Avoir perdu sa capacité à regénérer n’importe quelle partie de son corps, comme une araignée fait repousser ses pattes (dans tes dents Spider-Man !), n’est guère pratique quand on est mercenaire. Elle a bien failli se faire démembrer plus d’une fois, peu soucieuse de sa sécurité par habitude. C’était assez drôle les premiers jours, mais devoir dépenser de l’argent en aiguille et fils, au lieu de s’offrir des popcorns et des bières, commence à l’enquiquiner.

Elle a eu vent d’une bibliothèque à la collection importante, possédant de nombreux ouvrages sur la magie et elle ne sait quoi (pourquoi tout écouter). Il y a des chances pour trouver la solution, même si ça implique de lire (ennuyaaant) parmi les petits nerds à lunettes. Pas son genre, à moins que le petit nerd ne s’appelle Peter Parker winknwink [peu de chance qu’il s’y trouve, mais une femme peu rêver]. Vêtue d’un costard rouge sombre et d’escarpins pour paraitre professionnelle (et toujours plus grande), elle s’est rendue en plein après-midi dans l’université de Miskatonic (et pas « gym tonic » ou « gin tonic » ou « tecktonik », donc bien moins drôle).

Wanda s’est installée avec une pile, et parcourt avec peu d’intérêt des bouquins dignes de sorcières et autres gens bizarres. Elle ne trouve aucun sort qui lui permette d’invoquer une belle succube en petite tenue pour l’épouser, ou de faire apparaitre des pancakes à volonté [pas là pour ça, de toute manière]. Il y a cependant des ouvrages qui traitent de morts-vivants. Même si cela se rapproche de son but, ce n’est pas ce qu’elle recherche. Au bout d’un quart d’heures de souffrance non productives, elle pousse un long soupire et laisse son front tomber bruyamment sur la table ; la secousse fait tomber l’une des petites piles sur l’arrière de son crâne, telle une punition divine (pas amusante. Rien ne l’est dans cette bibliothèque).

« Pitié marraine la bonne fée, apporte-moi la réponse, je serai une gentille fille… » geint-elle, en mentant. Le père Noël n’est jamais venu, c’est bien la preuve qu’elle n’a jamais été enfant sage.

Wanda se tourne rapidement au son d’une voix de dominatrice, sans doute militaire, bouche-bée. Elle ne sait pas si elle ressent de la jalousie ou de l’attirance pour elle, mais l’effet que l’autre femme provoque ne peut être écrite avec décence – et encore moins quel genre de film se joue dans son imagination. Elle referme les lèvres avant qu’un filet de salive ne s’en échappe, puis s’empresse de se lever, le claquement de ses talons résonnant dans la bibliothèque calme [du moins, qui l’était].

« Oh vous savez moi j’aime être malmenée alors pourquoi pas les livres ? Le kink shame c’est mal, beauté. Qui ne voudra pas être frappé puis plaqué sur une table avant d’être ouvert, et qu’un doigt vous caresse entre… les pages… »

La mercenaire se déplace jusqu’à la table de son interlocutrice, avant de claquer ses deux mains manucurées de rouge sur le bois. Ce n’est pas ainsi qu’elle parviendra à montrer qui est l’alpha dans cette pièce [vraisemblablement, l’autre femme à ce rôle], mais elle n’a jamais reculé devant un défi.

« Dites, mon chou, j’ai besoin de trouver un ouvrage vraiment très beaucoup important. Enfin, je sais pas si ce genre d’ouvrage existe mais s’il y a des gens pour écrire des fanfictions sur des trucs que même moi je n’oserai jamais dire car franchement ça craint mais au moins la lecture est gratuite alors pourquoi pas, je pourrai pas être plus traumatisée que je ne le suis déjà ahah… De quoi je parlais ? Ah oui, j’ai besoin d’information sur la régénération. Vous voyez, dans mon monde on avait tendance à me couper en morceaux mais l’avantage c’est que je faisais un bon puzzle, ça se recollait tout seul ou ça repoussait, même si c’était long et pas pratique, et j’en ai besoin encore ici, sinon je risque de perdre un membre pour de vrai et si j’ai pas de deuxième main comment je suis censée manger des pizzas tout en zappant la télé, hein ? Avec le pied ? Je suis souple mais faut pas abuser, et puis c’est crade de manger une pizza avec le pied…   »

La femme aux cheveux courts n’est pas drôle, mais qu’est-ce qu’elle est belle quand elle s’énerve. Ça te fait quelque chose qu’on ne peut expliquer dans un texte tout public. Elle peut lui couper une main quand elle veut. Wanda soupire bruyamment quand la femme lui révèle qu’il n’y a pas de solution dans les livres ; et, en même temps, elle est soulagée de ne pas avoir à faire davantage de recherche. C’est ennuyant et un truc de nerd, ce qu’elle n’est absolument pas (sauf pour parler des séries qu’elle regarde et quel candidat de téléréalités elle préfère).

« Hellsing… »

Le nom rebondit dans cet esprit cabossé où il manque quelques neurones pour que toutes les transmissions s’effectuent sans encombre. Elle a déjà entendu parler de ce nom, et lorsque ça lui revient, elle ne peut s’empêcher d’inspirer fortement jusqu’à s’étouffer avec l’air. La raison de sa venue ici a été oubliée.

« Attend, attend bichette… Comme le sexy ténébreux au fessier divin Alucard ? T’es sa meuf ?! «

L’information la choque, au point de rester bouche-bée. S’il y a un truc qu’il ne faut pas faire entre femmes, c’est piquer le mec de la copine – bon elles ne sont pas amies, mais dans sa tête c’est déjà le cas. Et puis elle est vraiment jolie et elle espère qu’Integra va la punir pour son mauvais comportement devant tout le monde dans cette bibliothèque (grrr).

« Il m’a même pas invité au mariage ! Pourquoi hein ? Il trouve que je suis pas sortable, c’est ça ? Ou il avait peur que tu le quittes pour moi avec mon charme irrésistible ? C’est vraiment un goujat, et puis il te trompe avec moi donc bien sûr que c’est un goujat, vient, on va se venger ! Comme dans les films ! Girl power ! »

Elle se lève, déterminée à aller discuter avec Alucard. Non pas qu’elle ait envie d’arrêter de le fréquenter, car ses rencontres avec lui sont toujours… Mouvementés et ne la laisse jamais insatisfaite.