Ring around the burrow (Sweeney)

▿ Date de naissance : 10/09/1983

Nothing's gonna harm you
Ft. Sweeney & Rosie

Passant une main sur mon visage, je repris un instant mon souffle. Prenant alors soin de dégager de mon visage la mèche de cheveux dorés qui obstruait quelque peu ma vision. Cette journée avait été particulièrement éprouvante et je n’osais poser mon regard sur les aiguilles arrogantes de l’horloge qui n’avaient de cesse de me narguer. Oh bien sûr, je n’avais pas besoin de ce détail pour savoir qu’il y avait bien des heures que j’aurais dû rentrer chez moi. Mes articulations me supportaient à peine et mes gestes se faisaient imprécis et parfois maladroits. Pourtant je faisais mon possible pour veiller à la perfection de ma préparation. Conservant mon regard dirigé en direction de ma planche, je découpais avec un plaisir non feint, la chair tendre de cette jambe que le brave ancien imp Blitz m’avait gentiment apportée. Moyennant finance, cela va sans dire. J’avais déjà dans ma tête mille idées pour ce que je pourrais en faire. Un filet mignon, un pâté en croûte ou encore un émincé ? Je n’arrivais plus réellement à me focaliser sur une idée. De toutes manières, cela ne comptait pas. Je serais déjà heureuse si mon peu d’énergie me permettrait de finir de la découper. Je pourrais ensuite terminer en la mettant au congélateur.

Le seul sens qui me permettait vraiment de tenir le coup était l’ouïe. Car comme à mon habitude, lorsque je perdais courage, je laissais la douce voix de mon très cher ami Alastor me bercer. Ses émissions de radio me faisaient tour à tour rire, danser ou chanter. Il était impossible que je puisse un jour m’en lasser… même après près d’un siècle. J’avais dû me priver de sa présence dans ma vie durant des années et savoir qu’il était enfin de retour dans ma vie me rendait heureuse et plus combative que jamais. Alastor était le seul homme de ma vie… et pourtant je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qui arriverait si je laissais un nouvel homme entré dans ma vie. Pas un de ces minables que j’avais pu côtoyer auparavant, non. Cette fois-ci je ne pourrais me contenter que du meilleur. Un homme qui par ses qualités pourrait égaler l’admiration que j’avais pour mon ami de toujours. Autant dire que cela ne se trouverait pas derrière la première porte venue.

Laissant là mes réflexions, j’allais éteindre à contre-cœur la radio. Il était temps de partir. Allant poser ma viande dans le congélateur, je veillais à le refermer derrière moi la porte de mon laboratoire avec la plus grande des prudences. Mis à part mes clients friand de chair fraîche, personne ne se doutait de ce qui se dissimulait dans les entrailles de ma boulangerie. Et il était hors de questions qu’ils l’apprennent un jour. Pour le commun des mortels, notre boutique serait le rendez-vous des gourmands qui y viendraient déguster de délicieuses pâtisserie au son du jazz et du swing.

Longeant les rues désertes de la ville à cette heure de la nuit, je ne pris pas attention aux obstacles qui se dressaient sur ma route. Grossière erreur… car à peine avais-je fait quelques pas que je me retrouvais aspirée sous terre. Était-ce une simple vision de ma part ? Provoquée par mon extrême lassitude ? Le contact violent avec le sol me fit comprendre que je n’étais pas en train de rêve. Mais où donc avais-je bien pu atterrir ? Depuis des années que je vivais ici, je savais que bien des choses surprenantes pourraient nous arriver. Mais ça…

Mes yeux tentaient de s’habituer à l’obscurité et je finis par voir ce qui sa passait autour de moi. J’étais visiblement dans une maison, une sorte d’immense terrier de lapin ? L’idée semblait saugrenue n’est-ce pas ? Pourtant il s’agissait bien de cela. Je me relevais avant d’épousseter ma robe couverte de poussière. C’est alors que je pris conscience d’une réalité qui m’avait échappée jusque-là. Je n’avais pas été la seule à être emportée jusqu’à cet étrange monde. La silhouette d’un homme de dessinait dans l’obscurité. Inquiète, je pris alors le parti de me rapprocher de lui.

« Est-ce que tout va bien, cher ami ? »

:copyright:️ Belzébuth

▿ Date de naissance : 05/03/1975

Ring around the burrow

‹‹ At last ! ››

ft. @Rosie M. Laveau.

Je marchais, ou plutôt je traînais mes pieds, à travers ce labyrinthe d'ombres et de murmures que le sort m'avait assigné comme demeure temporaire. Chaque mur était une énigme, chaque recoin un secret, et l'air lui-même semblait chargé de récits anciens. C'était une toile tissée de mystères et de tristesse, un lieu où les âmes perdues erraient sans repos, tout comme la mienne. Mon passé, avec ses trahisons et ses vengeances, hantait chaque instant de mon errance solitaire.

Dans les ténèbres enveloppantes du labyrinthe souterrain, je sentais la morsure froide de la solitude, un compagnon aussi familier que l'acier de mes rasoirs. J'étais tombé là, par un hasard aussi cruel que ceux qui avaient jalonné ma vie déchue, depuis les rues brumeuses de Londres jusqu'à cette ville, d'abord, puis jusqu'à ce lieu obscur. L'écho de mes pas dans le dédale humide résonnait comme une sentence inachevée, un murmure du destin. Je marchais sans but, guidé par l'instinct de survie qui jamais ne m'avait quitté.

Pourtant, cette nuit-là, quelque chose était différent. Un son, un faible murmure d'abord, s'était transformé en un bruissement plus insistant, comme le frottement d'une étoffe contre la pierre. Intrigué, je suivis ce son à travers le labyrinthe, ma lame cachée sous mon manteau noir, prête à servir mon dessein le plus sombre si nécessaire.

Le son me conduisit à elle, une silhouette vacillante dans le pâle clair de lune qui filtrait à travers un improbable vitrail haut placé. Sa présence dans ce monde souterrain était aussi inattendue qu'inexplicable. Une femme, seule, dont les cheveux d'or scintillaient faiblement dans l'obscurité, une vision presque irréelle. Elle semblait aussi perdue que moi, peut-être plus, car ses yeux trahissaient une confusion et une fatigue profondes.
Elle m'aperçut enfin, et dans un geste presque timide, s'approcha. Sa voix, quand elle parla, était douce mais empreinte d'une fatigue résignée.
Je m'arrêtai, la scrutant de mes yeux sombres et profonds. Un sourire subtil et mélancolique effleura mes lèvres, mais ne toucha pas mes yeux, restés froids et distants.

« Ah, mademoiselle, en ces temps et en ce lieu, qu'est-ce que le bien, sinon une douce illusion ? » répondis-je, ma voix basse et posée résonnant légèrement contre les murs de pierre. « Mais dites-moi, que cherchez-vous ici, dans les entrailles de cette terre oubliée ? »

Un terrier… c’était un drôle d’endroit pour une première rencontre avec quelqu’un. Je ne savais pas ce que je faisais ici ni même comment j’étais arrivé dans ce lieu, moi, un simple barbier, un homme de lames et de sang…

Un silence tomba entre nous, lourd de secrets non dits et de questions non formulées. Je la regardai, une étincelle d'intérêt peut-être, ou de curiosité, s'allumant dans mes yeux autrement inexpressifs.
« Peut-être pourrions-nous chercher ensemble une sortie de ce labyrinthe. Deux esprits valent mieux qu'un, après tout, surtout dans un tel endroit. »

Je palpais mes poches et en sortis une lame d’argent. Un rasoir parfaitement affûté, dont la lame brillait comme un diamant. Si l’un de ces rongeurs immenses venait à vouloir nous ronger, j’avais de quoi le dépecer et lui évider les entrailles.

(c) Hadès

▿ Date de naissance : 10/09/1983

Nothing's gonna harm you
Ft. Sweeney & Rosie

Il est certain que je ne m’attendais certes pas à une telle aventure. J’avais cru que la fatigue avait troublé mes sens. Cela aurait été possible, n’est-ce pas ? Après tout, nous autres habitants de l’Enfer, nous connaissions si bien les délires et les hallucinations qui pouvaient être provoqués par la folie. Mais les pouvoirs sur cette île se manifestaient de manière bien étrange. Je n’avais d’ailleurs pas encore retrouvé les miens, hélas. Pourtant, dans de telles circonstances, ils auraient pu être d’une si grande utilité. Dans cette obscurité, je ne pouvais me fier à rien. Mes sens étaient trompés par cet étrange environnement qui ne semblait avoir aucun sens. De la peur ? Je n’en ressentais aucune. Comme pouvait-on craindre de se retrouver six pieds sous terre ou dans nouveau monde lorsque dans sa vie nous en avions connus au moins trois tous plus différents les uns des autres ? Je tentais pourtant d’appréhender la suite des évènements, imaginant différents plans afin de trouver un quelconque échappatoire. La seule chose à laquelle je ne m’étais pas attendue était l’arrivée d’un homme. Une autre personne prisonnière de ce terrible piège ? En un sens, j’étais rassurée. Voilà au moins un élément familier auquel je pouvais me raccrocher. Me fier ? C’était encore difficile à dire. Lorsque l’on a eu tout comme moi une vie de serial killeuse et cannibale de surcroît, la confiance n’est pas quelque chose qu’il est aisé d’accorder. Mais comme le dit le dicton « Le malheur aime la compagnie ». N’est-il pas ? Tant que nous serions dans cette même situation, de quoi devrais-je me méfier exactement ? Je me rapprochais alors de lui, m’inquiétant pour sa santé. Ma nature naturellement altruiste me poussant à le faire. Je ne m’étais cependant pas attendue à cette réponse de sa part. Je ne manquais alors pas de lui sourire.

« Eh bien… quel philosophe vous faites, mon cher. »

Je me repris cependant, craignant d’avoir pu le blesser par cette maladresse. Je poursuivis donc sur le même ton que celui avec lequel il m’avait abordé.

« Cela dit, je vous l’accorde volontiers. Il est difficile de faire la part des choses dans un monde aussi étrange. Le danger pourrait survenir de partout. Il nous faut faire preuve de la plus grande prudence. »

Je le regardais attentive, tentant en vain de percer les mystères qui devaient se dissimuler derrière cet esprit terriblement troublé. Une chose était certaine cependant, j’étais ravie de me savoir enfermée ici avec un homme d'esprit. Il était si rare de rencontrer aujourd’hui des personnes possédant cette intelligence. Peut-être étions nous issus de la même époque ? Cette idée m’amusait en un sens. Je haussais légèrement les épaules, répondant avec mon naturel ne manquant pas de malice.

« Je vous avoue qu’avant de tomber ici, je cherchais le repos et une place au coin du feu où me réchauffer. Mais je ne m’étais guère attendue à cet obstacle imprévu… un moyen de sortir d’ici semble être à présent mon objectif. »

Avant de poursuivre notre conversation, je me tournais vers lui. Toujours aussi intriguée par cette énigme qu’il représentait pour moi.

« Seriez-vous ici pour une autre raison, cher ami ? Vous semblez être plus habitué que moi-même à évoluer en ces souterrains. »

La question était légitime. Après tout, si jamais il venait à me répondre par l’affirmative, cela pourrait constituer un avantage certain pour nous aider à quitter ce guêpier. Je finis par hocher la tête, un fin sourire éclairant mon visage.

« Je suis bien d’accord avec vous. Et je suis certaine que vous n’êtes pas en reste lorsqu’il s’agit de vous tirer d’un mauvais pas… Appelez cela l’instinct féminin. »

Mais était-ce vraiment de l’instinct ? Après tout sa démarche assurée et le rasoir qu’il venait de sortir de sa poche semblaient donner tout son sens à cette théorie. Je ne manquais pas de sourire malicieusement lorsqu’il le dégaina, me faisant la réflexion qu’il s’agissait là d’un moyen peu commode pour se défendre. Était-il barbier ? Coiffeur ? Je n’eus guère le temps de me poser la question, car j’entendis derrière moi un bruit suspect. Détectant une troisième présence parmi nous, je m’abaissais avec rapidité et soulevait les replis de ma robe pour un retirer un poignard bien aiguisé. D’un geste, je me tournais dans sa direction et ne trouvais rien devant moi. Mais quelque chose s’agitait pourtant sur le sol. Je découvris alors avec un certain amusement un petit œuf, marchant sur des pattes toutes aussi minuscules. Il fut ensuite suivi par un autre et bientôt se furent une ribambelle de petits œufs qui avançaient à la queue leu leu.

« Eh bien ça alors… avez-vous déjà vu une chose aussi étrange que celle-là ? »

Je finis par me tourner dans sa direction, ayant subitement une idée.

« Ils se rendent bien quelque part… et si nous tentions de les suivre ? »

:copyright:️ Belzébuth

▿ Date de naissance : 05/03/1975

Ring around the burrow

‹‹ At last ! ››

ft. @Rosie M. Laveau.

Je m'arrêtai un instant, perplexe, regardant cette femme qui semblait porter en elle autant de noirceurs et d'énigmes que les murs de notre prison de pierre. Je sentais le poids des siècles sur mes épaules comme le froid des dalles sous mes bottes. J’analysai sa proposition, scrutant chaque mot pour en percer le sens caché. À l'orée de ce dédale, elle semblait un guide providentiel ou peut-être une funeste rencontre; difficile de trancher dans l'obscurité qui nous enveloppait.

« Vous cherchiez un coin de feu pour vous réchauffer ?» ma voix s'éleva doucement, oscillant entre la méfiance et un intérêt sincère. « Et vous voilà, plongée dans les abysses de la terre, loin de toute chaleur humaine, en compagnie d'un homme qui n’a pour seul réconfort que le froid métallique de son rasoir. Curieuse ironie, n'est-ce pas ?»

Je fis quelques pas autour d'elle, la détaillant de mon regard sombre, tentant de percer les ombres qui dansaient autour de sa silhouette.
« Vous évoquez les pouvoirs, les hallucinations des enfers... Êtes-vous donc une sorcière ou une simple mortelle égarée dans ce labyrinthe sans fin ? » Mon ton se voulait aussi tranchant que la lame que je tenais. Depuis que j’étais dans ce monde, j’avais vu bien trop de bizarreries pour me fier à la première impression.

Je m'approchai, presque trop près, respirant l'air qu'elle venait de troubler de ses paroles.
« L'instinct ?» fis-je, un sourire en coin. « C’est souvent tout ce qui nous reste lorsque la raison nous abandonne. Peut-être est-ce cet instinct qui vous a guidée vers moi, ou moi vers vous.»

Les créatures minuscules qui s'avançaient en file derrière elle captèrent soudain mon attention. De petits œufs dotés de pattes. Comme si les poussins à l’intérieur des oeufs avaient percé la coquille dans le mauvais sens.
« Suivre ces êtres… pourquoi pas ? Après tout, que pouvons-nous perdre que nous n'ayons déjà perdu ?» Je pris une profonde inspiration, le froid du sol se mêlant à la brume de mon souffle. « Allons-y alors, suivons cette procession macabre. Qui sait ? Peut-être nous mènera-t-elle vers des réponses, ou vers une sortie possible… .»

Elle semblait différente, non pas une victime ordinaire, mais une énigme vivante, un mystère que même mes lames ne pourraient déchiffrer. Je sentais qu'elle pourrait être une alliée dans ce chaos, ou peut-être la pièce finale dans le puzzle de ma damnation. Mais qu'importe ? Dans la noirceur de ces souterrains, chaque pas était un jeu, chaque mot un défi.
« Miss… je n'ai pas l'habitude de faire confiance, surtout pas dans un lieu qui ressemble plus à une tombe qu'à un refuge. Mais aujourd'hui, face à ces choses rampantes et sautillantes, peut-être que mettre notre sort en commun sera notre meilleur choix. .» dis-je en finissant de boucler mon manteau, mes doigts frôlant le manche de mon rasoir. « Et je n’ai guère l’habitude d’errer sous terre, non. Je suis juste un peu plus coutumier des étrangetés de cette ville à présent. » Il n’y avait plus grand-chose qui m’étonnait, à vrai dire, le monde entier était un vaste terrain d’ennui et de lassitude. Je ne pourrais guère dire les choses autrement. « Ma seule certitude est que nous aurons plus de chances de nous en sortir à deux que chacun de son côté. » Lorsque j’avais eu affaire à la sorcière cannibale de la forêt, nous étions deux. Pour les mannequins vivants, nous étions deux également. J’ignorais si l’île voulait me montrer que la solitude était vaine ou si c’était une façon pour un être supérieur quelconque de s’amuser, mais je retenais la leçon.

(c) Hadès

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