(terminé) La mécanique des relations humaines || Sam

C'est naturellement que j'en suis venue à la mécanique à mon arrivée ici. D'abord, ça a été par curiosité, pour me familiariser avec les véhicules caractéristiques de cette planète, au mode de fonctionnement bien différent de ce à quoi j'avais été habituée. Puis en donnant des coups de main çà et là. Et finalement, les "coups de main" ont été rémunérés. Quand j'ai commencé à mettre mes mains dans le cambouis moyennant paiement je n'avais pas forcément conscience des dynamiques économiques de l'île. D'ailleurs, je ne saurais dit si j'y comprends toujours quoi que ce soit. Toujours est-il qu'on appelle ça travailler "au black", ici, et ce n'est pas une manière décente de gagner sa vie, semble-t-il (en même temps, piller des épaves d'anciens navires sur Jakku n'était pas exactement légal ou déontologique non plus). J'aurais sans doute continué malgré tout si je n'avais pas rencontré Sam.

Je lui dois beaucoup, je dois le dire. J'étais venue dans son garage portée par la même curiosité que celle qui m'anime encore régulièrement quant à tout ce qui ici m'est encore inconnu, et me reste difficile à comprendre, à décrypter. Dans le maigre appartement meublé que je loue sous les toits pour une somme modique sur Baker Street Avenue, je me suis amusée à démonter et remonter tous l'électroménager ou presque : la télévision, le grille-pain, la machine à café... Je me suis familiarisée avec une technologie aux antipodes de mes habitudes... par bien des aspects rétrograde, pourrait-on dire. Mais il me manquait des clés de compréhension que Sam a eu la patience de me donner.

A vrai dire, Sam Bridges a fait plus que de m'offrir un emploi ou des renseignements sur des points techniques qu'il me manquait, il m'a également offert un repère fiable et solide, un point d'ancrage qui m'était d'autant plus essentiel à l'époque de notre rencontre que je n'avais pas encore retrouvé Ben. A la recherche constante d'une figure paternelle sur laquelle me reposer (et ne portant pas bonheur aux figures paternelles que je me trouve, Han tout comme Luke ne sont malheureusement plus là pour en attester, enfin semble-t-il), c'est tout naturellement que je me suis attaché à ce père dévoué, doué pour la mécanique, brave et têtu, mais un rien solitaire. Comme moi, en fait.

A présent, je viens travailler tous les jours dans son garage, et cette occupation quotidienne m'aide à garder les pieds ancrés dans cette réalité, celle d'un monde que je n'ai toujours pas fini d'apprivoiser, sans avoir le sentiment de me laisser submerger. C'est agréable. C'est rassurant. Insuffisant en partie, mais définitivement mieux que rien.

J'essuie une main couverte de cambouis sur mon front humide de transpiration tandis que je referme le capot de la voiture dont je viens de remplacer le moteur, laissant une trace noiraude sur mon visage et je me tourne vers Sam, justement. Le temps a filé, la nuit ne va pas tarder à tomber.

❝Je vais sans doute pas tarder. A moins que tu aies besoin de moi pour autre chose ?❞ Je ne suis pas forcément pressée de rentrer chez moi, je dois dire. ❝Tu as faim ? T'as le temps d'aller manger un bout ?❞

Je devine, au sourire qui se dépose sur le visage de Sam, que je dois être à peine sortable avec ma tête actuelle. Je n'ai pas pour habitude de soigner mon apparence, mais je sais tout de même me rendre un minimum présentable quand l'une ou l'autre convention sociale, comme le fait de manger un morceau quelque part, l'exige. Je vais certainement éviter de m'afficher avec une magistrale tache de cambouis sur le front et une salopette tachée d'huile. Il est clair qu'une douche ne me fera pas de mal.

En tout cas, Sam accepte mon invitation, et j'en suis ravie. J'ai vécu solitaire trop longtemps, mais ça a toujours été plus par convention, par concours de circonstance que par véritable en vie. Par la force des choses, je suis parfaitement indépendante, je ne cours pas après des compagnies qui ne voudraient pas de la mienne, mais si je peux passer du temps auprès de personnes de qualité, je ne vais certainement pas m'en priver, et j'ai beaucoup d'affection pour Sam... encore un en qui j'ai trouvé une sorte de père de substitution. Un sur une longue liste, pourra-t-on me faire remarquer, mais je n'ai ni le temps ni l'envie de me pencher sur ma quête de repère qui, en ce qui me concerne, passe par une quête quasi-perpétuelle de père. Qui pourrait me le reprocher quand on sait quel sang coule dans mes veines. Mieux vaut la famille que l'on se choisit que d'assumer le nom de Palpatine. J'aurai plaisir à passer du temps avec Sam.

Et avec la petite Lou, aussi. Moi qui n'ai jamais vraiment côtoyé beaucoup d'enfants en bas âge et redoute toujours de ne pas savoir m'y prendre avec eux, je me suis très rapidement prise d'affection pour la fille de Sam. Il faut dire que c'est une gamine adorable, et du haut de ses trois ans, enfin presque, elle interagit de mieux en mieux avec moi et avec ce qui l'entoure. Et j'ai le plaisir de la voir grandir et évoluer. Lou, je la vois un peu comme une petite soeur, et je m'enorgueillis toujours de ses différents progrès comme si j'y étais moi-même pour quelque chose alors que c'est tout sauf le cas.

❝Parfait, je me rends présentable et je suis à toi. Je te laisse choisir le resto, si c'est toi qui invites.❞

Surtout que je ne sais pas du tout ce que Lou peut bien être en âge de manger ou non. Quand je vous dit que je n'y connais vraiment pas grand chose quand il s'agit des gamins, je ne plaisante pas le moins du monde, vous voyez bien. Je m'éclipse donc effectivement le temps de me décrasser un peu et d'enfiler une tenue plus appropriée avant de rejoindre Sam accompagné de la petite Lou, sourire enthousiaste aux lèvres.

❝Quoi de neuf ?❞ je lui demande tandis que nous nous mettons en chemin. ❝On a à peine eu le temps de parler aujourd'hui.❞

Il y a des journées chargées, comme ça, où chacun s'enferme dans sa bulle, et au final, on réalise qu'on ne s'est presque rien dit depuis le matin.

❝Impeccable❞, je réponds quand Sam me propose de nous rendre chez Pop's.

Honnêtement, il aurait pu me donner le nom de n'importe quel restaurant que ça n'aurait pas fait de grande différence pour moi. Ce ne sont pas des lieux que j'ai l'habitude de fréquenter. Je suis relativement rudimentaire de ce point de vue. Déjà, je sais faire convenablement cuire des pâtes, et les pâtes représentent les trois quarts de mon alimentation. Mais manger un bout avec Sam et la petite Lou, tout de suite, c'est autre chose, et je suis certaine que ça va nous aérer agréablement l'esprit. Un endroit un peu jeune, pas trop guindé, dans l'idée, ça ne peut que me convenir quoi qu'il en soit. Bref, je suis prête, fraîche, débarrassée du cambouis qui me recouvrait le visage, et nous pouvons nous mettre en route, et au passage bavarder de deux-trois choses qui ne concernent pas le travail.

Un boulot qui accapare beaucoup la vie de Sam. En même temps, c'est logique, sa vie se résume au travail en question, en dehors du temps qu'il consacre à sa fille. Ce n'est pas un reproche, c'est un constat, et c'est évidemment normal. Il rattrape lentement ses factures, rien de très glorieux. Ah, les factures ! Je dois bien reconnaître avoir en horreur tout ce qui est de l'ordre de l'administratif. Je dois beaucoup à Sam de ce point de vue, d'ailleurs, il m'a aidée à y voir plus clair. J'ai plus d'une fois flirté avec l'illégalité sans même me rendre compte que c'est ce que je faisais. Il en voit le bout, donc, mais d'autres choses le préoccupent, comme le fait de devoir engager quelqu'un pour s'occuper de Lou, ou bien de la placer en crèche, et je sens que cette dernière perspective ne l'enchante pas vraiment... ou n'enchante pas vraiment Lou, comme cette dernière n'oublie pas de le signaler en râlant en bonne et due forme à ce sujet.

❝Tu sais, je...❞

Je ne finis pas ma phrase. Dans le même temps, je me prends les pieds dans mes lacets et finis la face contre le trottoir. Bon, plus de peur que de mal, au final, si ce n'est que c'était bien la peine de me changer. Au lieu de cambouis, c'est de la crasse que j'ai sur le visage. Bon... Je décide d'en rire malgré tout, plus de peur que de mal, après tout.

❝Pardon. Je disais. Tu sais que je suis toujours ravie de m'occuper de Lou quand tu en as besoin. Je me renseignerai autour de moi, voir si certains connaissent des nourrices, des personnes de confiance.❞

Oui, c'est toujours un plaisir de m'occuper de Lou, bien sûr. Mais en même temps, je ne peux pas assurer mon travail au garage et m'occuper de Lou en même temps. Ce n'est évidemment pas quelque chose de possible.

❝Des projets ? Pas vraiment.❞

Je fourre mes mains dans mes poches. Un vrai, un grand projet serait de pouvoir arpenter l'espace à nouveau, mais j'ai peur que ce soit impossible... Un autre projet serait de retrouver ma connexion avec la Force. Ben m'a prouvé que c'était possible, mais mes anciennes capacités continuent de m'échapper. Je veux aussi percer le mystère qui entoure cette ville, mais peut-on parler de projet à ce titre ? C'est plus, une tâche sans fin.

❝Je suis bien dans ton garage.❞ J'esquisse un fin sourire. ❝Enfin, tant que tu veux de moi, évidemment.❞ Je marque une petite pause. ❝Certains... aspects de ma vie d'avant me manquent. J'aimerais réussir à les trouver, et à comprendre. Mais... enfin, c'est compliqué.❞ Je hausse les épaules, comme pour prétendre que ce n'est pas si grave. Mais ça l'est. ❝Pour ce qui est des rencontres, je ne vois pas grand-monde, tu sais. A part toi, Lou, Ben - quand il ne m'évite pas...❞ Je laisse passer un léger temps de silence. ❝Ah si, j'ai rencontré ton portrait craché, aussi.❞

Sans doute que toutes ces pensées mêlées me perturbent plus que je ne me l'imagine. En tout cas, je suis à l'évidence très distraite. Arrivée devant chez Pop's Je me mange la porte vitrée en plein visage. Décidément...

La réaction de Lou au moment de ma chute, qui vient me gratifier d'une étreinte, est positivement adorable et me fait rapidement oublier ma maladresse et mon embarras. Plus de peur que de mal dans tous les cas... Pour le reste, je crois qu'il ne faut juste pas compter sur moi pour garder des vêtements propres. Sam, lui, me tend un mouchoir, que j'accepte avec plaisir. Je sais sa phobie du toucher, et je n'ai aucune intention de lui reprocher de ne pas être "venu à mon secours". La situation ne l'exigeait pas forcément dans tous les cas, je me suis juste pris les pieds dans mes lacets, certainement pas de quoi en faire tout un drame.

Il me remercie de ma proposition. Je sais qu'elle n'aidera pas forcément à régler les soucis de Sam, mais en ce qui me concerne, ça me convient très bien de lui prêter main forte autant que nécessaire. Et puis, Lou est une enfant si adorable que ça n'a dans tous les cas rien d'une corvée, ce serait même tout l'inverse.

❝Je n'ai pas besoin d'être payée plus que je ne le suis déjà, tu sais❞, je réponds quand il parle de me ménager des horaires et de nouvelles payes.

C'est techniquement le mieux, j'en conviens, mais je reconnais aussi que je ne cours pas forcément après l'argent. Je vis relativement modestement, mais ce mode de vie me convient parfaitement, je ne ressens pas spécialement le besoin de gagner plus. Même si tout travail mérite salaire, c'est une chose qui se dit, ici.

Je souris quand il me dit que je ne dois pas hésiter à lui parler d'où je viens. Je le sais, et c'est agréable, d'ailleurs. J'ai tendance à rester évasive concernant mon passé, comme je constate que c'est le cas de beaucoup d'autres également. On évite de se mouiller, on évite de trop en dire, parce qu'on n'a pas forcément envie d'accuser la curiosité, le jugement ou l'incrédulité de ses interlocuteurs, mais à Sam, je sais que je peux parler. En dehors de Ben ou de Poe, qui ne comptent pas vraiment dans ce contexte, il est le seul à connaître mon passé et il n'a jamais remis en question une seule de mes remarques, même quand j'essayais péniblement de lui expliquer ce qu'était la force et ce qu'était être un Jedi. Mais je ne sais pas si je veux forcément en parler, surtout, je ne sais pas trop ce qu'il y a à en dire. Je pourrais me plaindre de ne savoir retrouver mes anciennes compétences, mais je n'en ai pas vraiment envie.

Mon sourire s'agrandit quand il dit de moi que je suis la meilleure des mécanos. Il exagère forcément, mais j'aime l'entendre. La mécanique, c'est certes mon rayon, mais j'ai dû tout réapprendre quand je me suis retrouvée en présence de machineries que je n'avais jamais croisées de toute mon existence, quelque part primitives, avant tout différentes. Quant au sujet de Ben, Sam ne dit rien ou presque, mais ça suffit à me faire monter le rose aux joues, tant mieux qu'on change de sujet aussitôt. Au moment de vouloir répondre à sa question, je me prends la porte. Oui, Sam a raison, ce n'est pas mon jour.

❝Oui, ça va, ne t'en fais pas, je sais pas ce que j'ai, aujourd'hui❞, je le rassure avec un sourire.

Lou serre sa petite main dans la sienne et une serveuse nous conduit à une table. Oui, je ne sais vraiment pas ce que j'ai, aujourd'hui. Possible que je sois effectivement fatiguée. Pas la faute au boulot, même si je ne ménage jamais mon temps et mes efforts, mais c'est vrai que je prends rarement le temps de me reposer. Je préfère rester active, alerte. Je crois que ça me donne le sentiment d'avoir un semblant de prise sur ma situation, même si c'est forcément illusoire dans ces circonstances.

❝Pour répondre à ta question, oui, il est plutôt sympathique, même si c'est pas le genre bavard❞, je reprends en m'asseyant et en prenant soin de ne pas me cogner contre quelque chose dans le processus. ❝Un ex-mécano qui aime sillonner les casses et les décharges, ça nous a fait quelques points communs.❞ Je me perds un instant dans le menu, fait mon choix avant de reprendre. ❝Je sais que je peux parler de tout avec toi, y compris d'où je viens, mais je ne sais pas si je fais bien de ressasser tout ça. C'est compliqué de savoir à quoi il est bon de renoncer ou non, dans quelle mesure on doit abandonner... certaines choses, si on veut aller de l'avant.❞

Je réponds avec un sourire et sens le rose me monter légèrement aux joues quand Sam m'assure qu'il me considère un peu comme sa fille. Je dois bien reconnaître que ça me touche, que ça me touche beaucoup, même... Et tout comme il voit en moi une fille de substitution, et même si on pourrait arguer que, de mon côté, j'en ai déjà beaucoup trop, je le considère aussi comme un père de substitution de mon côté. Il m'a aidée et a cru en moi dans un moment où j'avais terriblement besoin de repères, il a toujours été présent, attentif, prévenant. Les mots ne sortent pas pourtant je le pense tout autant. Lou et Sam font partie intégrante de ma famille, de mon clan, et je serais prête à tout pour eux. A absolument tout.

❝Ne dis pas ce genre de choses. Toi ? Un patron tyrannique ? Non, je ne sais pas ce que j'ai aujourd'hui mais tout va bien, et j'aime beaucoup trop travailler. Qu'est-ce que je serais supposée faire de mes journées sans ça, hein ?❞

Il y a sans doute d'autres options, mais quand je prononce ces mots, et même si je les dis avec un semblant d'humour, ça ne m'empêche quand même pas de le penser, et de le penser totalement. Oui, bien sûr, un peu de repos me ferait peut-être du bien, mais me reposer, je ne suis pas sûre que je sache faire. Je suis même à peu près certaine d'en être incapable. Quand je suis seule chez moi, je tourne en rond comme un animal en cage, on ne peut pas vraiment dire que ça me rende service. Et les divertissements admis ici ne sont pas particulièrement à mon goût, même si je fais mine de m'y essayer, du moins ponctuellement, en tout cas.

Nouveau sourire quand Sam m'assure que Ben est bien plus bavard avec Lou. L'air de rien, je n'en doute pas un seul instant. Et à la limite, j'aimerais être capable de me glisser dans un trou de souris pour voir comment il est quand Lou et lui sont seul à seul. Mais... je digresse, là, pas vrai ? Oh que oui, je digresse totalement.

❝Je sais que tu seras toujours d'une oreille attentive avec moi.❞ Je marque une pause. ❝Et tu sais, je le pense aussi. Que... enfin, que tu es comme un père, pour moi. Toi et Lou, vous êtes ma famille. Et j'en ai cherché une pendant si longtemps.❞ Je laisse passer un temps de pause. J'ai presque envie de me blâmer pour ma trop grande sincérité. ❝Et tu sais, si toi aussi tu veux parler d'où tu viens, tu peux.❞

Il veille sur moi, certes, et il le fait bien, mais moi aussi j'ai bien l'intention de veiller sur lui, pour moi ce genre de relations ne peuvent être que donnant-donnant.

J'affiche un humble sourire quand Sam m'assure que j'ai plus d'un talent. J'ai envie de le croire, en effet, même s'il ne serait pas dans ma nature que de m'en vanter. De l'avantage d'avoir vécu seule, livrée à moi-même, pendant très longtemps. Il a bien fallu que je me débrouille par mes propres moyens, je n'avais tout simplement pas le choix, et cela a nourri ma débrouillardise, et certaines de mes compétences, notamment en mécanique. si ces compétences satisfont Sam, j'en suis ravie. J'ai le goût du travail bien fait, je n'aime pas l'idée de me tromper, ou de décevoir, alors autant dire que le compliment me va droit au coeur.

Est-ce que j'ai envie pour autant d'avoir mon propre garage ? Je n'en suis pas vraiment certaine, pour tout dire. Ce n'est pas une perspective qui me fait tant envie que cela. Cela ne me dérange pas d'être une simple employée. D'un point de vue professionnel, je n'ai pas vraiment de grandes ambitions... Peut-être aussi ai-je du mal à me projeter parce que se projeter ici signifie ne jamais retrouver mon monde, et cette pensée m'inspire des sentiments contraires et contradictoires. J'ai envie de retrouver mon univers, et en même temps... y retourner serait perdre Ben pour de bon, pour toujours... Chose que je ne supporterais pas à présent que je l'ai retrouvé. De même que j'aurais bien du mal à imaginer ma vie sans Sam, ou Lou, à présent.

Quand je lui ouvre mon coeur, que je lui fais part de l'importance qu'il a pour moi, je sens avant même qu'il ne le dise qu'il est bel et bien touché. Et je le suis aussi, en réalité. Je crois bien que c'est la première fois qu'on se le dit si directement, même si nous nous connaissons depuis bien assez longtemps pour nous faire une idée précise de la nature de notre relation... Qui laisse encore une part d'ombre, nos passés respectifs, que nous ne sommes pas encore totalement prêts à partager l'un avec l'autre. Cela viendra. J'ai de plus en plus confiance en lui, je me sens prête à lui confier mon histoire, et je sens que lui aussi.

Mais pas ici et maintenant, ici et maintenant, j'ai envie de me détendre et de profiter d'un bon repas. Je sens que Sam est du même avis, lui aussi. Les conversations profondes et à coeur ouvert peuvent attendre un peu, d'autant que nous nous sommes déjà dit beaucoup de choses. Mon estomac crie famine et je préfère me concentrer là-dessus. Alors je me reconcentre sur le menu et fait mon choix, et ainsi notre soirée se poursuit-elle, dans la complicité, la légèreté, et avec un excellent hamburger à la clé.