(abandonné) Under the covers, I'm fine

Pathétique.

Voilà- un mot qui dit tout, qui semble me décrire de la racine de mes cheveux à la plante de mes pieds. J’ai passé quatre ans ici sans le rencontrer, à refaire ma vie et à composer avec ce que je croyais être ma mort, à réapprendre à gérer ces « sentiments » inutiles, à vivre une vie tranquille. À réaliser les erreurs de mon passé, en sachant que rien ne pourrait jamais les effacer. Quatre ans de vie normale, et puis il arrive et je crois à nouveau que je peux être heureux, que peut-être j’y ai droit. L’amour est un bien étrange sentiment quand on y pense, qui ne fait pas vraiment de sens, mais que j’ai accepté sans hésitation. Parce que s’il était là, alors peut-être que tout avait un sens. Mais j’ai un (plusieurs) secret que je gardais pour moi; alors pourquoi ais-je utilisé le dispositif psychique cortical pour l’inviter dans mes souvenirs? Évidemment qu’il allait tomber sur ma mort, la corruption de l’allspark, la présence de Cheetor en moi.
Qu’importe- tout ça pour dire qu’il m’a rejeté et je dois composer avec ce que les humains appellent une peine d’amour. J’ai bien essayé de m’occuper de mon côté, de me jeter corps et âme dans le travail par exemple, mais ça n’a pas apaisé ma peine (ni, et j’ai honte de l’avouer, mes larmes). Mes cernes sont le testament de mes insomnies, de mes rêves tourmentés par sa présence. La vérité c’est que je voudrais ne rien ressentir, mais que ce n’est tout simplement pas possible. Même la méditation ne saurait effacer longtemps la douleur, le rejet que je ressens. Alors si les méthodes que je connais ne fonctionnent pas, alors je me tourne vers des méthodes plus typiquement humaines. C’est ce que je suis, là maintenant, n'est-ce pas? Alors pourquoi ne pas me baser sur leur culture et leurs pratiques?

Et c’est là que tu entres en scène.

Toi – surement une des personnes que je connais qui semble avoir le plus de control sur ses émotions (parfois je me demande même si tu en as, mais il semblerait que oui. Juste… elles ne dictent pas tes décisions. Comme je t’envies…), est-ce que j’ai même le droit de t’appeler ami? Je ne sais pas – nous n’en avons jamais formellement parlé, après tout. Mais j’apprécie ta compagnie et disons que ces jours-ci, c’est plutôt rare, alors je suppose que le terme te sied bien. Mais il n’est pas mon genre de m’épancher tout simplement sur mes émotions avec un autre – non, si je t’ai contacté, c’était pour qu’on fasse une activité ensemble. Rien de bien compliqué parce que je suis trop fatigué par la vie pour vraiment m’intéresser à quoi que ce soit. Mais les humains ont comme pratique de (cordialement) se bourrer la gueule pour oublier. Apparemment que ça peut mener à la dépendance, mais moi, je me sais (!) mieux disposé que les humains à résister à ces choses (!) alors je ne m’inquiète pas aux répercussions à long terme de la chose, et je t’ai invité, non pas seulement à venir prendre un verre avec moi, chez moi, mais bien dans un… bar!

Bon; je n’ai jamais fréquenté les bars humains, mais je suppose que c’est semblable à ceux de Cybertron. Avec de l’énergon (de l’alcool, plutôt), de la musique, peut-être une télé qui joue un match dans un coin, des discussions à voix basse et de la danse. Ça ne peut pas être mauvais – pas en ta compagnie, en tout cas. Alors je me suis rendu à l’adresse que je t’ai donnée, trouvée sur le google maps de la ville. J’entre dans l’endroit, choisi parce qu’apparemment il y a une bonne représentation queer et moi je suis… je ne sais pas. Puis pour tout vous dire, dans la culture humaine, y’a se bourrer pour oublier mais aussi sep rendre un coup d’un soir, sauf que je ne me suis pas encore décidé à savoir si j’allais oser le remplacer par quelqu’un d’autre. Parce que même pour une nuit – rien ne pouvait lui arriver à la cheville. Rien ne pourrait me faire penser à autre chose.

Puis de toute manière, je suis venu ici avec toi. Je t’aperçois d’ailleurs sur une banquette de cuir, et je fends la distance qui nous sépare de quelques grands pas et je m’installe en face de toi. « Bonsoir, Légion » dis-je simplement, un hochement de tête venant accentuer ces deux mots. « Tu es arrivé plus tôt que moi » oh- je crois que les coutumes ici auraient plutôt été de dire désolé, est-ce que je t’ai fait attendre?, mais je savais pertinemment quelle était la réponse à cette question stupide, puisque tu étais là avant moi. Une simple constatation des faits suffit mieux, je crois. « T’es déjà venu dans un endroit comme ça? » demandais-je, curieux, mes yeux se posant sur ton visage; mes cheveux étaient détachés, tombant sur mes épaules, et cachaient partiellement le côté gauche de mon visage, là où de toute manière se trouvait mon œil invalide. J’ai quelques connaissances à ton sujet, mais je ne sais pas à quel point tu peux t’être accoutumé à la vie humaine – je peux dire que moi je m’en tiens généralement assez loin, mais il faut bien une première fois à tout.

Et à crai dire, l’ambiance ici me fait penser à celle du McAddams, sur ma planète d’origine. Avec la piste de dance, surtout. Moi, je ne danse pas vraiment, mais j’adorais créer des drones dansants, avant, pour accompagner les danseurs et la musique. C’était comme si je dansais à travers eux et leur programmation pointilleuse. « Parait que la nourriture est potable. As-tu déjà mangé? » la vérité c’est que moi non, mais que la nourriture, en ce moment, me donne la nausée à cause d’un nœud dans mon estomac. Mais si tu prenais un truc, alors je t’accompagnerais, et à vrai dire ça ne me ferait pas de mal. Sinon, on passera directement à l’alcool, mais parait que consommer sur un estomac vide, ça peut vide tourner au délire.