Colis Original [PV Sara Lance]

« Mais je ne veux pas prendre un bain, moi ! »

Voici la seule remarque que la jeune justicière fit à l'égard de ses geôliers lorsque ceux-ci discutèrent de la possibilité de l'éliminer en l'enfermant dans une caisse et en la noyant dans le lac. S’il y avait bien une chose qui caractérisait Fantômette, c'était évidemment de ne rien prendre au sérieux. Ses remarques avaient déjà largement lassé les deux bandits qui ne l'écoutaient déjà plus depuis longtemps. Ils parlaient de son destin comme si elle n’était pas là. Son commentaire demeurera donc sans réponse. Mais tandis qu'ils débattaient sur son sort, les pensées de la jeune justicière tournaient à plein régime.

Depuis qu'elle avait quitté Framboisy pour cette mystérieuse ville, les choses n'avaient pas beaucoup changé pour la jeune fille. Au lieu de vivre seul avec son chat, Méphisto, qui lui manquait beaucoup, d'ailleurs, elle s'était installée avec le couple Tonks. Ted lui rappelait un peu Œil-de-Lynx et elle pouvait régulièrement compter sur lui pour la sortir de divers traquenards. Et vu le nombre de bandits qui avaient été envoyés ici par cette mystérieuse lune rouge, elle ne chômait pas. Elle avait donc repris ses activités nocturnes en parallèle de l'école dans lequel on l'avait inscrite ici.

Mais certains étaient autrement dangereux que le Furet ou le Masque d'Argent et elle avait surtout moins l'habitude de se confronter à eux. Ce n'était certes pas la première fois que la justicière affrontait de dangereuses organisations criminelles, mais ce n'était pas non plus la première fois qu'elle se retrouvait dans des situations particulièrement critiques. La plupart du temps, en dehors de la plus élémentaire chance qu'elle avait particulièrement insolente, c'était souvent Œil-de-Lynx qui la sortait de ses plus inquiétants périls. Mais Ted n'était pas au courant de son plan pour mettre fin aux actions criminelles de ces hommes et personne ne savait qu'elle était ici.

« Tu es dans le pétrin, ma petite » , marmonna-t-elle, entre ses dents, toujours dans l'indifférence complète de ceux qui avaient été chargés de l'exécuter.

Moins d'une demi-heure plus tard, Fantômette se retrouver enchaînée, enfermée dans une caisse, qui avait été balancé dans la rivière. En bois, la caisse flottait pour le moment. Mais ses agresseurs avait pris soin d’y ajouter un trou. S’il n'était pas suffisant large pour lui permettre de sortir, il l’était assez pour se remplir d'eau. D’ici peu, la lourde caisse s'enfoncerait dans la rivière et se remplirait de plus en plus, réduisant d'autant l'oxygène et lui promettant une fin des plus désagréable. N’étant pas du genre à désespérer, même quand la situation lui paraissait impossible, Fantômette se contorsionnait afin de récupérer son épingle et de tenter, à minima, de se délivrer de ses chaînes en crochetant le cadenas.

Elle pouvait bien tenter d'en rire, mais elle s'était clairement mise dans un sacré pétrin. Ce n’était peut-être pas la première fois qu'elle était en danger, mais elle espérait surtout que ce ne serait pas la dernière. On pouvait être le plus optimiste du monde, il y avait des moments oui il fallait se rendre à l'évidence. Être enfermée dans une caisse en bois sans pouvoir en sortir en était une. Il fallait à Fantômette toute sa ténacité pour ne pas complètement renoncer et penser que quelque chose pouvait encore se produire, mais si elle devait être tout à fait honnête, elle n'y croyait pas du tout.

« Allez, ma fille, tu as déjà été dans des situations pires que ça, non ? Et tu t'en es toujours tirée ! »

Il fallait quand même beaucoup chercher pour imaginer semblable situation et en général, elle avait averti quelqu'un de ses intentions, ce qui n'était pas le cas aujourd’hui. Elle essayait de se rappeler une situation vraiment plus grave que celle qu'elle était en train de vivre et où elle aurait eu la certitude de ne pas avoir d'aide, mais rien ne lui vint en mémoire. Elle continua de tenter de trafiquer la caisse avec ce qu'elle avait sous la main, tout en s’efforçant de se convaincre psychologiquement qu'elle avait toutes ses chances de s'en sortir, contre toutes les apparences. Ce faisant, elle s'efforçait de s'encourager elle-même à obtenir le résultat voulu.

« Allez, ma fille, tu ne vas pas renoncer maintenant avant d'avoir tout essayé pour t'en sortir ! Cela dit, je ne suis vraiment pas sûre de pouvoir ouvrir la caisse depuis l'intérieur. Cette fois, c'est peut-être bien la fin de l'insaisissable Fantômette. »

Quelque chose, quelque part, devait aimer les effets dramatiques, parce que ce fut à ce moment précis qu'une voix se fit entendre depuis l'extérieur de la caisse, une voix alliée apparemment, puisqu'elle lui promit de ne pas l'abandonner et de la sortir de là. La jeune femme n'avait aucune idée de qui cela pouvait bien être, Mais pour le moment, elle devenait sa nouvelle meilleure amie. Elle se tint prête à sortir précipitamment de la caisse dès qu’on la lui ouvrirait. Elle ne pouvait rien faire pour aider l'ouverture, mais elle pouvait coopérer de son mieux pour la suite.

Dès que le sommet de la caisse s'ouvrit, Fantômette en surgit, comme un diable sort de sa boîte, et sauta à l'extérieur. Cela eut pour effet de la faire littéralement plonger dans la rivière. Toutefois, cette fois elle n'était pas enfermée dans une caisse et elle avait toujours eu de solides compétences en natation. Aidée par la jeune femme qui avait visiblement décidé de tenter de l'attraper elle rejoignit la rive et en sortit en regrettant de ne pas avoir un vêtement bien chaud à enfiler. Elle frissonna tout en regardant celle qui venait de lui sauver la vie.

« Eh bien, rien ne vaut un petit exercice de natation en plein milieu de la nuit pour se revigorer, n'est-ce pas ? Vous n'auriez pas une bonne serviette moelleuse pour me sécher un peu ? Dommage, ça aurait pu servir », plaisanta-t-elle. « Je vous remercie pour ce coup de main bien à-propos, J'avoue que j'ai craint un instant que ce bain soit le dernier. Je dois reconnaître que j'ai eu beaucoup de chance. Mais j'en oublie les bonnes manières, bonjour je me nomme Fantômette. Et je crois que votre tête ne m'est pas complètement inconnue. »

S'il y avait bien une chose de laquelle Fantômette ne se départait que rarement, c'était de son sens de l'humour. Si elle avait repris un peu de sérieux au moment où sa vie était vraiment en danger, maintenant que le pire était derrière elle, elle ne pouvait pas faire autrement que de rire de ce qui aurait pu être une véritable catastrophe. Elle entendait déjà la voix de Ted lui reprocher son imprudence et d'avoir une nouvelle fois mis sa vie en jeu. Elle avait eu beaucoup de chance dans sa vie passée, mais cette ville était infiniment plus dangereuse que la bourgade de campagne dans laquelle elle avait grandi. Les bas-fonds d'une ville moderne, Françoise ne mesurait pas à quel point on risquait d’y perdre la vie.

Elle allait vraiment devoir revoir son régime de mesure de danger et prévoir en conséquence les mesures à prendre et les sécurités dont elle s'entourait au moment de se lancer dans une enquête. Il lui arrivait encore trop souvent de ne pas assez mesurer la gravité de la situation. S'ils avaient été deux, ce jour-là, il était tout à fait exact qu'ils auraient pu se retrouver à deux dans la caisse, mais il aurait été aussi possible qu'elle fut la seule prise et que son camarade puisse l'aider. Il faudrait y songer.

Il était évident que la femme n'aurait absolument rien sur elle pour lui permettre de se sécher et la jeune justicière l'avait dit sur le ton de l'humour. Mais sa sauveuse la prit au sérieux et lui proposa de repartir chez elle afin qu'elle puisse se sécher. C’était généreux de sa part et cela ne ferait pas de mal à la jeune fille de profiter de cette hospitalité, même si elle allait devoir se montrer prudente car elle ne voulait pas dévoiler son identité, y-compris à de potentiels alliés. C’était de cette manière qu'elle avait toujours fonctionné à l'exception d'Œil-de-Lynx et cela lui avait plutôt bien réussi.

« Avec plaisir. Ce serait dommage d’attraper un rhume, n'est-ce pas ? »

Elle avait dit ça d'un ton enjoué et avec un sourire aux lèvres qui aurait pu laisser à penser qu'elle ne venait pas de risquer sa vie. Si certains la trouvaient désinvolte, cela permettait généralement à ceux qu'elle combattait de ne pas la prendre au sérieux et lui donnait un certain avantage au moment où elle décidait de révéler son véritable visage. Plus sérieusement, elle prit le temps de se présenter car il était toujours plus agréable de savoir à qui on parlait. Comme c'était le cas d'un certain nombre de gens ici, il y en avait beaucoup qui disaient quelque chose à la grande lectrice qu’était la jeune fille, mais elle ne remettait pas forcément le nom ni l'endroit où elle avait l'impression de les avoir déjà vus.

« Je vais être honnête, c'est juste une impression et je n'ai pas la moindre idée de qui vous êtes réellement mais quelque chose me dit que j'ai déjà entendu parler de vous. Pourriez-vous me rappeler votre nom ? »

Tout en discutant, elle la suivit en direction de la demeure de la jeune femme en se demandant quelles nouvelles aventures l’attendraient la prochaine fois et si elle trouverait quelqu'un d'aussi sympathique pour lui éviter de mourir noyée, brûlée ou de n'importe quelle autre façon prévue pour elle.

La plupart des personnes qu’elle rencontrait au cours de ses pérégrinations, qu’ils soient dans le camp des justiciers ou ceux des bandits, avaient tendance à penser que les traits d’humour de Fantômette étaient inappropriés. Dans le meilleur des cas, ils étaient désabusés, dans le pire, ça les agaçait. Dans les deux cas, elle appréciait le résultat quand il s’agissait de personnes qui la menaçaient, mais un peu moins quand il s’agissait de potentiels alliés. Pour le coup, la jeune femme ne semblait pas penser qu’elle était pénible ou que ce qu’elle disait n’avait pas de sens. Cela lui fit plaisir de constater que quelqu’un répondait gentiment à son trait d’humour.

Elle la suivit naturellement jusque chez elle. Bien entendu, ça pourrait bien être un piège en théorie. Mais en pratique, il aurait été idiot de lui sauver la vie pour ensuite la piéger. De plus, ceux qui voulaient la piéger ne faisaient généralement pas dans la dentelle. Il y avait donc peu de probabilités pour que cette personne ne soit pas ce qu'elle disait. Et puis, Françoise s'était promis de trouver des alliés dans son combat contre le mal afin que Ted soit un peu moins inquiet pour elle. Si cette femme était une héroïne, elles pourraient peut-être se donner un coup de main mutuellement. La jeune justicière ne mettait en tout cas pas de côté cette option.

Elle n’apprit son nom qu'une fois arrivée chez elle et le nom de la super-héroïne ne lui était effectivement pas inconnu. Mais ce à quoi elle ne s'attendait pas c'était que la jeune femme lui donne aussitôt le nom qu'elle portait dans la vie de tous les jours. Pour le moment, la justicière n'avait dit à personne, en dehors de Ted, quel était son véritable nom. C’était le meilleur moyen pour éviter à ses amis de se mettre en danger à cause d'elle. Mais elle allait devoir se démasquer pour prendre une éventuelle douche, et après tout, la femme semblait lui faire confiance.

« Fantômette. Et ne le dit à personne, mais je m'appelle Françoise Dupont. Je suis lycéenne. A part toi, il n'y a qu'une seule personne qui connaisse la vérité. Je n'ai pas envie que ça se multiplie. »

Elle lui fit un clin d'œil avant de se diriger vers la douche. Rien qu'à l'idée de se prélasser sous l'eau chaude, la jeune justicière eut l'impression que c'était un rêve qui devenait réalité. Elle était complètement gelée et elle ne se sentait pas particulièrement rassurée du fait que les bandits aient réussi à l'approcher autant de la mort. Il y avait des choses dans la vie qui vous faisaient flipper même si vous ne l'avoueriez à personne. La jeune fille avait donc l'intention de se remettre de ses émotions avant de se confronter à nouveau à celle qui venait de lui sauver la vie.

Ce n’était pas facile de savoir en qui on pouvait avoir confiance et en qui on ne pouvait pas. Mais le simple fait que la jeune femme n’ait pas hésité à lui révéler la sienne voulait dire qu’elle pouvait lui faire confiance dans une certaine mesure. En tout cas, elle pouvait assez lui faire confiance pour lui dire qui elle était en réalité. Sara Lance venait d’entrer dans la liste fermée des personnes qui connaissaient son secret. Il était évident qu’elle le garderait et qu’elle n’en parlerait à personne. Françoise avait assez confiance en elle là-dessus, et elle n’avait pas besoin qu’elle le lui promette pour en être sûre.

« Merci, ça me fait plaisir que tu comprennes »

Elle se rendit dans la salle de bain et commença à se sécher. La chaleur de la pièce lui fit du bien. Malgré tout, le contact de l’eau fraiche de la rivière n’avait pas été des plus agréables et elle avait beau faire bonne figure et se dire que ce n’était rien, ce n’était pas tout à fait vrai. Elle avait froid et elle était anxieuse face à cette menace contre laquelle elle n’avait rien pu faire. Si cette White Canary était une héroïne, elle aussi, elle pourrait peut-être lui venir en aide. Ca ne coûtait rien de lui en parler, dans tous les cas.

Une fois séchée, elle se sentit mieux. Elle regagna la pièce principale en se demandant comment aborder le sujet. Elle ne savait même pas si elle continuait ses activités de justicières dans ce monde. Elle savait qu’il existait de nombreuses personnes qui avaient des pouvoirs ou une double vie. Comme si ce monde avait choisi de récupérer les héros et les méchants pour les faire se battre sans qu’il ne le sache. Peut-être que c’était ça, en fait, le mystère de cette ville, et que c’était comme une télé-réalité avec des gens qui les regardaient se battre. Elle se demandait si, dans ce cas, le camp vainqueur serait libéré à la fin.

« Merci de m’avoir prêté ta salle de bain. Tu es encore active en tant que White Canary ? »

Françoise avait déjà pu comprendre que cette femme n’était pas quelqu’un comme les autres. Elle semblait avoir vu plusieurs justiciers ou justicière et en être une elle-même. Et pourtant, il n’empêchait qu’elle avait l’air de mener une vie tout à fait normale. Cela dit, aux yeux de tous, Françoise menait une vie bien tranquille de lycéenne ordinaire. Pour autant, ce n’était pas le cas. Elle se demanda si la jeune femme continuait à jouer les justicières dans ce monde ou si elle préférait une vie paisible. Pour sa part, elle n’aurait jamais pu renoncer à défendre la veuve et l’orphelin et à arrêter les malfaiteurs.

Mais quand elle lui posa la question, la jeune femme lui avoua qu’elle continuait de faire profiter le monde de son sens de la justice. Comme elle, elle semblait ne pas accepter que les gens continues à terroriser le pauvre peuple et elle tenait à placer sa griffe dans le monde de la justice et de la vérité. Les deux femmes auraient pu être de bonnes alliées, mais Françoise n’avait pas vraiment montré un visage qui donnait envie de s’associer à elle. Il allait falloir qu’elle apprenne à affronter des personnes un peu plus dangereuse que ce Furet complètement idiot.

« Nous risquons de nous croiser régulièrement au détour d’une ruelle, alors. »

Elle lui demanda depuis quand elle jouait les justicières et Françoise se rappela avec émotion ses débuts en tant que jeune justicière. Elle avait toujours voulu défendre les habitants de Framboisy, mais elle avait cru que son jeune âge ne le lui permettrait pas et finalement, quelqu’un lui avait démontré le contraire, le seul qui avait toujours connu son vrai visage. C’était un journaliste et il était devenu son plus fidèle partenaire de combat. Il avait bien souvent évité à la justicière de finir en pâté en croûte à cause de ses ennemis. Œil-de-Lynx lui manquait vraiment beaucoup actuellement.

« J’avais un ami journaliste, je n’avais que neuf ou dix ans, mais j’étais déjà capable de comprendre bien des choses et j’étais agile comme un chat. Je lui ai rendu service sur une affaire, et il m’a suggéré cette activité parallèle. J’ai passé toute une partie de mon enfance à courir les méchants et à les livrer à la police. »

Même si elle ne doutait absolument pas de sa crédibilité en tant que justicière, elle savait que les personnes plus âgées qu'elles pouvaient s'inquiéter de la savoir en péril. C’était une chose qu'elle ne connaissait pas vraiment dans son monde d'origine, même si Œil-de-Lynx lui avait souvent recommandé d'être prudente. Mais il n'y avait pas eu d'adulte à proprement parler pour se soucier de ses activités parallèles. Ted avait été différent. Plus paternaliste, il avait cette tendance à lui dire qu'elle devait faire attention et ne pas prendre trop de risques. La jeune fille était vraiment heureuse de l’avoir dans sa vie. mais cela avait quelque chose d'étrange d'être considéré comme fragile ou vulnérable.

Elle se donnait souvent cette image pour confondre les bandits et cela lui avait permis de berner un certain nombre de personnes, même si elle s'était fait avoir cette fois. Il fallait dire aussi que dans ce monde, les individus malveillants étaient d'une autre trempe que ceux qu'elle avait eu l'habitude d'affronter. Elle ne pouvait pas dire qu'elle n'avait jamais combattu de grande organisation du crime mais ce n’étaient pas les ennemis les plus fréquents contre qui elle avait dû faire face. Il y en avait beaucoup dans cette ville et la plupart des petits voyous qu’elle parvenait à intimider avaient de plus forts appuis au-dessus d'eux.

« Je ferai attention. Mais je pense que ce ne serait pas inutile d'avoir quelques alliés supplémentaires que je pourrais appeler en cas de besoin. »

Elle avait passé beaucoup de temps à combattre le crime depuis son plus jeune âge. D’aucuns pouvaient penser qu’à l’école primaire, on était un peu jeune pour démarrer une carrière de justicière, mais elle avait déjà une maturité et une capacité à se battre qui dépassait celle de beaucoup de personnes. Elle avait eu envie de participer à la sécurité de ses proches et le résultat faisait que cette activité avait eu un certain succès et lui avait permis de contribuer au bien être de la population de Framboisy.

« Il est vrai que j'étais un peu jeune, mais j'ai toujours été plus futé et plus agile que la plupart des gens de mon entourage. Je n'avais cependant pas la précaution de me cacher derrière un masque lorsque je menaçais quelqu'un qui pouvait être dangereux. C'est grâce à ce masque que ceux qui me sont chers ne craignent plus rien. »

Quitte à avoir des alliés, une personne qui l'avait sortir d'une rivière où elle était sur le point de se faire éliminer était une bonne candidate. Françoise avait tout de suite senti de la confiance pour cette personne et elle avait le sentiment qu’elle pourrait bien être l'alliée qui lui avait manqué jusqu'à maintenant. Par ailleurs, Ted la pressait de se trouver des personnes pour l'aider afin que le danger qu'elle vivait au quotidien soit diminué. Elle comprenait ce désir car elle savait très bien à quel point il pouvait avoir peur pour elle. Il ne fallait pas se mentir, le danger était réel et les menaces importantes.

« J'avoue qu'il me serait utile de pouvoir compter sur quelqu'un comme vous. Cela dit, je me pose une question. Avez-vous l'expérience de certaines organisations criminelles, comme celles qui font partie de cette ville ? Je m'y confronte régulièrement et je dois avouer que je ne me sens pas à la hauteur. »

Elle avait pourtant déjà combattu les organisations du crime. Elle avait même démantelé des complots au sein d'un pays et fait arrêter parfois des groupes de dizaines de personnes. Elle avait évidemment des alliés parmi les gens de pouvoir ou des métiers de sécurité quand il s'agissait d'opérations de grande envergure. Mais il demeurait que, la plupart du temps, elle n'avait connu que peu d'échecs. Mais dans ce monde, les règles du jeu semblaient différentes et les enjeux aussi. Elle avait besoin de personnes qui connaissaient les règles de ces jeux là ou elle ne pourrait jamais parvenir à triompher.

Son interlocutrice ne put s'empêcher de lui demander ce que ses parents savaient de ses activités et ce qu'il on pensait. Françoise avait toujours tenu ses activités majoritairement secrètes même pour les membres les plus proches qu'elle pouvait avoir. Mais il y avait une exception. À la façon dont Ted l'avait trouvée trahissait d'ores et déjà sa double nature et il n'y avait pas moyen de le lui cacher mais cela avait fait de lui un allié inexorable dès le premier jour. En revanche, elle savait qu'il devait sincèrement tenir à elle et que sa situation en conséquence pouvait le préoccuper même s'il ne l'empêchait pas de faire ce qu'elle voulait.

« Je n'ai pas de parents ici. Mais Ted Tonks m'a recueillie dès notre arrivée dans cette ville. Il est au courant et quoi qu'il s'inquiète pour moi il s'efforce surtout de m'apporter son aide chaque fois qu'il le peut. Son épouse ne sait rien et il vaut mieux que ça reste comme ça pour leur propre protection. Pour moi, moins il y a de personnes au courant, moins il y a de risques pour qu'il y ait des conséquences pour les gens à qui je tiens. »