Aujourd'hui, Ramona se dirige vers l'Amnesia, un bar plutôt fun sur un bord de mer. Elle y a rendez vous avec sa pote Lucy. Une espèce d'oiseau de nuit qui lui ressemble un peu. Non conventionnelle, les cheveux teints et tristement désillusionnée par la vie. L'endroit où elles se sont donné rendez vous est plutôt jeune et branché. Juste à côté d'une plage, même si vu la saison, la terrasse risque de n'être prise d'assaut que par les fumeurs ou les romantiques ou les poètes qui auront envie de regarder la mer agitée ...

Ramona avait rencontré Lucy par pur hasard il y a quelques années, dans un bar plutôt craignos de la Ville. À l'époque, Lucy se lamentait sur son "crétin de mec" qui avait vraiment déconné dans le vrai monde avant qu'elle soit emportée par la Lune Rouge. Tandis que Ramona venait de voir un.e ex mettre une raclée à un gars qu'elle trouvait mignon. Une fois encore. Toutes les deux avaient atterri au même comptoir, blasées par les mecs et avaient décidé de noyer leur chagrin dans l'alcool. Cette nuit-là, elles avaient bu jusqu'à devenir potes.

En arrivant devant le bar, elle met sa main en visière pour ne pas être éblouie par les enseignes au néon qui projettent sur la rue leur lumière crue. C'est à peine si elle distingue à l'arrière les contours de la terrasse ouverte sur la plage, un des gros attraits de l'endroit, de même que la salle du haut dans laquelle ils ont posé une salle de billards et des jeux de fléchettes.

Devant l'entrée, c'est la cohue. L'Amnesia est un bar sur réservation et il y a foule ce soir. Les vigiles sont en train de recaler un tas de gens qui n'ont visiblement pas réservé et l'ambiance parait un peu tendue. Surtout qu'il y a toujours des VIP qui se faufilent sur le côté des files et se voient ouvrir le cordon sans questions. Ca a tendance à mettre un peu les glandes aux prolos qui se font refuser l'accès.

Ramona a les cheveux bleus électriques aujourd'hui, coupés courts et ébouriffés. Sa tenue du jour consiste en un jean déchiré, des baskets usées et un t-shirt avec un motif de groupe de rock obscur recouvert par une veste rapiécée vintage.  Elle n'est pas du genre à se fondre dans la masse et se fiche bien si son look attire l'oeil ou choque les férus de mode. Nonchalante et peu pressée à l'idée de rejoindre la cohorte humaine, Ramona croise les bras et s'adosse à côté de l'entrée, scrutant la foule et attendant Lucy. Elle sait que sa pote est du genre à avoir plus d'un tour dans son sac. La connaissant, elle a probablement déjà prévu un moyen d'entrer, soit en réservant les places soit en connaissant la bonne personne pour se faire ouvrir la porte.

Au pire ... elles sauront bien trouver une solution. Il doit bien y avoir un type à l'intérieur dont elle pourra traverser la tête pour entrer ni vue ni connue en emmenant Lucy. Être une super coursière ça a ses avantages ...

En attendant, Ramona profite de l'ambiance animée de la rue devant le bar. Elle est même pas tentée par l'idée de tromper son ennui en regardant son portable. Observer les gens et écouter les échos de la musique qui se mélangent au bruit lointain des vagues lui suffisent pour l'heure.

Lucy ne tarde pas à pointer le bout de son nez. La vision de l'amie étire un sourire sur les lèvres de Ramona qui la salue avec un Hey qui parait joyeux et sincère.

- Ca roule plutôt pas mal.

Ce n'est pas le genre de Ramona de s'épancher sur les galères au boulot.  Et à côté de ça, RAS dans sa vie perso. Pas de nouvelle bonne nouvelle comme on dit !

- Et toi ? Ca baigne ... ?

Idem, elle ne s'attend pas à entendre Lucy s'épancher beaucoup sur son sort. Du moins pas ici, sur le bord du trottoir. Lucy est aussi opaque dans sa life que peut l'être Ramona mais ca ne l'empêche pas de s'épancher si quelque chose d'important vient sur le tapis. Il y a de toutes manières une espèce d'entente tacite entre les deux femme : Elles se disent ce qu'elles veulent mais aucune ne cherche à creuser dans la vie de l'autre plus que ca. Un équilibre qui leur réussit plutôt bien jusqu'à maintenant.

Sans surprise, l'attention de Lucy ne tarde pas à se reporter vers un des écrans avec lesquels elle semble vivre dans une espèce de symbiose. Ramona la fixe avec un curieux sourire. L'expression sérieuse et concentrée de Lucy est bien plus distrayante que les données défilant à toute vitesse sur l'appareil qu'elle utilise.

Elle ne cherche pas davantage à poser de question quand celle ci annonce finalement "on y va ?", se contentant de sourire et de hocher la tête.

- Ouais, en route. T'as le chic pour te faire inviter partout, toi.

Elle met quelques secondes à remarquer le geste de Lucy. La main tendue dans sa direction, l'invitant à placer sa paume dans la sienne. Ramona n'est surprise qu'une brève seconde avant qu'un sourire effleure ses lèvres et qu'elle glisse finalement sa main dans celle de Lucy pour avancer vers la file d'attente.

- On va finir par avoir des problèmes avec mes exs si on prend l'habitude de se promener comme ça.

Ramona aimerait que ca ne soit que de la gentille ironie. Elle se demande parfois comment il est possible que ses exs soient aussi c*ns et toxiques. Elle est évidement loin de se douter que rien de ce qui lui arrive dans cette affaire n'est vraiment le fruit d'un malheureux hasard.

Il ne faut pas attendre longtemps pour qu'elles arrivent devant les videurs et montrent patte blanche devant les garde-chiourmes. Aucun problème avec la réservation, aucun problème avec leurs tenues non plus, le cordon est ouvert devant elles, à la plus grande exaspération de ceux qui restent dehors, dans l'attente d'éventuels désistements qui leur permettraient de passer ... Alors qu'elles entrent dans les lieux festifs et dépassent l'entrée qui contiennent également les vestiaires, Ramona demande.

- On commencera par quoi ... ?  

Les filles connaissent les lieux, elle savent à peu à quoi s'attendre. Entre la salle de danse où la foule commence timidement à prendre place sur le Dancefloor, la salle de l'étage pour une ambiance plus tranquille et la terrasse ouverte sur la plage pour ceux qui ne sont pas trop frileux, il n'y a que l'embarras du choix. Le choix conditionnera la tenue, hors de question de faire tomber la veste si la première destination les mène dehors.

Quel que soit le choix exprimé par Lucy, une chose s'imposera réellement pour bien démarrer la soirée : Le passage au bar. Plus qu'un rituel, une obligation !  

- Mais d'abord : réappro. La première est pour moi.

Il y a peu de chances, si la soirée se passe bien, que les choses en restent là.

Lorsque Lucy s'étonne de la plaisanterie que fait Ramona sur ses exs, celle-ci répond avec un sourire amusé.

- Ouais. Va savoir.

Ramona admet de bon coeur qu'elle exagère sûrement. Mais en vérité, qui peut être sûre de savoir ce qui se trame dans la tête de cette bande de lourds ? Qu'ils tournent la page une bonne fois pour toute. Tous.tes autant qu'iels sont.

La décision de commencer par une danse est prise. La fille aux cheveux colorés hoche sobrement la tête et remet donc blouson et pochette au vestiaire avant de diriger ses pas vers le bar en compagnie de l'amie.
L'ambiance musicale des lieux fait immédiatement sourire Ramona qui s'accoude au comptoir et commence à marquer le rythme de la musique du bout des doigts. La bande son est plus électro que ce qu'elle a l'habitude d'écouter mais ca lui convient. C'est pas mal pour danser. Du genre à aimer la simplicité, Ramona se commande un Cuba libre, subtile variante du trop classique whisky-coca. Le mélange caféine-alcool, c'est la première étincelle qu'il faut pour allumer la mèche d'une soirée explosive.

- La routine.

Accoudée au comptoir en attente des boissons, elle répond par des phrases courtes, presque criées pour être entendue au vu du son ambiant.

- Cette ville est toujours aussi tarée. Rien a changé en 4 ans.  

AU début les gens étaient confus, perdus. Le temps a passé et on aurait pu croire que tout le monde gagnerait en sérénité. C'était sans compter sur les changements permanents en ville et le retour des pouvoirs de certains qui flanquent une sacrée pagaille des fois.

- Les gens vont pas bien. Tu verrais le bordel dans certaines têtes des fois.

Le barman ne tarde pas à leur apporter leurs boissons que Ramona règle d'un passage de carte plastique devant un lecteur. Faute de vraiment pouvoir se faire entendre, elle adresse un sourire reconnaissant au type derrière le comptoir. Travailler dans une boite comme l'Amnesia, il doit y avoir pire dans la vie. Il faut juste aimer les acouphènes et renoncer à ses tympans.

En possession d'un verre chacune, elles peuvent s'éloigner un peu en direction de tables où les basses frappent un peu moins fort dans les oreilles.
Elles ne comptent pas s'eterniser là mais au moins le volume est plus vivable pour échanger quelques nouvelles. Mais avant ça, Ramona lève son verre pour trinquer, sourire aux lèvres.

- Cheers.

Sitôt le tintement rituel effectué, le verre est porté à ses lèvres et la boisson lui envoie immédiatement le coup de fouet attendu. Elle continue sur sa lancée, concentrant en quelques phrases bien senties l'essentiel de sa situation actuelle.

- Je me demande si chercher des colocs serait pas une bonne idée. Gideon est là mais ca fait vide quand même des fois.

Non vous ne trompez pas. Le chat de Ramona s'appelle Gideon. Comme son ex le plus maléfique oui oui. Ooooh un psy aurait sans doutes bien des choses à en dire sans doutes.

- Mais je sais pas si je supporterai de tomber sur des c*ns.

Ramona est convaincue qu'elle ne serait pas la pire colocataire. Sous des airs farouchement indépendante, c'est une femme sociable et ordonnée. Son intérieur est toujours bien tenu. Le pire à supporter serait sa musique qu'elle aime écouter fort. Mais elle peut faire l'effort de mettre un casque.

- Et toi du coups ... ? Des trucs particuliers ... ?

Elle plisse les yeux, essayant de se rappeler les dernières fois qu'elles ont eu des conversations.

- Tu étais à la recherche de matos je crois ... ? Pour ton taff ?

Un sourire étire brièvement les lèvres de Ramona quand Lucy lui conseille de pas se perdre à travers le subespace.

- T'inquiètes pas. Je m'éloigne pas des sentiers tracés.

Le but c'est de prendre des raccourcis. Pas d'aller fouiller dans le bordel de la tête des gens. Elle a bien assez de travail à mettre de l'ordre dans sa propre caboche. Et un des remèdes à ca c'est bien de commencer par ajouter une dose d'alcool au dessus. Elle lève le verre après avoir trinqué et profite de son rhum coca en toute bonne conscience.

Les deux filles papotent autant qu'elles le peuvent au milieu de l'ambiance électrique du bar. L'idée de faire passer des entretiens et des périodes d'essais pour les colocs la fait sourire mais elle secoue un peu la tête.

- T'as sans doutes raisons mais ... J'ai du mal à supporter comment les recruteurs traitent les gens, c'est pas pour faire pareil. Tu imagines un peu ... ? Laisser quelqu'un emménager quelque part et laisser planer la possibilité qu'il dégage du jour au lendemain ... ?

Finalement, peut-être que Ramona est un peu plus sensible que ce qu'elle laisse transparaître parfois. Elle écoute les nouvelles données par son amie et semble pensive.

- Tu as confiance dans les gens de cet institut ?

Ce qu'ils ont l'air de faire a l'air ... un peu étrange parfois. Même si elle aimerait pouvoir y croire, Ramona sait que la bienveillance naturelle et gratuite est assez rare. Quel est leur intérêt à regrouper ainsi des gens "surdoués" ? Et à partir de quand est-ce que quelqu'un est considéré comme spécial dans cette Ville si étrange ... ? Enfin en tout cas Lucy a l'air de s'y retrouver et s'y épanouir, c'est l'essentiel à savoir pour l'heure.

Elle ne comprend pas davantage tout ce dont Lucy peut parler à propos de technologie. Elle se contente de sourire et de répondre avec autodérision.

- Quoi ? C'est la dernière technologie mon téléphone ! J'ai acheté un ponpon à accrocher à la coque, on peut pas faire mieux.

Elle serait même infichue de citer quel est le modèle ou la marque de son appareil, tellement elle l'utilise peu.

- Je te le passerai si tu veux.

Ca ne peut pas faire de mal d'avoir une pro qui y jette un coup d'oeil. Elle fait confiance à Lucile pour que l'appareil n'entre pas en combustion spontanée après son opération.

Le verre de cuba libre finit par se vider. Occasion pour Ramona de demander.

- Il est temps qu'on bouge ! Tu voulais danser ou tu as changé d'idée ?

- Mouais. Je vois ce que tu veux dire.

Ramona ne parait à priori pas convaincue par l'idée de colocs à l'essai. Mais elle n'est pas sourde pour autant au conseil de sa pote. Elle y réfléchira sans doutes plus tard, elles ne sont pas dans la situation la plus adaptée à ce genre de réflexion sur l'avenir. Les boîtes de nuit sont plutôt connues pour être le vecteur de mauvaises décisions plutôt que l'inverse.

- J'y réfléchirai.

Ca sonne comme une promesse.

Lucy continue de parler (rapidement) de son tafff. Ramona ne connait pas plus que ça l'institut dont elle parle mais ca a l'air de faire dans le social et la réinsertion. Ca suffit pour qu'elle sourit et acquiesce quand Lucy parle, visiblement approbatrice.

- C'est chouette que tu trouves du sens dans ton taff.

C'est pas à la portée de tout le monde. Celui de Ramona par exemple, ne sert foncièrement qu'à alimenter la grosse machine à pognon qui fait tourner les grosses entreprises. Mais elle sait par expérience qu'il vaut mieux pas entraîner Lucy sur ce terrain là, à moins d'aimer la voir sortir de ses gonds. Dans le fond le métier de Ramona lui plait. Ca lui permet de vivre en paix, sans trop se fouler grâce à sa manière unique de parcourir la Ville. Elle demande RIEN de plus. Pas de désir de famille, pas de désir d'achat. Juste de pouvoir vivre sa vie sans se sentir coincée par aucun engagement lourd. Sa plus grosse responsabilité, son plus gros encrage dans le monde c'est Gideon, son chat. Une bestiole qu'on peut déplacer dans une caisse et qui sera heureuse tant qu'elle aura un endroit où se vautrer et une gamelle remplie.

La suite du programme se déroule sans accrocs. Les filles se retrouvent sur la piste de danse et s'y défoulent. Les rythmes les hapent toutes les deux et entrainent leurs corps avides de mouvement dans le grand ballet stroboscopique.  Suivant les lois universelles du multivers il est logique que des mecs s'approchent et viennent tenter leur chance auprès de ces deux filles dansant seules. On ne peut pas leur en vouloir d'essayer, n'est-ce pas ? C'est l'ordre naturel des choses. Pour leur malheur, ni Lucy ni Ramona ne sont réceptives et leurs tentatives tombent à l'eau devant le peu de réponses de la part des deux danseuses. Les prétendants ont la sagesse de renoncer et de ne pas insister. Espérons pour eux qu'ils finissent par trouver bonheur ailleurs. Les deux amies se perdent dans la musique, enchaînant des mouvements enivrants au rythme des tubes diffusés par les sonos. Les regards complices qu'elles échangent témoignent du plaisir qu'elles prennent à partager ce moment. Le temps semble s'étirer alors qu'elles s'abandonnent à la fièvre de la piste de danse jusqu'à ce que, déclic. L'appel d'une autre addiction que la danse se fait entendre chez Lucy. L'annonce de la pause cigarette fait rire Ramona qui en plaisante.

- Appel de la clope. On peut rien y faire.

Son regard luit d'une lueur espiègle. La musique et la danse semblent avoir eu un effet notable sur son humeur. Il est rare de lui voir le sourire si facile. Front plein de sueur, le souffle court, faire une pause lui fera du bien à elle aussi.

- On peut commencer par prendre l'air si tu veux. Je te piquerai une clope au passage.

Ramona ne fume pas. Habituellement. Elle n'aime pas l'odeur que ca laisse. Mais dans le fond, qui va s'en plaindre ce soir à part son chat Gideon qui de toutes façons lui fera la tête parce qu'elle rentrera tard ? Aujourd'hui sera une toute petite transgression au nom du besoin de ne pas laisser une amie fumer seule. Question de sociabilité.

- On passe chercher nos vestes avant si on fait ça.

Le bord de mer caille gravement en cette saison. Qu'elles choisissent d'aller dehors avec un verre en main ou non, il faudra qu'elles passent par la case vestiaire quoi qu'elles fassent sous peine de finir congelées.

@Lucyna Kushinada

Petit détour par la case vestiaire pour reprendre le blouson et arrêt par la case bar pour prendre une bouteille de champ'. Ramona parait sincèrement surprise en voyant Lucy se faire servir la bouteille. Un sourire espiègle nait sur ses lèvres.

- Eh bah ... c'est plutôt royal quand tu invites.

Le champagne est une boisson bizarre. C'est un vin pétillant, pas particulièrement bon (pour son prix en tout cas) qui a une vilaine tendance à laisser un mal de tête flotter après en avoir bu. Mais on n'en boit pas pour le goût. On en boit pour le geste, le symbole. Pas nécessairement pour dire "j'ai de l'argent, regardez !" mais davantage pour dire "l'occasion est spéciale, elle mérite une boisson spéciale". Lucy s'était amusée de voir Ramona accepter l'idée d'une clope et cette dernière s'en amuse.

- Je ne peux pas résister aux mauvaises influences, j'y peux rien.

La réplique a le ton de l'humour mais elle est sans doutes très vraie. Plus mauvaise est la décision, plus elle a de chances de suivre ses amis dedans. C'est ainsi que les deux filles se retrouvent dehors, bouteille de champagne à la main. Elles ont laissé derrière elle le bruit assourdissant et les lumières. Elles sont plus tranquilles et peuvent parler à voix plus modérées. Comme promis, Ramona tend la main vers le paquet de cigarette lorsqu'elle celle-ci le sort et laisse l'amie l'allumer. Elle tire plusieurs longues taffes pour s'assurer que l'a cigarette soit bien allumée et fait remarquer, après avoir soufflé la fumée plus loin.

- Des cigarettes à l'ancienne. C'est marrant. Je t'aurais crue du genre à fumer electronique.

Les gens sont toujours bien plus complexes que ce qu'ils laissent paraître en surface. L'endroit est paisible. Les autres promeneurs sont rares. L'Automne rend l'océan tempétueux et couvert. La mer parait sauvage et impressionnante vue d'ici. L'horizon appelle à l'introspection.  Lucy confie un rêve d'avenir que Ramona ne semble pas si idiot et qui fait hocher la tête à la jeune femme.

- Ouais ... je comprend ce que tu trouves à ce genre d'endroit.

Bien sûr, la référence que fait son amie à la lune ne la surprend pas. Elle connaît la fascination qu'exerce l'astre nocturne sur Lucy et ca la fait sourire. L'analogie entre le large lointain et l'espace innaccessible fait sens à ses yeux. Lucy finit par l'interroger sur l'endroit qu'elle préfère et la question semble rendre Ramona perplexe.

- Ca c'est une putain de bonne question ...

Répond t'elle après quelques instants passés à regarder les vagues et réfléchir. Visiblement Ramona n'y a simplement jamais songé et maintenant que la question lui est posée, elle cherche. L'exercice mental, un petit peu compliqué par le Rhum et les premières gorgées de champagne qu'elles ont partagé à même la bouteille, mène à une première idée.

- Je sais pas. Ma première envie serait de dire : mon plumard ?

Consciente de l'aspect comique de sa réponse, elle rit un peu, avant de se frotter la nuque.

- ... mais c'est pas terrible ... je dois pouvoir trouver mieux.

Une taffe de cigarette et une nouvelle gorgée de champagne plus tard, et aucune inspiration ne lui vient. Elle reste dans un silence méditatif. Existe t'il un seul endroit dans cette Ville que Ramona aime vraiment ... ? Il y a des lieux qui lui plaisent. Des endroits qu'elle fréquente pour les gens qui s'y trouvent ou les activités qui s'y pratiquent. Il y a des endroits qu'elle apprecie de voir ou de traverser. Mais est-ce qu'un seul de ces endroits exerce sur elle une attraction particulière ... ?