvait-elle d’ailleurs connaître les amies de Raiponce ? Elle n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit que sa sauveuse disparaissant déjà, ne pouvant que la laisser chercher du regard qui elle mentionnait quelques instants plus tôt. Il lui fallut quelques secondes pour apercevoir Françoise entrer dans son champ de vision, lui faisant un signe de la main et la saluant de la façon la plus naturelle qui soit. « Françoise ! » La salua-t-elle a son tour. Outre le fait qu’elle était heureuse de la voir, elle avait aussi le soulagement de se dire qu’elle ne serait pas toute seule. Cela lui laisserait le temps de se remettre de ses émotions. Un peu de temps, c’était tout ce qu’il lui fallait pour s’en remettre. Du moins s’en persuadait-elle. « Je…Ne sais pas. » Lui confia-t-elle avec toute la sincérité du monde. « Viens entre, je vais t’expliquer. Ça va toi ? » Lui demanda-t-elle tout en désignant l’entrée de chez elle. Elle en ouvrit la porte et prit bien soin de refermer derrière elle lorsqu’elles furent toutes les deux rentrées.

Elle la guida jusqu’au salon où elle l’invita à s’installer. « Tu veux quelque chose à boire ? » Elle fit rapidement l’aller-retour à la cuisine pour leur apporter une boisson à toutes les deux avant de s’installer avec elle. « Tu ne devrais plus venir jusqu’ici toute seule. » Son inquiétude s’expliquait par le fait qu’elle ne voyait en Françoise qu’une adolescente tout ce qu’il y a de plus normal. Si elle avait connu sa véritable identité, elle ne s’en ferait pas autant pour elle. « Figure toi que j’ai failli me faire agresser en rentrant…Heureusement, Fantômette est arrivée et a mis mon agresseur en fuite ! » Soulagement. Il lui faut encore quelques secondes pour se sentir réellement mieux, réellement en sécurité et pour que le contre coup s’évapore complètement. Alors seulement elle réalisa l’étendue de ce qu’il venait de se produire. « Fantômette ! Tu te rends compte ?! » Demanda-t-elle comme si elle se posait la question à elle-même. La fascination reprenait le dessus sur le reste.

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La simple présence de son amie lui fait du bien et accentue son angoisse dans le même temps. Elle a beau se sentir mieux à l’idée de ne pas rester seule, elle n’aime pas non plus l’idée qu’elle soit venue seule jusqu’ici -et qu’elle devra, de fait, repartir seule. A sa demande, elle lui apporta un jus de fruit et se servit un verre d’eau par la même occasion -elle avait le sentiment qu’un verre d’eau fraîche lui ferait le plus grand bien. Pour ne pas inquiéter davantage son amie, elle tente de respirer lentement et de se calmer avant de reprendre la parole pour lui raconter tout ce qui venait de lui arriver. Mettre des mots sur la scène ne l’avait pas rendu moins irréaliste. Elle avait beau avoir exposé les faits à voix haute, tout cela lui semblait encore tellement incroyable. C’était comme si son esprit faisait un blocage sur ce moment éprouvant alors qu’il avait conscience que tout ça avait été bien réel.

Le récit sembla attirer une surprise tant illustrée chez son amie que cela aurait semblé surjoué pour n’importe qui d’autre que la grande naïve. Ce trait de caractère n’avait d’égal que sa confiance aveugle en son amie. Ainsi, n’importe quelle personne extérieure et rationnelle aurait fait des liens que Raiponce ne pouvait voir car elle ne les cherchait pas et, peut-être, mettait un voile dessus. Lorsque la surprise de son interlocutrice laissa place à un sourire, elle n’y vit que de la bienveillance. « J’ai eu de la chance oui. » Acquiesce-t-elle avant de considérer la proposition qui suivait. N’était-elle pas bien trop maladroite pour s’adonner à ce genre de sport d’auto-défense ? Cette idée l’avait poussée à refuser l’offre de son amie, qui ne se présentait pas pour la première fois, à chaque fois qu’elle lui avait proposé. Il n’y avait pas si longtemps que cela, elle s’était foulé le poignet en montant sur une chaise pour nettoyer…Mais il n’existe qu’un seul moyen de s’assurer si l’on est capable ou non de quelque chose : C’est d’essayer. « Peut-être… » Finit-elle par souffler, mais elle a du mal à croire que ces mots sortent de sa bouche. « Je crois que je suis beaucoup trop maladroite pour ça, mais je vais essayer. Où est-ce que tu as pris tes cours ? » Peut-être qu’elle devrait s’inscrire directement. Ça ne serait pas juste de faire perdre son temps à son amie pour ça. « Je suis sûre que je serai une bien piètre élève, je ne veux pas te faire perdre ton temps. » La lycéenne devait se concentrer sur ses études après tout.

De nouveau des étoiles naissent dans ses yeux lorsque le nom de Fantômette revient dans la conversation. « Très gentille, oui ! » S’enthousiasme-t-elle. On entend souvent qu’il vaut mieux ne jamais rencontrer ses héros pour ne pas être déçu. Raiponce avait été loin de l’être, elle n’en était même que plus admirative. « J’ai voulu lui offrir quelque chose pour la remercier mais elle a décliné l’offre, elle a dit qu’elle n’avait pas le temps… » Elle était un peu déçue et cela se voyait. Non pas parce qu’elle aurait voulu passer du temps avec son héroïne (même si c’était le cas) mais davantage parce qu’elle aurait voulu la remercier correctement. En la laissant repartir comme ça, elle avait le sentiment d’être ingrate. « J’aimerais vraiment faire quelque chose pour la remercier…Je n’aime pas l’idée de l’avoir laissée repartir comme ça sans rien lui offrir et sans rien faire pour elle… » Marmonne-t-elle, songeuse. N’y avait-il vraiment aucun moyen, maintenant qu’elle s’était évaporée dans la nature ?

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Elle-même n’était pas entièrement capable de s’en rendre compte, mais petit à petit elle avait changé. Auparavant, l’idée de prendre des cours pour apprendre à se défendre lui aurait semblée totalement farfelue (elle avait longtemps pensé qu’elle était capable d’affronter le monde et les dangers extérieurs simplement armée d’une poêle à frire…ce qui avait effectivement fonctionné dans son monde, mais ici tout était différent). A présent, l’idée lui semblait bien plus cohérente qu’elle ne l’était à son arrivée, ou même quelques mois encore en arrière. Elle changeait. Elle grandissait, évoluait. Et c’était aussi excitant que c’était effrayant. Elle avait toujours les mêmes doutes, se posait toujours les mêmes questions. Comment les choses allaient-elles se passer ? Que ferait-elle si elles se passaient mal ? Que ferait-elle si elles se passaient bien ? Elle évoluait…Mais tout au fond d’elle, elle restait toujours la même jeune femme incapable d’avoir pleine confiance en elle. Seul un regard extérieur était capable de comprendre que son éducation y était pour beaucoup.

Accepter de prendre des cours, c’était un pas en avant qu’elle n’aurait jamais été capable de faire par elle-même (qu’elle n’aurait jamais osé faire par elle-même), et ce même après l’incident qui s’était déroulé quelques minutes plus tôt à peine. Sans la proposition de son amie, et sans l’aide qu’elle lui proposait, peut-être qu’elle n’aurait pas eu ce déclic, ce sentiment que c’était la chose à faire, et que cela se passerait bien. « C’est gentil de proposer de m’aider. Je vais faire des recherches de mon côté et peut-être que tu pourras m’accompagner lorsque j’irais voir comment ça se passe sur place pour me donner ton avis, toi qui sais déjà te défendre et qui a déjà pris des cours ? » Son expertise lui permettrait de se faire une meilleure idée du niveau des cours, du niveau du professeur…Raiponce n’y connaissait rien. Et en plus de cela, elle avait conscience de sa crédulité. On pourrait lui raconter n’importe quoi sans qu’elle ne sache différencier le vrai du faux. Si elle se décidait pour les cours, elle voulait faire ça bien. « Et si je ne trouve pas…Je veux bien que tu me donnes quelques cours de temps en temps. » Même si Françoise lui avait dit que ça ne la dérangeait pas de s’en charger, elle avait sans doute d’autres choses à faire. Elle était encore étudiante après tout. La blonde ne voulait pas monopoliser trop de son temps libre. Elle-même n’avait pas fait d’études de façon conventionnelle, mais elle savait combien c'était important dans un monde comme celui-ci.

Mais avant toute chose, elle voulait remercier dignement la personne qui l’avait sauvée et qui avait refusé de rester pour qu’elle lui offre quelque chose. Encore une fois, sur ce sujet, les mots de Françoise sonnaient avec une justesse incroyable. « Quelque chose qui vient de moi… » Murmura-t-elle à voix basse tout en réfléchissant à la question. Il y avait bien quelque chose, mais est-ce que cela lui plairait vraiment ? Après tout, elle ne la connaissait pas, alors elle était loin de connaître ses goûts. « Tu crois qu’une toile lui ferait plaisir ? » Raiponce aimait peindre, et elle aimait tout ce qu’elle couchait sur toile de manière générale. Mais elle manquait de confiance en elle, assez pour se demander si un œil extérieur pouvait véritablement les apprécier également. Même si elle avait bon nombre d’exemples de personnes qui appréciaient ses œuvres, à présent. Difficile de changer la nature profonde des gens. Il lui fallut quelques secondes de plus pour intégrer la suite, regarder son amie avec un regard un peu perdu. « …Tu penses qu’elle m’aime bien ? » Certes, Fantômette était venue à son secours plus d’une fois. Mais n’était-ce pas parce qu’elle était une justicière avant tout ?

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Raiponce avait peut-être la fraîcheur et un peu de la crédulité de sa chère Ficelle, mais elle était infiniment plus intelligente que la grande blonde. Elle avait aussi cette tendance naturelle à faire attention aux autres bien plus qu'à elle-même et à se montrer bienveillante en tout temps et en tout lieu. Le résultat, c'était qu’au lieu de sauter sur la proposition que Françoise lui faisait de lui donner des cours de self-défense, elle envisagea de se renseigner ailleurs pour ne pas embêter son amie, lui demandant simplement si elle accepterait de venir avec elle pour évaluer la qualité de l'enseignement qu'elle aurait trouvé.

C’était évidemment la base. Si elle ne pouvait pas aider Raiponce elle-même, elle tenait à savoir si la personne qui allait s'en charger était compétente et capable de lui donner les outils nécessaires à sa propre sécurité. Évidemment, elle rencontrerait moins souvent Fantômette si elle était capable de se défendre seule, mais Françoise trouvait que le jeu en valait bien la chandelle et ce n'était pas comme si elle n'allait pas pouvoir rester auprès d'elle de toute façon. Elles étaient amies et c'était quelque chose qui ne changerait pas. La blonde était également suffisamment futée pour reconnaître les qualités de Françoise, même si elle ne pensait pas qu'elle soit Fantômette. Elle reconnut que si elle ne trouvait pas un professeur à la hauteur, elle viendrait lui demander son aide.

« Evidemment que je vais venir voir si tu as un bon professeur qui saura t'enseigner les choses et comment prendre les bonnes habitudes. Il vaut mieux pas de professeur du tout qu'un enseignement de mauvaise qualité qui te ferait prendre des risques et te mettrait inutilement en danger. C’est pour ça que je t'ai proposé de te l'enseigner moi-même. »

Son cœur de justicière était profondément touché que la jeune femme veuille faire quelque chose pour elle. Le cadeau importait réellement peu. C'était l'intention qui touchait profondément la jeune justicière. Peu de personnes avait manifesté envers elle une telle reconnaissance, y-compris ceux qu'elle avait toujours considéré comme proches. Elle trouvait cela normal, car elle n'avait jamais rien fait dans le but d'être reconnue mais pour le bien de tous. Cela dit, ce fut avec une parfaite sincérité qu'elle lui donna son avis sur la question.

« Evidemment que cela lui ferait plaisir venant de toi. Elle ne recherche pas les cadeaux, tu sais. D’après ce que je sais, elle a toujours fait ça pour aider les autres autant qu'elle le pouvait. Mais je suis sûre qu’elle serait touchée par ton cadeau. »

La question suivante était infiniment plus délicate. La blonde se demandait si la justicière avait de l'affection pour elle. C’était évidemment le cas, puisque Raiponce et elle étaient amies, mais elle ne pouvait pas lui répondre cela sans trahir sa véritable identité. Elle pouvait lui laisser un espoir, mais elle aurait trouvé ça hypocrite de faire des manières alors que l'on parlait de ses sentiments à elle. Il était toujours difficile de fréquenter quelqu'un sous ses deux identités sans que la personne ne soit au courant. Et même si ce n'était pas nouveau pour Françoise, cela restait pénible.

« Eh bien, elle t'a déjà sauvé à plusieurs reprises non ? C'est vrai qu'elle aide beaucoup de personnes, mais je ne sais pas s’il lui arrive souvent d'aider deux fois quelqu'un. Elle te fait quelle impression quand tu lui parles ? »

Elle devait reconnaître que c'était une vraie question car elle se demandait souvent quel regard les autres personnes portaient sur son personnage.