(terminé) Tu es vraiment là ! [Susan]

Tu es vraiment là !

feat. Susan

Lucy n’en revient toujours pas. Il lui a fallu lire et relire le nom de l’autrice invitée plusieurs fois pour accepter d’admettre que ce n’était pas son esprit qui lui jouait des tours, mais bien le nom de sa sœur qui était écrit sur cette affichette en vitrine de la librairie, et qui annoncerait qu’elle dédicacerait son prochain romain le soir même… Elle le sait, elle doit rester prudente malgré tout, qui sait si pour autant, elle n’est pas en train de se faire des films, en fin de compte… Mais elle a trop besoin d’y croire pour ne pas se raccrocher à cet espoir, qui n’a jamais été plus grand qu’en cet instant.

Combien de fois a-t-elle cru entrapercevoir Edmund, Susan ou Peter au détour d’une rue, d’un magasin, ou même d’un couloir de la faculté. C’était à la rendre dingue, parfois. Pour retrouver ses frères et sœurs, elle avait tout essayé, et s’était entre autres familiarisée avec cette invention singulière qu’est Internet, qui lui a été d’un grand secours par bien des aspects, mais pas celui-là… et pourtant, elle n’était arrivée à rien. Cette fois est différente, elle le sent… Et quel bonheur de songer que Susan, celle qu’elle envisageait le moins de revoir parmi les membres de sa fratrie, puisse véritablement être là…

Évidemment, Lucy ne peut qu’assister à cette séance de dédicaces. Ce qui ne lui demande pas un immense effort au passage, car Lucy a toujours aimé lire. Pour le nombre de visites qu’elle a faites dans cette librairie, elle s’étonne là encore de n’avoir jamais croisé la route d’aucun de ses proches… mais qu’à cela ne tienne, n’est-ce pas ?

Elle s’est emparé d’un des livres sur la couverture desquels se lit fièrement le nom de Susan Pevensie, et elle le feuillette dans la queue qui la rapproche de celle qu’elle est de plus en plus convaincue de reconnaître comme étant Susan, ces cheveux, ce visage, cette carrure, non, ça ne fait aucun doute ! Un immense sourire dévore le visage de Lucy. Elle est aussi impatiente de retrouver sa sœur qu’elle ne l’est de découvrir sa réaction en la découvrant. Quand elle arrive devant elle, Susan a encore le nez baissé sur sa table, elle en profite pour lui glisser son exemplaire sous les yeux avant de dire, d’une voix partagée entre l’enthousiasme et l’émotion.

« Ce sera au nom de Lucy », dit-elle alors, en espérant que Susan reconnaisse sa voix. Elle est beaucoup, beaucoup trop impatiente de leur donner l’occasion de se trouver.

Tu es vraiment là !

feat. Susan

Le sourire de Lucy s’agrandit encore, si large qu’il pourrait bien lui manger la moitié du visage, alors qu’elle considère la réaction de sa sœur. La joie de la revoir se mêle au plaisir de constater le bonheur que Susan ressent aussi de la retrouver. Elle n’en avait pas complètement douté, bien sûr, mais malgré tout, elle n’avait été sûr de rien avant son entrée dans la librairie. Elle sait que certains rencontrent des sosies exacts, ici, et que d’autres encore ont perdu la mémoire de leur vie passée… parce qu’il y a dans le roman de Susan (en tout cas si Lucy se fie au résumé de la quatrième de couverture) des échos familiers, ça ne voulait pas forcément dire qu’elle se souviendrait d’elle. Pourtant c’est bel et bien le cas, et Lucy sent une douce chaleur se répandre dans tout son être à cette pensée. Elles sont enfin réunies, après tant d’années de silence, après que Lucy eut pensé que de tous les membres de sa fratrie, Susan était peut-être celle qu’elle aurait le moins de chance de se retrouver.

Susan finit par lâcher son stylo et tout ce qu’elle est en train de faire pour venir la rejoindre et la prendre dans ses bras. Lucy ferme les yeux et resserre cette étreinte aussi fort qu’elle le peut. Elle ne saurait dire en mots à quel point elle se sent soulagée de la revoir : c’est comme si on lui rendait, tout à coup, une part d’elle-même. Elle se sent un peu plus complète – à deux quarts complète – à présent que Susan est de retour dans sa vie.

« Je suis tellement contente de te revoir ! Je pensais que je te reverrai plus jamais, tu sais », dit-elle en la serrant toujours plus fort contre elle. « On a tellement de choses à se dire, pas vrai ? J’ai tellement de choses à te dire. »

Mais alors que Lucy s’écarte finalement, elle prend doucement conscience d’où elle se trouve, et du fait qu’elles ne sont clairement pas toutes seules. La personne derrière elle semble partagée entre l’anticipation et l’incompréhension. Peut-être qu’elle se demande si elle aussi aura droit à son étreinte, mais Lucy a bien envie de lui tirer la langue et de s’accaparer sa sœur encore davantage. Ceci dit, et même si elle a très envie de suggérer à son aînée de tout laisser en plan pour l’accompagner à l’extérieur, elle n’a pas la moindre envie de gâcher son moment non plus. Elle peut bien prendre son mal en patience. A présent, elles ont à nouveau tout leur temps devant elle.

« Je suis en train de faire des jaloux », dit-elle ave un léger rire. « J’attends que tu aies fini ? »

Tu es vraiment là !

feat. Susan

« Tu m’as manqué aussi », répond doucement Lucy en profitant autant que possible de l’étreinte que lui accordait sa sœur.

Et comment, qu’elle lui a manqué. Il ne s’est pas passé un jour depuis son arrivée ici sans qu’elle pense à elle ainsi qu’à ses frères, ils accompagnaient chacune de ses pensées. Et à chaque fois qu’elle faisait de nouvelles découvertes, elle songeait à ce qu’ils en auraient pensé, et ça lui mettait du baume au cœur, d’une certaine manière. Mais ce n’était pas pareil, évidemment, que de retrouver enfin un membre de sa fratrie. A présent qu’elle a retrouvé Susan, Lucy se dit que tout est possible, plus encore qu’elle ne l’aurait supposé, et ça la rend proche d’euphorique.

Elle a vraiment envie de dérober sa sœur à l’attention générale, mais elle accepte finalement de prendre sur elle et d’attendre que ceux qui sont venus ici aient obtenu ce pour quoi ils ont fait si patiemment la queue. Lucy accepte donc de se mettre de côté, elle hoche la tête quand Susan lui demande de l’attendre. Adossée à une bibliothèque, elle éprouve une fierté certaine à voir sa sœur rencontrer un tel succès. En même temps, Lucy estime que c’est entièrement mérité : Susan est une jeune femme intelligente et pleine de ressources, et ça fait vraiment plaisir de la voir réussir à ce point. Clairement, ça fait super plaisir à la jeune femme qui ne demande qu’à voir sa sœur s’épanouir. Quant à elle, en l’attendant, elle feuillette le livre qu’elle a récupéré pour découvrir un peu son contenu, et s’amuse de découvrir les quelques parallèles qu’elle retrouve avec Narnia, et aussi ce qu’elle reconnaît d’elle ou de ses frères dans certains des personnages qu’elle a mis en scène.

Finalement, le temps passe et la séance de dédicaces s’achève, les deux sœurs peuvent se retrouver enfin et rattraper le temps perdu. Il était plus que temps. Lucy est super heureuse et tout autant impatiente, elle ne demande qu’à renouer enfin avec son aînée, elle qui lui a tant manqué.

« Je connais un salon de thé génial qui font des pâtisseries à tomber par terre », répond Lucy, en éternelle gourmande tout en attrapant le bras de sa sœur pour l’attirer à l’extérieur de la librairie. « C’est pas loin, suis le guide. » Avant de reprendre la conversation alors qu’elles sont en chemin. « Bon et sinon alors, madame l’écrivaine ! T’as l’air de t’être bien intégrée ici ! Je pensais vraiment pas te trouver là, tu sais. Je m’étais dit, Peter et Edmund peut-être mais… »

Mais Susan n’était pas avec eux lors de l’accident… a-t-elle-même conscience que cet accident a eu lieu, d’ailleurs ?

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feat. Susan

Lucy adresse à Susan un léger sourire entendu quand cette dernière reconnait que s’adapter, être bien intégrée, n’a jamais été chose vraiment difficile pour elle. Et c’est effectivement une chose que la jeune femme peut lui reconnaître. C’était le cas autant durant leur vie à Narnia qu’à l’extérieur, et c’est une chose qu’elles partagent toutes deux. Car il est certain que Lucy, de ce point de vue, se révèle particulièrement… adaptable ? Pas dit que ce soit une qualité jusqu’à un certain point, mais il est certain que son esprit sociable, amène et son caractère ouvert avaient largement contribué à son intégration dans quelque contexte que ce soit, quitte à manquer de défiance, parfois. Elle n’a, au final, pas appréhendé son arrivée ici différemment de la manière dont elle a abordé sa découverte de Narnia. Un nouveau monde intrigant, fascinant, inconnu… Mais un nouveau monde où il était possible de faire tout un tas de découvertes exaltantes.

Lucy n’a pas besoin de développer très longtemps quant aux raisons qui font qu’elle pensait encore moins retrouver Susan que les autres. Elle était avec Edmund et avec Peter quand elle est partie pour ce qu’elle pensait être pour de bon. Mais Susan, elle, n’était pas là, et Lucy ne savait pas trop si elle devait lui souhaiter d’être là ou non, pour son propre bien. Mais puisqu’au final, sa grande sœur est avec elle, Lucy n’a qu’une envie, et c’est d’en profiter un maximum. Susan lui apprend que, de son côté, elle a eu davantage d’espoir, au vu de ce que les uns et les autres lui avaient raconté, de proches décédés revenus ici d’entre les morts.

« Tu as raison, c’est tout ce qui compte », répond Lucy avec enthousiasme. Non, elle ne veut plus penser au moment de leur mort à tous les trois, en revanche, les réflexions de Susan évoquent chez Lucy une pensée qui ne l’avait pas traversée avant. « Tu as vécu longtemps… ? Après notre disparition, je veux dire », ose-t-elle demander avec une évidente hésitation.

Elle essaie de se mettre à la place de Susan, qui d’un coup d’un seul a perdu ses trois frères et sœur. Mourir n’est sur le papier pas un sort enviable, mais ils auraient sans doute connu une paix durable au royaume d’Aslan. Qu’en aurait-il été pour Susan ? Toute à ses réflexions, toutes deux pénètrent dans le salon de thé, au cadre douillet et chaleureux.

« C’est mignon comme endroit, tu trouves pas ? » dit-elle après qu’elles se soient installées à une table. « Qu’est-ce que tu prendras ? C’est moi qui offre ! Et on ne discute pas », propose-t-elle avec un sourire. « Tu sais quoi ? Pourquoi ne pas éviter les sujets déprimants ? Parle-moi de ta vie ici, plutôt ! »

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Lucy a besoin de connaître la réponse à sa question, et dans le même temps, devine que c’est appuyer là où ça fait mal, et elle n’a pas envie d’obliger sa sœur à se replonger dans le souvenir de ces années de deuil, mais comment faire autrement ? Quoi qu’ait supporté Susan, cela a forcément façonné la personne qu’elle est aujourd’hui : ce ne serait pas juste de passer cela sous silence. Six années, c’est si long… Six années… Lucy a le cœur serré à cette pensée. Elle a envie de serrer de nouveau sa grande sœur dans ses bras et de ne plus jamais la lâcher, de lui prouver qu’elle n’a plus rien à craindre, et que sa petite sœur sera toujours là pour elle. Quand Susan parle du fait qu’elle a survécu plus que vécu, Lucy le croit sans mal. Comment peut-on vivre déparé d’une part de soi-même ? Même ces trois années, en l’absence de ses frères et sœur, elle s’est sentie incomplète. Alors évidemment, elle ne peut que comprendre, pleinement comprendre.

« Je suis tellement désolée, Susan », répond Lucy avec la plus grande des douceurs.

Mais bien sûr, elle n’y est pour rien. Personne n’y est pour rien, les circonstances ont été ce qu’elles étaient, et ils ne pouvaient rien y faire. Maintenant, il n’est plus question de survivre, il est temps de vivre, de vivre pour de bon. Tous les trois, bientôt tous les quatre, parce qu’elle est convaincue, dorénavant, qu’ils seront tous les quatre réunis tôt ou tard.

Allez, on balaie tout ça d’un revers de la main, et on pense à autre chose. Elles vont profiter d’un bon thé, d’un bon chocolat chaud, de bonnes pâtisseries, peu importe, ça leur réchauffera le cœur autant que leurs retrouvailles. Et alors, Lucy s’intéresse plus en détails à la vie de Susan. Elle vis dans son appartement, et elle écrit, beaucoup. Lucy songe que c’est un peu triste, au fond. Mais à présent qu’elle est de retour dans la vie de sa grande sœur, elle a bien l’intention de faire ce qu’il en est pour y remédier.

« Je suis étudiante, en école vétérinaire. J’ai pas le temps de respirer mais ça me plaît. J’ai un petit appartement universitaire à Hogwarts Place, pas très loin d’ici, d’ailleurs. Je pourrais te faire visiter, si tu veux ? Bon, tu m’excuseras, c’est un peu en bordel, mais… » Elle marque une pause. « J’aime bien cet endroit. Narnia me manque, mais je me plais, ici, j’ai rencontré plein de gens intéressants et maintenant, je sais que les Pevensie vont être à nouveau réunis, alors je crois qu’on est exactement où on devrait être. Pas toi ? »

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feat. Susan

Susan a raison, bien sûr. Il ne sert à rien de s’appesantir sur le passé. Ici et maintenant, tout va bien, et c’est effectivement ce qui compte. Les choses ont changé, la donne a changé. Elles sont ensemble, et bientôt, Lucy en est à présent intimement convaincue, les quatre Pevensie seront de nouveau réunis, et ensemble, ils seront vraiment plus fort que tout le reste. Ce n’est pas à ce qui à été ou à ce qui aurait pu être qu’il faut qu’elles s’intéressent, mais à ce qui est, ici et maintenant, et elle est vraiment heureuse de ce que la vie leur offre, ici et maintenant. C’est sûr, Narnia lui manquera toujours, mais elle peut se sentir complète dans ce nouveau monde si elle a sa famille auprès d’elle.

D’avance, Lucy est impatiente de faire découvrir sa chambre étudiante à Susan. Certes, c’est tout petit, et on en a rapidement fait le tour, très clairement, mais c’est son petit nid, son cocon à elle. C’est la première fois qu’elle vit seule, et elle s’y fait. Elle a sa petite déco dont elle n’est pas peu fière. Oui, c’est rapidement le bordel, mais en effet, rien qui devrait outre mesure inquiéter Susan, d’autant plus qu’elle la connaît, tout de même, et même si elle n’est plus dorénavant une enfant ou une adolescente, mais bien une jeune adulte, il y a tout de même des choses qui ne changent pas. Et qui ne changeront pas si vite. Si elles doivent seulement changer un jour.

« Peut-être qu’on y retourna, à Narnia ? » suggère Lucy avec un léger espoir. « J’en sais rien… J’ai l’impression qu’on en a pas fini avec ça… Tu vois, je peux pas m’imaginer que je reverrai jamais Aslan, par exemple. »

Est-ce que ça signifie pour autant qu’elle retournera à Narnia ? Non, les occasions sont limitées, c’est sans doute fini pour eux, mais Lucy est une éternelle optimiste. Si elle aime cet endroit et a réussi à l’apprivoiser petit à petit, elle reste convaincu que c’est le début d’une aventure, et que d’autres les attendent encore.

« N’est-ce pas ? » reprend Lucy quand Susan observe que vétérinaire est un choix de carrière intéressant. Elle trouve aussi. En fait, ça s’est imposé assez naturellement à elle : le besoin d’aider si elle le peut, conjuguer à son amour pour les animaux. « Bon, c’est difficile, et j’imagine que ça veut aussi dire assister à la souffrance de nombreux animaux qu’on ne réussira pas à sauver mais… ça en vaut la peine, je crois. » Elle affiche un sourire. « Même si, si tu veux mon avis, les animaux ne sont vraiment pas assez bavards, ici. »

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feat. Susan

Lucy hoche la tête. Elle n’a que ses convictions, et elle sait bien qu’elle peut se tromper, mais elle veut vraiment croire que tôt ou tard, ils retourneront à Narnia. De quelle manière et pour combien de temps ? Elle n’en sait rien, mais elle conserve cette foi, cette certitude, et c’est une certitude qu’elle trouve particulièrement réconfortante… Même si elle se plaît ici, même si elle a déjà vécu de belles choses dans ce monde, et fait de merveilleuses rencontres, elle ressent une attache particulière à Narnia, plus grande encore qu’au monde où elle a vu le jour.

« C’est exactement ce que je pense », confirme Lucy avec un sourire quand sa sœur admet qu’Aslan a toujours réussi à les surprendre, de même que Narnia. Elle a envie de penser que c’est vrai. Certes, Aslan avait été catégorique envers Peter et Susan, mais tout a changé, ici, et dans un monde qui n’obéit manifestement plus aux même règles, n’est-on pas en droit d’espérer des jours meilleurs ? Lucy l’espère de tout cœur, pour sa part.

« Peter a toujours été plus intelligent que moi, je ne suis pas étonnée qu’il se soit tourné vers la médecine, je suis sûre qu’il est le meilleur de sa promo et qu’il en apprend à certains de ses camarades plus âgés », sourit Lucy… « Mais oui, je pense aussi que je vais très bien m’en sortir. Ça me passionne vraiment, tu sais ! Et j’apprends tout un tas de choses vraiment très intéressantes. Le plus difficile, dans tout ça, c’est de tout retenir. »

Deux intellos de plus dans la famille. En même temps, Lucy estime que tous les Pevensie sont très intelligents, chacun à leur manière. Il y a de très nombreuses formes d’intelligence, qui peuvent être autant affectives que purement cognitives, et toutes méritent d’être saluées de façon parfaitement équitable.

« A t’entendre tu t’attendais à ce qu’on soit tous en train de faire des petits jobs alimentaires faute de savoir faire autre chose », s’amuse Lucy… « Ceci dit, je t’avoue que si on découvre qu’Edmund a fini chirurgien, Peter devra nous ramasser toutes les deux parce qu’on fera un malaise ensemble. » Ah Edmund ! Vivement qu’elles le retrouvent ! Lucy espère de tout cœur que ce ne sera pas trop long… mais elle a vraiment envie de croire, de tout son cœur, que ce n’est plus rien d’autre qu’une question de temps, à présent. « Moi aussi ! Tellement heureuse ! On a tellement de choses à rattraper, tu imagines ! Et dire que durant ce temps, tu as même eu le temps d’écrire un livre ! Est-ce que tu en as écrits d’autres ? Tu en as un en cours ? T’as commencé à écrire quand ? »

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feat. Susan

Lucy affiche un sourire tendre à l’évocation de Peter et de cette intelligence qu’il avait eu tendance à dissimuler en jouant des poings. Elle ne peut pas lui donner tort à ce sujet. Mais manier l’épée et les poings avaient aussi eu le don de faire de lui un fin stratège, ce qui n’est pas donné à n’importe quelle tête vide. Lucy ne sait pas trop si elle se serait attendue à ce que son frère se tourne vers la médecine, comme elle-même ne se serait peut-être pas vue dans les études qu’elle a décidé de poursuivre il y a quelques années de cela, mais il semblerait qu’ils aient tous trouvé leur voie, chacun à leur manière, et ça, vraiment, c’est quelque chose qui réjouit totalement la jeune femme.

Elle aime entendre Susan lui dire qu’elle est capable de faire tout ce qu’elle veut et qu’elle ne doit pas en douter. La plus jeune des Pevensie ne manque pas forcément de confiance en elle-même, mais il peut malgré tout lui arriver de douter, et ça lui fait du bien d’avoir enfin retrouvé cette grande sœur si sage et si attentive, qui sait précisément trouver les mots qu’il faut et la rassurer quand elle le décide. Les encouragements de Susan ne peuvent que la pousser à donner le meilleur d’elle-même, et elle est bien décidée à se rappeler ses paroles les plus sages chaque fois que le doute commencera ne serait-ce qu’à vouloir s’immiscer dans son esprit.

« Non, il perdrait patience en deux minutes… et puis, il faut être minutieux, pour être chirurgien, Edmund a plein de qualités, mais pas forcément celle-là », s’amuse Lucy quand les deux évoquent leur frère en s’interrogeant sur ce qu’il a pu devenir (Lucy veut croire qu’elles seront bientôt fixées, et elle a terriblement hâte que ce soit le cas, au passage). Chirurgien, sans doute pas, mais Lucy a envie de croire qu’il fait de grandes choses, ou des choses qui lui plaisent, en tout cas. Pour la peine, elle regrette de ne pas savoir déduire lesquelles, car elle adorerait vraiment pouvoir explorer ces pistes pour retrouver son frère le plus vite possible, mais elle sait maintenant qu’elle doit prendre son mal en patience : ça viendrait, en temps et en heure.

Enfin, pour l’heure, ce n’est pas en présence d’Edmund mais de Susan qu’elle se trouve, et c’est donc elle qu’elle assomme de questions. Elle veut tout savoir : sur son quotidien, sur son métier. Tout, absolument tout, l’intéresse. Le sourire de Lucy se fige un peu quand Susan lui apprend qu’elle a commencé à écrire après leur départ… après leur mort, donc.

« C’est génial ! Je suis sûre que je vais adorer te lire », dit-elle avec enthousiasme. « J’espère que tu me dédieras le prochain livre », fait-elle avec humour. « Je vois ça d’ici : A Lucy, la meilleure des petites sœurs qui existent au monde. »

Tu es vraiment là !

feat. Susan

« Edmund avocat… » Lucy fait mine de réfléchir, mais pas trop longtemps quand même, et bien vite, son visage s’illumine. « Ça lui irait super bien », confirme la jeune fille avec un sourire.

Et même si elle n’a pas la moindre idée d’où se trouve le plus jeune de ses frères à l’heure actuelle. Elle espère, de tout son cœur, qu’elles voient juste et qu’il est bel et bien en train de se démener afin de défendre le pauvre et l’innocent devant un tribunal. Songer à sa vie et envisager qu’elle soit une réussite lui réchauffe le cœur, compense le sentiment d’absence qu’elle ressent nécessairement à son sujet à l’heure actuelle. Mais bien sûr, il serait inutile de s’appesantir trop longuement non plus. Lucy, dorénavant mue par un optimisme qu’on ne pourra plus jamais lui ôter, est absolument certaine du fait que toute la fratrie Pevensie finira par être réunie, et elle n’a définitivement pas besoin de plus pour se sentir comblée.

Pour le moment, elle se concentre néanmoins sur Susan et sa carrière remarquable, que l’on se doit d’applaudir des deux mains. Elle fait vraiment un travail remarquable, et elle ne peut qu’être impressionnée, tout naturellement, par ce dernier. Susan en a fait, du chemin, et Lucy ne peut qu’être admirative de toute la force qu’elle a su puiser dans son expérience, surtout quand l’on sait que la jeune femme s’est retrouvée livrée à elle-même, et a dû faire le deuil de sa fratrie. Plutôt que de se renfermer, elle s’est ouverte par l’écriture, et Lucy est heureuse de savoir que la qualité de son verbe se trouve dorénavant à la portée de tous. Les romans de Susan ont l’air de rencontrer tout le succès qu’ils méritent, et Lucy ne saurait qu’en être heureuse pour sa grande sœur, qu’elle se permet même de chambrer gentiment, en la charriant comme elle peut prendre plaisir à le faire.

« Je ne vois pas ma tête sur la couverture, ni mon nom dans le titre de ton roman, donc j’estime que ce n’est pas encore assez », plaisante-t-elle, bien évidemment pas sérieuse du tout.

En réalité, elle est tout aussi touchée que flattée que d’apprendre que leurs aventures sur Narnia ont fait l’objet de ses romans. Elle devine que c’est une manière pour elle de les garder en vie et d’honorer leur mémoire, et même si cet hommage est fort heureusement devenu caduque, ça n’en retire définitivement pas la beauté. Et en sachant tout ce qu’elle sait, Lucy l’appréciera plus encore que n’importe lequel de ses lecteurs.