The scent of blood - Jason & Tierney

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The scent of blood

Jason était vraiment plus du genre à bosser solo, ne serait-ce que parce qu’il savait très bien que la plupart du temps, on ne le supportait qu’à petites doses. Ou qu’il allait forcément tout foutre en l’air, d’une façon ou d’une autre. Ou même parce qu’au moins, il était sûr que les choses seraient faites à sa façon. Personne pour le critiquer, le juger, ou faire rater son opération.

C’était le grand paradoxe : Jason était une tête brûlée, mais il était efficace et méticuleux. Et tout le monde n’avait pas son niveau de professionnalisme. L’avantage d’avoir été entraîné par Batman puis brièvement par les Titans, peut-être. Le jeune homme savait parfaitement comment mettre en place un plan solide et cohérent, il n’était juste… pas des plus patients. Et puis, la dernière fois qu’il avait vraiment travaillé avec quelqu’un, il ne pouvait pas vraiment dire que ça s’était très bien passé. Sa petite collaboration avec Dick ne comptait pas ; il était resté hors de vue, avait tué quelques connards, puis était parti la queue entre les jambes. Tout cela au nom d’une rédemption qu’il n’était pas sûr d’avoir obtenu.

Mais un changement de modus operandi s’imposait, du moins pour cette mission. Le contrat que Jason avait accepté était trop juteux pour ne pas le mener à bien, et sa cible trop intelligente pour bâcler ses préparations. Bien sûr, pour mener son opération à bien… Il fallait d’abord trouver ladite cible.

L’homme en question était un baron de la drogue bien ancré dans Racoon Square, qui n’hésitait pas à se cacher derrière ses mules et utiliser ses vendeurs comme de la chair à canon. Jason n’avait qu’une vague description qui correspondait à un portrait-robot vieux de deux ans, et une planque découverte par les flics il y a plus d’une semaine, nettoyée à la hâte avec de la javel. Même en étant formé par un des meilleurs détectives de Gotham, il manquait cruellement d’information.

C’était avec des questions bien placées et un bouche-à-oreille tortueux que Jason avait finalement entendu parler d’une traqueuse aux talents exceptionnels – tellement exceptionnels, en fait, que cela devait cacher autre chose. Mais tant que le boulot était fait, Jason s’en fichait comme de son premier couteau.

Il avait finalement réussi à organiser un rendez-vous avec cette fameuse traqueuse au Mooney’s Nightclub, et avait dû pour pouvoir y entrer changer quelques peu ses habitudes. Il fallait dire que l’endroit était loin des bars douteux ou des boîtes de nuit crasseuses dans lesquels le jeune homme mettait habituellement les pieds ; impossible de pénétrer dans l’établissement avec son éternel sweat rouge, son jean troué aux genoux et ses baskets usées jusqu’à la semelle. Il avait dû investir dans un costume élégant, et avait même mis à profit ses maigres talents de couture pour que le pantalon et la veste soient plus cintrés – de tout ce qu’Alfred lui avait appris, Jason n’avait pas pensé que cette compétence lui serait utile en tant que mercenaire. Mais voilà qu’il se présentait avec un costard trois-pièces qui semblait fait sur-mesure, complété par une cravate en nœud Linwood Taurus qu’il n’avait dû recommencer que quatre fois devant le miroir. Alfred aurait été si fier. Même ses cheveux, normalement impossibles à coiffer, étaient aplatis tant bien que mal dans un semblant de discipline. Par lubie, il avait finalement juché sur son nez une paire de lunettes en plastique fin noir qui semblaient adoucir l’agressivité de son regard. Jason était méconnaissable, et cela lui convenait très bien.

Il ouvrit finalement la porte du Mooney’s Nightclub, quelques minutes avant l’heure convenue de leur rendez-vous, et écouta d’une oreille distraite le duo de chanteurs accompagnés par un jazz tranquille sur la scène. Charmé par la performance, il s’installa près de la représentation et ferma un instant les yeux, laissant les voix chaudes et les notes joyeuses calmer sa nervosité.

La musique en question:

Peu importe le nombre de galas de charités auxquels il avait participé, il ne se sentait jamais à sa place dans les lieux huppés. Comme si la rue lui collait constamment à la peau et que tout le monde pouvait le voir tel qu’il était vraiment, malgré son déguisement et ses manières, malgré sa politesse forcée et son maintien impeccable. Il jouait un rôle, et ne pouvait s’empêcher de sentir qu’il le jouait mal.

Jason prit une profonde inspiration et regarda sa montre. Le cadran était légèrement fissuré ; résultat de son propre coup de poing lorsqu’il avait tabassé une des petites frappes qui avait donné un œil au beurre noir à une des prostituées que Jason connaissait. Il avait pris la montre parce que son design lui avait plu, mais ne l’avait encore jamais portée – il fallait dire qu’elle n’allait pas vraiment avec son accoutrement habituel. La traqueuse ne tarderait pas, si elle était du genre à respecter les horaires. Jason commanda un cocktail dont la couleur l’amusait, mais ne l’entama pas tout de suite, se contentant d’écouter la fin de la chanson. Patienter avec ce genre d’ambiance, il fallait l’admettre, était loin d’être déplaisant.

▿ Date de naissance : 16/05/2002

Scent of blood

A difficult time can be more readily endured if we retain the conviction that our existence holds a purpose - a cause to pursue, a person to love, a goal to achieve -- feat. @Jason Peter Todd

Se faisant discrète depuis son arrivée sur cette île, Tierney avait su faire sa petite place trouvant un parfait équilibre et surtout en étant douée dans certains domaines. Comme si qu'elle avait appris d'elle-même ses compétences, alors qu'en réalité, elle les avait toujours eu. Juste qu'elle ne s'en servait pas vraiment comme il le fallait il y a quelques années de ça. Sûrement car trop jeune ? Ou bien trop prise dans la précipitation, jonglant entre la fuite pour sa survie, et se battre toujours pour la même raison. On avait décimé sa famille et elle avait trouvé cela bien plus que normal de rendre la pareille. Traquant et tuant à son tour sans se poser la moindre du question de savoir si c'était bien ou mal, de savoir si ce type avait de la famille et s'il allait manquer à quelqu'un. Personne ne s'était posée cette question lorsqu'ils avaient tué sa famille à elle, alors pourquoi se serait-elle entêtée à cette réflexion ? L'avantage d'être ici, c'est que personne ne savait ce qu'elle avait fait et on ne faisait appel à elle que pour ses capacités de traqueuse, ni plus, ni moins.

Ce qui était plutôt amusant lorsque l'on faisait appel à ses services, c'est que personne ne l'imaginait ainsi. Certaines personnes n'imaginaient même pas qu'il s'agissait d'une femme, et encore moins aussi petite soit-elle du haut de ses 1M55, et à l'apparence toute mignonne et innocente. Et pourtant, mieux valait-il ne pas trop se fier aux apparences avec la jeune louve. Petite rebelle dans l'âme, teigneuse, sauvage, brut de décoffrage, mieux ne valait-il pas trop l'énerver. Et ça, la plupart de ses clients l'avaient très rapidement remarqué. Quelque part, c'était amusant pour elle. Elle ne serait jamais du genre à être la petite demoiselle en détresse qu'il faudrait à tout prix sauver, loin de là cette idée. Elle trouvait ça trop sexiste en prime. Elle montrait une détermination qui pouvait en déplaire à certains, ou au contraire donner de l'admiration. D'un cas comme d'un autre, elle semblait n'en avoir rien à foutre. Il était possible également que beaucoup se questionne à son sujet, mais jamais - jusqu'à maintenant - personne n'avait osé lui poser des questions indiscrètes sur son passé, ou de la manière dont elle traquer ses proies. Pour elle c'était des proies, pour d'autres juste des personnes lambdas ou très recherchées pour x raisons dont elle n'en avait que faire. Elle était telle une petite louve chassant sur plusieurs kilomètres son prochain repas.

Tierney n'était pas le genre de personne très féminine, préférant être juste à l'aise dans ses fringues, lui facilitant également certains mouvements quand cela était nécessaire. Mais parfois, elle devait faire profil bas et se contenter de ressembler à une femme séduisante, ravissante, enfin tout ce qui attirait, selon elle, l'attention un peu trop facilement. Mais parfois ça permettait de piéger certains hommes, en tout cas ça fonctionnait une fois de temps en temps. Cela lui faciliter également l'accès dans certains lieux, en d'autres termes, même jusqu'à l'intérieur de son dressing, elle était préparée à toute éventualité. Comme pour ce soir. Le lieu du rendez-vous l'obligeait à s'apprêter convenablement : mettre une robe, des talons, se coiffer - pour une fois - en bref ressembler à quelque chose et qu'on ne lui refuse point l'accès.

À la finalité, Tierney avait laissé tomber l'idée de la robe, trouvant à son goût qu'un petit haut noir type corset en dentelles ferait parfaitement l'affaire, avec un magnifique pantalon noir resserré avec des broderies légèrement dorés sur le tissu. Ces vêtements épousant parfaitement ses formes semblaient convenables. Agrémenter d'une paire d'escarpin, noirs également, et laissant retomber sur ses épaules des cheveux blonds qu'elle avait légèrement bouclés au préalable. Cela aurait pu ne pas suffire, mais on lui autorisa bien volontiers l'accès quand elle se présenta à l'entrée du Mooney's Nightclub. Elle ignorait ce qu'elle aurait été capable de faire si on le lui avait refusé. Retourner chez elle pour enfiler une satané robe, ou bien foutre un coup au gars qui lui aurait mit un stop ? Probablement les deux. Pourquoi choisir après tout ? Quoi qu'il en soit en pénétrant en ces lieux, elle s'autorisa une légère déviation en direction du bar, se commandant un petit cocktail avant de se retourner pour observer l'endroit d'un regard avisé. Il lui restait à peu près pile cinq petites minutes à tout casser avant son rendez-vous.

Même si elle pouvait ignorer à quoi ressemblait la personne qui avait fait appel à elle, Tierney la trouva en généralement assez facilement. Elle ne s'était encore jamais trompée, la raison ? C'était d'une simplicité extrême : soit la personne observa l'heure en se demandant si la traqueuse était du genre à être à l'heure, soit la personne observa l'entrée un peu trop impatiemment. Et c'était le cas assez souvent, comme en cet instant où son regard bleuté se posa sur ce type qui ne semblait pas trop dans son milieu naturel, à contempler le cadran de sa montre qu'il portait à son poignet. Au moins, ils seraient deux à ne pas trop se sentir à leur aise. Trop chic, trop luxueux pour eux peut-être ?

Prenant une grande inspiration, la jeune Adler le rejoignit en quelques pas, posant son verre sur la petite table, Tierney s'autorisa à prendre place aux côtés du jeune homme. Elle ne savait pas trop l'âge qu'il avait, mais elle ne lui donnerait aisément que dans la vingtaine, pas plus. Donc potentiellement dans sa tranche d'âge. Posant son regard sur la scène, non pas pour l'ignorer, mais juste que ce n'était pas forcément dans ses habitudes de regarder ses clients, elle brisa le silence.

« Nous n'allons pas passer par quatre chemins, donc je t'écoutes. » Faire dans la politesse ? Non, ce n'était clairement pas son genre. Elle aimait quand c'était direct, clair, net et précis. Au moins, si lui non plus ce n'était pas trop son genre d'être poli, il se sentirait pas forcer à l'être avec la jeune louve.

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❝That's not how you make decision, based on whatever you fell in the moment.❞ ❝It's how I lived my life. Doesn't seem all that different now. Looks like you're stuck with me.❞

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The scent of blood

ft. @Tierney Adler

Jason n’eut pas à attendre très longtemps. Une jolie jeune femme se glissa sur le tabouret adjacent au sien et posa son propre verre sur leur table, tournant directement le regard vers les musiciens et chanteurs sur scène. Jason en profita pour l’observer brièvement, notant sa petite taille et ses traits doux, son élégante tenue noire qui rehaussait l’éclat de ses cheveux blonds artistiquement arrangés par quelques dorures discrètes et ses escarpins à talons bas. Il semblait que la traqueuse, comme Jason, avait opté pour des vêtements de circonstances, mais sans sacrifier sa mobilité. C’était clairement un bon point à ses yeux.

Naïvement peut-être, il ne s’était pas attendu à voir quelqu’un de son âge ; ce n’était pas si anodin que cela pour son ancienne occupation de justicier, mais tueurs et mercenaires avaient tendance à avoir un peu plus de bouteille que lui. C’était le genre de métier qui mettait un pied dans la tombe, aussi compétent soit-on ; Jason avait simplement réservé sa place au cimetière un peu plus tôt que la moyenne.
Mais après tout, il y avait une belle différence entre trouver quelqu’un et l’exécuter. Seulement voilà, la jeune femme qu’il rencontrait ce soir n’était pas détective privée ou medium. Elle avait volontairement choisi une terminologie plus agressive qui attirait une clientèle beaucoup moins mondaine que les deux autres options. Jason n’allait pas faire l’erreur de la sous-estimer juste parce qu’elle avait un visage d’ange ; il avait lui-même utilisé trop de fois son charme juvénile pour se faire prendre au même piège.

La demoiselle alla droit au but, la voix sèche mais sans être hostile. Cela lui évitait au moins l’habituelle danse maladroite des échanges de politesse. Jason utilisa un ton similaire lorsqu’il répondit :

- Je cherche quelqu’un qui est un peu trop bon pour se planquer. La police n’a jamais réussi à lui mettre la main dessus, il couvre plutôt bien ses traces. J’ai quelques éléments pour commencer les recherches, mais c’est honnêtement pas grand-chose.

Il avait imprimé le dossier, en réalité quelques pauvres pages bien maigres en informations, et l’avait laissé dans la poche intérieure de sa veste. Il avait fallu redoubler d’ingénuité pour que son costard ne s’en retrouve pas déformé, mais il préférait éviter de quitter la sécurité relative du bar avec une inconnue – laquelle avait d’ailleurs probablement les mêmes réserves. Il n’avait aussi pas pu emmener son armada habituelle, et se sentait étrangement nu sans. Il n’avait été en mesure de dissimuler que deux lames seulement – un petit poignard dans sa chaussure droite, et un couteau à cran d’arrêt plus large à sa hanche, maintenu en place par la ceinture de son pantalon et camouflé par sa veste. Jason n’avait pas voulu le placer sous sa chemise parce qu’il l’avait voulu le plus facile d’accès possible, mais il regrettait quelque peu son choix au vu de la température ambiante – pas étouffante, loin de là, mais la plupart des clients du bar avaient les manches retroussées et s’étaient délestés des couches de vêtements inutiles.

- J’ai un délai d’une semaine pour le retrouver, donc je peux te donner cinq jours. Pour le paiement, c’est la moitié au début des recherches, et le reste quand tu peux me donner sa localisation.

Il hésita un instant, puis conclut finalement avec :

- Je te donne carte blanche pour les moyens que tu comptes utiliser, mais il ne faut pas qu’il se sente suivi ou observé.

À vrai dire, cette dernière observation n’était peut-être pas utile. La jeune femme était une professionnelle, et dans le pire des cas, Jason pouvait tout à fait s’occuper de sa cible, même alertée de sa présence. La plupart du temps, il avait même une certaine satisfaction féroce à voir le visage soudain horrifié et apeuré des ordures qu’il tuait avant de les achever ; il voyait cela comme un juste de retour de karma.

Mais l’homme qu’il comptait achever avait une préférence marquée pour les jeunes femmes, et un regard plus que dédaigneux sur le consentement ; Jason ne comptait pas voir d’autres victimes s’il pouvait l’en empêcher – d’autant plus que c’était lui qui faisait appel aux services de la traqueuse, et qu’il était hors de la question de la traîner dans ce genre de conséquences sordides.

S’arrachant à ces réflexions pour le moins sinistres, Jason se força à laisser sa colère refluer, et attendit la réponse de son interlocutrice.

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Tierney était si petite comparé à la plupart des personnes qui l'entourait - même les femmes paraissaient plus grandes qu'elle - qu'elle ne toucha presque pas le sol en s'installant sur le tabouret. Il n'aurait pas fallu que ce dernier soit bien trop haut pour elle. Elle aurait eu honte de galérer à s'asseoir dessus, et cela l'aurait potentiellement mise de mauvaise humeur. Elle se serait énervée, et aurait été capable d'aller voir un responsable du lieu pour l'engueuler et lui demander de penser, la prochaine fois, aux personnes qui ne faisaient pas dans les 1M70. Petite mais sauvage un peu. Surtout très caractérielle, et elle n'hésitait tellement pas à dire le fond de sa pensée, même si cela devait être dérangeant. Elle n'eut guère besoin de regarder son client à ses côtés pour comprendre qu'il l'observait un peu plus en détail. Oui, elle faisait toujours plus ou moins cet effet un peu surprenant. Elle ne lui en tiendrait pas rigueur et pouvait comprendre qu'on puisse se poser des questions quant à ses plausibles compétences en matière de traquer quelqu'un. À sa place, elle en aurait fait tout autant.

La jeune Alder finit néanmoins par tourner le visage dans sa direction. Elle s'autorisa, à son tour, à le dévisager de son regard bleuté un peu glacial, mais n'en restant pas moins magnifique. Elle avait juste un côté déterminée qu'on pouvait lire avec facilité sur son visage, dans son regard. Il semblait bien trop malin pour se laisser aveugler par la plausible beauté de la traqueuse, et il avait bien raison. Même si elle ne se douta pas un instant que lui aussi pouvait se servir de son joli petit minois dans certains cas. Ce qui ferait un point commun entre eux. Pourrait-elle se servir de ses atouts physiques sur ses clients ? Potentiellement oui. Tout dépendait réellement de la situation. Jusqu'à preuve du contraire, elle avait que très rarement fait face à des personnes de son âge, alors elle avait évité de s'en servir. Elle n'était pas assez stupide pour se retrouver dans des situations désobligeantes. La seule chose qu'elle retenait, c'était qu'il avait une certaine prestance. Assez charmant, charismatique.

Elle ne montra rien, elle n'était pas là pour passer du bon temps, ou passer à une phase de drague ou quoi que ce soit d'autre, mais bel et bien pour un boulot. L'écoutant attentivement, sa description changea son regard déterminé en un regard presque pétillant. Voilà quelque chose qui allait lui convenir à merveille. Une personne jouant à cache-cache, refusant d'être retrouvée. Cela lui changerait de ses autres affaires où il s'agissait juste de retrouver une personne lambda qui ne cherchait même pas à camoufler son identité, à se cacher quelque part sur cette île. C'était juste de pauvres paumés, ne sachant pas où regarder pour retrouver les leurs. Rien de très alléchant, mais elle le faisait tout de même. Elle était bien payée donc c'est tout ce qui comptait. Mais ça, cette mission allait redonner un peu de baume au coeur. Elle qui n'attendait que ça, quelque chose de bien croustillant à se mettre sous la dent. Cela ne lui paraissait vraiment pas un problème. Elle le dénichera. Confiante elle finit par simplement hocher la tête.

« On se contente toujours de me donner peu d'éléments, ça ne sera pas un problème. » Lui affirma-t-elle, totalement sûre d'elle et de la manière dont elle pourrait s'y prendre avec le peu d'informations qu'il pourrait être susceptible de lui partager.

Amusant, pensa immédiatement Tierney. La plupart de ses clients évitaient de lui parler comme lui le faisait. Avec une certaine autorité. C'était même elle qui devait régler les détails du paiements, mais là c'était l'inverse. Soit, cela lui conviendrait ainsi. Elle esquissa un faible sourire en détournant le regard, reprenant son cocktail, elle y trempa ses lèvres, comme pour goûter un peu le goût qu'il pouvait avoir, et en bu une simple petite gorgée avant de le reposer. Cinq petits jours, elle serait incapable de se remémorer combien de temps elle avait mis au minimum un jour pour retrouver quelqu'un, mais ça lui semblait être faisable. Et cela peu importe les moyens qu'elle aimait utiliser pour leur mettre la main dessus. La jeune femme ne répondit pas de suite, mais reporta toute son attention sur lui. Elle aurait pu vraiment se sentir offensée par ses dernières paroles, mais quelque chose lui indiqua plutôt qu'il ne parlait pas de son côté professionnel, mais d'une sorte de mise en garde. Peut-être ? Elle en fût légèrement étonnée. Mais pas trop non plus.

« Serait-ce une mise en garde contre ce type ? » Elle préférait que ça soit le cas, plutôt qu'il doute de ses compétences. « Mais aucun problème, je me ferais aussi discrète qu'une petite souris. » Ou qu'un fantôme.

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ft. @Tierney Adler

En tout cas, la jeune femme semblait savoir ce qu’elle faisait ; Jason espérait sincèrement que sa confiance en elle n’était pas mal placée, parce que ses tarifs n’étaient pas donnés et que s’il se retrouvait bredouille, sa réputation allait en prendre un sacré coup. Le mercenaire avait développé un certain réseau au fur et à mesure de ses contrats, et désormais, personne ne battait un cil en voyant son visage découvert et ses traits juvéniles. Mais il suffisait d’une erreur pour que sa parole ne vaille plus rien. Il prenait un sacré risque en s’en remettant aux compétences de Tierney ; s’il avait eu un quelconque autre choix, il ne l’aurait pas fait.

La traqueuse était venue hautement recommandée par une des indic de Jason, qui avait le chic pour lui filer les bons tuyaux. C’était la seule raison pour laquelle le mercenaire ne s’était pas entêté dans sa quête.

Jason extirpa le dossier de son veston et l’étala devant elle en expliquant :

- Il y a ici les différentes adresses auxquelles il a été aperçu, et son apparence potentielle, si la mémoire du témoin est bonne.

Mais ce portrait, en plus d’être obsolète, était probablement au moins partiellement erroné ; d’après les dires du témoin qui l’avait identifié, il faisait sombre, et le dealer avait porté une casquette qui avait dissimulé certains traits distinctifs – ainsi, tout ce qui dépassait les yeux relevait plus de l’hypothèse que d’un compte-rendu impartial. Que c’était ennuyeux de devoir se reposer sur des civils.

Agacé, Jason fusilla son cocktail du regard, avant d’en prendre deux grandes gorgées. Il manqua d’en renverser une partie sur les papiers qu’il avait étalés sur la table et se racla la gorge, soudain embarrassé par sa saute d’humeur. Obsédé par sa traque, il n’avait que peu dormi, et les séquelles s’en faisaient ressentir. La rage qui l’habitait depuis que Jonathan l’avait plongé dans le puits de Lazare était toujours trop proche de la surface à son goût, plus difficile à contrôler encore lorsqu’il n’était pas en pleine possession de ses moyen. Conséquence surnaturelle ou trauma qui se manifestait par ce biais, Jason n’avait jamais su. Il fallait aussi admettre qu’il avait de toute façon toujours eu une tendance volatile.

La moue quelque peu amusée de Tierney ne l’aida pas à se calmer, et il répliqua probablement trop sèchement :

- C’est pas un enfant de chœur.

Il retroussa les manches de sa veste, agité et soudainement un peu paranoïaque. Allons bon. Manquait plus qu’il fasse une crise d’hypervigilance. Il effleura le couteau à sa hanche pour se calmer. Il était bien content de pouvoir se raccrocher à au moins une arme si jamais les choses tournaient au vinaigre.

Pour s’excuser de son attitude, il tenta de sourire à la jeune femme, mais son expression ressemblait sans doute davantage à une grimace. Urgh. Il était en train de tout faire capoter, avec ses conneries. Et on se demandait encore pourquoi il ne voulait pas bosser en équipe.

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Un peu de piquant, un peu de difficulté, Tierney ne demandait rien de mieux que quelque chose qui puisse redonner un peu sens à son métier de traqueuse. C'était bien sympa de retrouver des mères, des pères, de filles, des fils, des amis, un amour perdu, mais rien de très excitant, ni rien de compliqué dans ce genre de traque. Mais ça, ce qu'on lui demandait, ce qu'il lui demandait et surtout son air si sérieux, presque comme s'il serait intransigeant, ça reboostait un peu notre jeune louve. Mais elle savait aussi que ce n'était pas un jeu. On ne jouait pas au chat et à la souris. C'était bien plus que ça, bien plus dangereux même pour sa petite vie. Non pas qu'on avait jamais tenté de l'abattre, ça ne serait pas nouveau, mais elle aimerait éviter. Elle est encore jeune et elle avait donc tout son temps devant elle. En théorie. Et puis si elle foirait, adieu sa réputation d'excellente traqueuse, et pour ravoir un contrat, ça deviendrait bien plus complexe que par le passé, que par ses débuts où elle avait dû se montrer féroce dans un monde qui pensait que ce petit bout de femme n'était capable de rien d'autre qu'à faire du mannequinat avec son joli minois. À d'autre, c'était pas une vulgaire petite poupée. Elle ferait cette traque sans se louper. Elle ne s'autorisait guère à l'échec. Ce n'était vraiment pas dans ses attributions.

Elle délaissa son verre, le déposant à ses côtés en observant le dossier qu'elle avait sous les yeux, mais tout en écoutant très attentivement les paroles de son client. Rien de très facile. Peu d'informations à la finalité, si ce n'était quasiment rien. Elle s'en accommoderait. Elle avait eu pire. Pas de lieux et qu'une description sans cesse partielle. Parfois, avec chance, elle obtenait un portrait robot, et parfois toute une liste de choses qu'une personne pouvait aimer ou non, lui permettant avec aisance de trier les endroits où elle pouvait potentiellement commencer ses recherches. Mais là, elle serait dans l'obligation d'être un peu plus maligne que ce mec qui tentait de se faire le plus petit possible. Se faire invisible en d'autres termes.

« Je ne m'attendais pas à si peu. Mais j'ai eu pire. » Avoua-t-elle avec franchise, mais cela ne semblait même pas la perturber. Elle allait juste devoir mettre les bouché double.

Tierney ne serait dire ce qui semblait soudainement agacer le jeune homme à ses côtés. Elle ou autre chose ? Bien qu'elle ne voyait aucune raison apparente que ça puisse être elle, de sa faute. Elle n'avait rien fait et rien dit à proprement parler pour l'énerver. Et même si c'était elle la responsable, elle s'en foutrait probablement. Elle attrapa les feuilles avant qu'il ne les mouille avec son verre, ou qu'il recrache dessus comme une andouille et jeta un bref regard sur ces informations limitées et un peu bancales selon elle. Jetant un bref regard à son interlocuteur, elle le fusilla presque immédiatement de ses yeux bleutés. Voilà autre chose, il osait lui répondre ainsi. Qu'en savait-elle réellement de qui était cet individu ? Elle essaya néanmoins d'ignorer la manière dont il lui avait répondu, reportant son regard sur cette liste d'adresses. Elle devrait reprendre à zéro, elle n'aurait guère le choix. Peut-être qu'eux n'avaient rien trouvé, mais elle si. Elle le pourrait, elle le pouvait. Et elle le savait.

« T'as besoin de prendre l'air ou tu vas pouvoir te calmer seul ? » Finit-elle par lui dire. C'était plus fort qu'elle après tout. Une petite blonde caractérielle. Et encore, elle l'avait dit sur un ton plutôt neutre afin de lui montrer qu'elle ne voulait guère se moquer de lui. Ou bien qu'elle ne désirait pas se montrer hostile.

« Y a-t-il autre chose que je devrais savoir ? » Elle reposa les feuilles face à elle en reprenant enfin son cocktail, buvant quelques petites gorgées.

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La remarque de Tierney eut le mérite de lui remettre les idées en place, et il sourit cette fois plus franchement. Cela faisait un moment qu’il ne s’était pas fait remonter les bretelles par une femme aussi caractérielle que lui. Non pas qu’il soit masochiste, mais… eh bien, il avait un tempérament, et force était d’admettre que quiconque s’écrasait devant lui ne faisait pas long feu. Dick avait pris son attitude avec une autorité forcée et un paternalisme qui avait rebroussé Jason dans le sens inverse du poil, mais Rose… Elle avait vu tous ses défauts, et y avait répondu avec les siens. Elle n’avait ni essayé d’asseoir une hiérarchie que Jason abhorrait, ni offert ce genre de fausse sympathie qui puait l’hypocrisie. Bien sûr, il s’était avéré qu’elle en était une, finalement, d’hypocrite… Mais pouvoir interagir avec quelqu’un qui répondait au feu par le feu avait été – ironiquement, si on suivait sa métaphore jusqu’au bout – vraiment rafraîchissant.

Jason ferma un instant les yeux, finit son cocktail plus doucement – gah, trop sucré – et répondit avec amusement :

- Je suis calme.

Tout seul, comme un grand ! ajouta-t-il dans son esprit, pas si sarcastiquement que cela. Le contrôle sur sa colère était toujours si ténu que ce genre d’auto-félicitations était de rigueur. Reconnais tes erreurs, souligne tes succès, se souvenait-il. Il avait beau toujours en vouloir à Leslie, même après toutes ces années, il fallait admettre que la psychologue avait su mettre le doigt sur des choses qui, encore aujourd’hui, étaient pertinentes.

Jason fit tournoyer quelques instants le doigt sur le rebord de son verre, tranquillisé par le mouvement répétitif. Il rouvrit ses sens à son environnement, laissa la musique murmurer à ses oreilles et détendre son autre main, toujours posée sur son couteau dissimulé. Cela aurait encore mieux fonctionné avec l’un de ses flingues, mais il n’allait pas faire la fine bouche.

Espérant n’avoir pas trop rebuté son interlocutrice avec ses sautes d’humeur aussi rapides qu’imprévisibles, il réfléchit sincèrement à son autre question. Il avait eu le nez tellement plongé dans tous ces dossiers qu’il en avait perdu recul et objectivité. Il était difficile de dire avec certitude s’il avait bien donné à Tierney toutes les informations nécessaires et essentielles, car un tas de détails sans importance nageait à présent allègrement dans son cerveau. Il finit par hausser les épaules et débiter :

- Il est allergique aux arachides, il ne goûte jamais sa marchandise et il a un accent canadien.

Plus sérieusement cependant, il ajouta :

- Il aime ses filles jeunes, faciles, et trop droguées pour dire non.

Il ne put s’en empêcher. Il fusilla de nouveau son verre du regard.

▿ Date de naissance : 16/05/2002

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A difficult time can be more readily endured if we retain the conviction that our existence holds a purpose - a cause to pursue, a person to love, a goal to achieve -- feat. @Jason Peter Todd

Il était bien plus mignon en souriant franchement plutôt que de faire semblant. Tout du moins, c'était l'avis de Tierney. Mais ça, elle allait se garder de le dire. Elle n'était pas là pour ça, non pas que ça ne lui arrivât jamais d'en profiter un peu. Ce ne serait que mensonge. Après tout, pourquoi pas ? Elle était jeune, plutôt jolie, elle savait donc user de ses charmes et prendre ce dont elle désirait. Cependant, ce n'était pas quelque chose qui plaisait forcément à tous les hommes. Trop caractérielle, trop sauvage pour la plupart. Mais quelque chose lui disait que son client n'avait pas l'air aussi fragile que ces bébés, bien au contraire même. Il lui répondit donc qu'il était calme. Ce qui la fit davantage sourire. Elle n'allait clairement pas s'en offenser si parfois il pétait un câble pour un rien, sans qu'elle n'en connaisse la raison. Tant qu'il ne s'en prenait pas à elle, qu'est-ce que cela pouvait bien faire ? Elle ne serait pas une menace pour lui, car si tel était le cas, il serait peut-être déjà au sol. Non pas qu'elle ne se méfiait nullement de la capacité de ce dernier à se défendre. Et elle n'était pas idiote, elle l'avait vu mettre sa main sur quelque chose, caché sous sa veste. Elle ne savait juste pas ce que c'était. Et elle ne désirait pas forcément le découvrir. Après tout ce n'était pas forcément pour elle, mais plus un besoin d'être préparé au cas où, non ?

Puis elle finit par se concentrer sur autre chose. Ses paroles. Il lui donna quelques informations en suppléments. Serait-ce utile ou pas, elle l'ignorait, mais c'était toujours bon à prendre. Surtout pour l'accent canadien, ça oui, ça pourrait servir. Il ne consommait pas non plus sa propre marchandise. Indiquant par-là qu'il préférait avoir toute sa tête, son intelligence. Tierney hocha faiblement la tête, comme pour indiquer qu'elle prenait en compte ces nouvelles informations, et bu quelques gorgées de son cocktail. Elle posa ensuite son regard bleuté sur son joli petit minois.

« Je vois. Une sorte de prédateur. » Par chance Tierney était peut-être jeune mais pas facile. Et il faudrait y aller pour la droguer. Néanmoins elle ne pouvait guère s'empêcher de se demander comment il s'y prenait. Classiquement ? Du genre en versant un truc dans leur verre ? Ou d'une tout autre façon ? Ou alors, il ne droguait personne, et il prenait juste ce genre de pauvre fille qui tombait déjà la drogue d'elle-même. C'était une possibilité. M'enfin, à la finalité, Tierney s'en moquait pas mal. Peut-être pas son client. Peut-être que son but était d'éviter d'avoir plus de victimes de cet homme sur les bras.

« Cette histoire, enfin cette affaire, à l'air de beaucoup t'affectait. » Remarqua la jeune traqueuse en observant parfois les réactions de son client quand ce dernier en parlait. Elle ne savait pas trop si c'était personnel, ou pas. Quoi qu'il en soit, elle s'autorisa à ranger ce dossier dans son petit sac à main, elle le relira tranquillement à tête reposée. Dans ce genre d'endroit ce n'était pas toujours facile, avec des personnes tout autour, le bruit, la musique. Cela pourrait presque donner un mal de crâne.

Et non, elle n'allait pas le quitter maintenant. En soi, profitait aussi un peu de la soirée, il n'y avait rien de mal à ça.

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❝That's not how you make decision, based on whatever you fell in the moment.❞ ❝It's how I lived my life. Doesn't seem all that different now. Looks like you're stuck with me.❞

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The scent of blood

ft. @Tierney Adler

Fort heureusement, les nouvelles informations de Jason ne semblèrent pas perturber la traqueuse ; en fait, son expression impassible ne changea pas d’un pouce, et sa respiration resta aussi mesurée que depuis le début de leur conversation. Là où Jason s’était ridiculisé, Tierney n’avait pas perdu une seule fois sa contenance, qu’elle arbore un air intéressé, moqueur ou agacé. Le jeune homme en fut presque impressionné.

Aussi, par respect pour ce professionnalisme à toute épreuve que Jason aurait dû lui-même suivre, le jeune homme étouffa dans l’œuf sa réaction instinctive – se refermer comme une huître et partir sur une remarque désagréable. Au lieu de cela, il prit une profonde inspiration, et laissa ses yeux se perdre dans le vide.

Le fait était qu’il avait beau être sorti des rues et de la misère, c’était le genre de chose qui collait à la peau ; même à ce jour, mercenaire par choix et craint du genre de caïds qu’il avait à tout prix évité en tant que gosse, il suffisait de peu pour que sa mentalité d’antan ne déborde dans ses réflexions, ses manières, sa logique. Jason était un survivant ; en décalage plus ou moins subtil mais constant avec la société. Et ironie du sort, avec la vie qu’il s’était créée sur l’île, il ne se sentait pas compris non plus par ceux qu’il considérait comme les siens. Oui, il était apprécié par les prostituées, qui acceptaient souvent de lui donner des informations ; les gamins des rues l’admiraient et les sans-abris discutaient volontiers avec lui. Mais il ne faisait plus partie des leurs. Même sans son masque, Red Hood s’était immiscé dans sa carrure, sa voix, son attitude ; nonobstant son âge, il y avait toujours, chez ses interlocuteurs, cette infime peur qu’un jour, il se retourne contre eux. Alors Jason Todd était apprécié par son peuple, parce qu’il en était le protecteur. Mais la méfiance et l’instinct de survie ne permettait à personne d’oublier que ces choses-là était probablement trop belles pour être vraies, et que comme tout homme puissant, il suffisait que le courant change pour qu’il change avec lui.

Jason était un intrus en société comme en marge de celle-ci ; mais au fond, c’était la rue qui l’appelait. Pour le meilleur comme pour le pire, c’était l’identité qu’il avait embrassée. Et il ne pouvait oublier cette vulnérabilité qui l’accompagnait, ces émotions fragiles et à fleur de peau, si faciles à exploiter ou à étouffer. Il ne pouvait oublier cette peur tordante qui l’avait accompagné jour après jour, ce fatalisme écrasant, l’incertitude constante. Et le genre d’homme qu’il traquait en était la principale cause. C’était la raison pour laquelle on ne questionnait pas si on allait mourir en tentant de subsister tant bien que mal, mais quand. C’était lui qui était dernière des centaines d’yeux cernés, de sourires tremblotants, de corps émaciés. Et Jason était bien décidé à éliminer le plus de ces acteurs possible.

Alors il se permit de répondre par une demi-vérité :

- Les personnes qu’il cible… Ce sont des victimes faciles, parce que personne ne s’intéresse à elles. J’ai juste décidé d’essayer de les aider, parce qu’elles sont aussi importantes que n’importe qui d’autre.

Il baissa les yeux et admit à voix basse :

- C’est pas si facile que ça, de s’en sortir quand le monde entier te dit que t’en es incapable.

Il conclut finalement par un décisif ;

- Je ne suis pas le monde entier. Et j’ai rencontré des gens qui valent dix fois toi et moi, qui méritent une main tendue, ou juste un regard sans jugement.

Jason se sentait à vif, transparent et exposé à la vue de tous. Il tourna ses yeux un peu trop brillants vers la scène, embarrassé par son excès de sentiments. Il avait l’impression d’être stupide, tout d’un coup. Il savait déjà qu’il était à une remarque mal avisée de Tierney de partir au quart de tour.

Il réalisa aussi soudainement la mièvrerie de ses propos, qui le faisaient plus passer pour un héros incompris qu'un mercenaire pour qui toutes ces histoires étaient bien trop personnelles. C'était franchement gênant.

▿ Date de naissance : 16/05/2002

Scent of blood

A difficult time can be more readily endured if we retain the conviction that our existence holds a purpose - a cause to pursue, a person to love, a goal to achieve -- feat. @Jason Peter Todd

Tierney s'était toujours montrée assez solide, et tâchant de rester le plus impassible possible. Bon, peut-être pas sous la torture. Au pire, elle grimacerait quoi. C'était un peu normal, se faire électrocuter, ce n'était pas rien. Pas suffisant pour la tuer, pas suffisant pour lui faire cracher le morceau, mais assez pour la faire grimacer, car quelque part, ça restait quelque peu douloureux à subir. Surtout un petit bout de femme comme elle. Quoiqu’à en juger par ses deux compères, elle semblât bien plus solide que ces énergumènes. Tout son respect pour Jiang. Mais ce dernier ne savait jamais fermer sa grande bouche. Il avait juste fallu d'une vulgaire cellule pour qu'il crache le morceau. Et ce malgré le fait que Tierney lui avait demandé de se taire. C'était quoi une cellule sérieusement ? Le gars s'était fait électrocuter, hormis gémir comme un gosse, il n'avait rien dit, puis il se retrouva en taule, et là il l'ouvrit ? Cela n'avait tellement pas de sens pour la jeune Adler. Elle en était furieuse.

Après quoi elle fut obligée de dire que oui, ils avaient traqué l'homme, car il faisait partie d'un réseau de chasseur. Qu'il soit innocent ou non, Tierney n’en avait rien à foutre, elle l'avait tué et point final. Ça n'avait pas plus aux autres, mais elle s'en foutait tellement. Par conséquent, il était évident qu'en changeant de monde, peu importe lequel, peu importe les raisons de sa présence sur cette île, elle ne changerait point d'attitude. C'était à prendre ou à laisser. Quand une personne avait tout perdu, en effet, elle pouvait devenir dangereuse dans un certain cas. Et elle n'avait tellement plus rien à perdre, qu'elle n'hésiterait jamais à agir en conséquence. Alors, ce très cher Jason pouvait en être assuré, elle tiendrait sa mission, elle la ferait et elle lui trouverait cet individu qui semblait le mettre dans tous ses états. Elle ne se moquait pas de lui. Il avait sûrement ses raisons après tout. Sans même se douter que l’un comme l’autre, ils ne semblaient plus trop savoir où était leur place. En avaient-ils toujours une ? Peut-être faisaient-ils ce qu'ils pensaient juste en ce monde ? Tierney avait juré de traquer des chasseurs pour ne plus qu'ils fassent du mal à des personnes comme elle, tout en traquant des personnes pour les autres. Peu importe si elles étaient dangereuses ou non. C'était sa manière de faire quelque chose qui semblait juste. Même si elle, elle semblait être une mauvaise personne. Tout dépendait de quel point de vue on se situait, n'est-ce pas ?

« C'est souvent ainsi. Personne ne dit jamais rien quand ce sont ce genre de personne qui disparaisse ou se fait tuer. C'est devenu une norme aux yeux de tous. » Répondit-elle posément. Même si intérieurement, ça l'énervait au plus haut point. Mais elle préférait extérioriser cette haine d'une tout autre manière.

Tierney reporta son attention sur lui. Elle ignorait si sa seconde réplique parlait de lui ou de quelqu'un d'autre. Se sentait-il ainsi ? Comme quelqu'un qui est incapable de rien car on le lui avait trop souvent dit ? Elle aurait très bien pu le lui demander. Cependant, par respect, elle se garda bien de le faire. Il n'avait sûrement pas envie d'en parler, ou de se remémorer certaines choses. Qu'en savait-elle ? Dans le doute, parfois le silence valait bien mieux que des mots.

« Ça tombe bien, je n'ai jamais prétendu valoir mieux que quiconque. Mais pourquoi penses-tu que je fais ce job ? » Pour aider les autres. On pourrait croire que c'était plus pour s'aider soi-même. Mais en réalité, si elle ne traquait pas ceux qui voulaient la peau des personnes qui lui ressemblait, qui le ferait ? Personne. C'était bien là tout le problème. À la finalité, Jason faisait pareil, avec des personnes différentes tout simplement.

Elle le laissa lui tourner le dos. Il avait l'air de ne pas trop savoir gérer ses émotions. Contrairement à elle. Mais au moins, bien qu'elle aurait pu lui répondre d'une manière qui ne lui aurait pas plus, elle s'était contentée de ne porter aucun jugement.

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