c'est l'heure de la bagarre | Nines

La tranquillité était une chose rare, et précieuse. Un trésor, même, dans ce monde bruyant. Même à l’endroit où Nines vivait,  la tranquillité était rare : Amanda semblait en constante recherche de quelque chose pour retrouver ce qu’elle avait perdu, sa seule raison : arrêter les déviants, arrêter la folie de ces androids doté de conscience. Et Elichat s’amusait très souvent à vouloir jouer avec son maître attitré, à savoir, Nines.
Nines, donc, qui cherchait ainsi la tranquilité au travail. Et il la trouvait dans le raisonnement de son cerveau. Devenir policier avait été une bonne idée : il se sentait soudain bien plus stimulé.

Les mains croisées, le regard posé sur son écran d’ordinateur - plutôt ancien, d’ailleurs, comparé à ce qu’ils avaient en 2038… -, il gardait le silence.
Il ne voyait rien autour de lui, et constatant que son verre de café est vide, il se leva. Malheureusement, depuis qu’il était humain, la fatigue était son pire ennemi, et si son chat aidait beaucoup à palier pour l’aider à s’endormir, il n’empêchait que le café et le thé restaient les meilleurs moyens pour continuer d’être en forme.

Ainsi donc, il se leva, toujours la tête dans ses pensées, bien que le reste de son corps faisait attention, mécaniquement, à ne tomber sur personne, Nines partit se chercher un café.
Il n’entendit pas le “Connor”, il faisait à peine attention à la silhouette qui se dirigeait droit sur lui, jusqu’à ce que son cerveau lui donne deux informations.
1. Il ne devait pas rentrer dans cette personne, donc devait s’arrêter
2. Cette personne était Gavin Reed.
Cette seconde information était suffisante pour qu’il s’arrête aussitôt dans ses pensées.

Observant l’humain gesticuler comme il le faisait souvent, l’ancien android arqua un sourcil en l’entendant lui hurler dessus, à déblatérer contre lui, probablement pour simplement s’énerver sur quelqu’un.

- Tu veux qu’on s’explique, hein ? Depuis que t’as débarqué au commissariat tu me cherches, alors met toi bien ça dans le crâne : tu vas finir par me trouver.

Il le vit le toucher, et, par chance pour le détective, il avait déjà retenu ses réflexes, sinon il lui aurait broyé l’index.
Ecoutant les paroles du détective, en ne se rappelant d’aucun moment où il l’avait cherché depuis son arrivée ici, il l’entendit soudain lâcher quelque chose qui le fit comprendre.
Reed l’avait pris pour Connor.

Peu importe. Nines aurait voulu être tranquille, et Gavin parlait de “finir par le trouver”, alors, de la même façon que Gavin voulait faire payer sa sale journée, Nines pouvait bien se permettre de lui faire payer l’interruption dans ses pensées, non ?
Se penchant vers le détective, comme pour lui rappeler leur différence de taille, bien qu’il n’en était pas encore au stade de plier les jambes pour se mettre à sa hauteur, il le fixa en silence avant de se permettre un sourire en coin, fin, d’une seconde :

- Tellement énervé, qu’on voit flou, détective Reed ? Vous savez, même si je ne suis pas Connor, vous pouvez me trouver, là, maintenant. Mais je ne suis pas sûr que les rapports de force soient les mêmes….Même ici.

En même temps qu’il disait ça, sa main vint attraper la main posée sur son torse, la serrant à peine, sans y mettre un gramme de force, mais suffisamment pour montrer la différence de force entre les deux.

- Il faudrait arrêter le café, ça ne semble pas vous faire du bien.

Disant cela sur un ton sérieux, il n’en était bien sûr rien. Mais cette fois, on ne pourrais pas dire à Nines que c’était lui qui avait commencé.

Enlevant calmement la main de celui qui avait osé le provoquer en se trompant de personne, Nines continuait de le toiser, sans même y mettre trop d’effort. Eut-il voulu ne pas se rendre impressionnant, que c’est là que l’exercice aurait été compliqué.
Mais il savait très bien que l’inspecteur Reed n’était pas du genre à fuir parce qu’une armoire à glaces de deux mètres répondait à ses avances.
Preuve en est, qu’il se contenta d’enlever sa main rapidement, et de ne pas reculer. Restant calme, il resta même aussi silencieux, après ses paroles un tant soit peu piquantes.

- Tu veux qu’on test si les rapports de force ne sont pas les mêmes ? Fait attention t’es humain maintenant, ça serait bête qu’un coup parte dans certaines parties sensibles hein.

Maintenant que Nines était humain, il y avait bien plus d’émotions qu’il ressentait. Des choses dont il n’aimait pas avoir à faire, des choses qu’il préférais mettre de côté. Ce n’était pas d’avoir perdu sa force de robot qui lui causais souci, plus que ces émotions dont il ne savais que faire depuis quatre longues années.
Jusque là, grâce à Amanda qui savait faire barrière, il avait su ne jamais se faire avoir par celles ci.
Cela ne l’empêchais pas d’avoir un tant soi peu de réaction, et, le voilà qui secouais la tête, avec un bref sourire en coin. Minime, moqueur.

Reed paru continuer, et Nines continuait de le toiser.

- Très bien, alors, puisque vous n’avez pas d’ordres à recevoir, je vous propose - et non, ne vous ordonne -, de vérifier nos “rapports de force” au gymnase du commissariat.

Continuant de l’observer, Nines ne pu s’empêcher d’avoir un fin sourire en coin et ajouter, se penchant un peu plus vers Gavin, restant néanmoins prudent pour ne se prendre aucun coup, appréhendant les parties sensibles,mais pas que :

- Sauf si vous voulez perdre ici, devant tout le monde.

Bien qu’il souriait, sa froideur s’étalais dans sa voix, et c’était là tout son contraste. Il était bien moins humain que ceux qui avaient dû profiter de ces quatre années pour devenir quelqu’un.
Il restait robotique, et bien prêt à ne pas avoir peu d’un minable petit inspecteur qui se pensais meilleur que tout le monde, soi disant parce qu’il savait aboyer plus fort que les autres.

La proposition avait été faite. Le “détective” Reed faisait bien ce qu’il voulait de ça, mais il sembla mordre à l’hameçon. Aller au gymnase pour que Nines s’occupe de lui.
C’était plutôt honorable de la part de l’ancien androïd, que de proposer un endroit éloigné pour éviter quelques soucis en termes de jugement de la part de leurs collègues.
Nines n’avait rien à craindre de son côté.

Fixant Gavin qui acceptait donc la proposition, Nines eut un léger sourire en coin. Être traîné à l’infirmerie ? Non ça n’arriverais pas. La différence de force était trop haute. Et Gavin était plus petit que lui, mais jappait pour rien au lieu de réfléchir.

- Je ne compte pas sur vous, puisque c’est vous qui y finirez.

Se contentant d’un air “innocent” en disant cela, comme s’il n’avait pas du tout envoyé de pique, alors qu’il savait très bien ce qu’il faisait, Nines fini par se détourner du détective, pour aller en direction du gymnase.
Celui-ci était vide. Soit. Personne ne verrait donc la défaite, et Nines pouvait ne pas retenir ses coups.
Bien qu’il n’avait pas de réelle raison de frapper si fort cet idiot bruyant. Quoique si. Il l’avait dérangé quand Nines était déjà dérangé.
Mais ça serais sûrement immature de frapper pour ça.
Sauf qu’il était à peu près persuadé que de toute façon, Amanda n’en saurait rien.

Songeant à cela, il vit pourtant le poing arriver en sa direction, alors qu’ils venaient à peine d’arriver.
Nines ne fut pas surpris. Il s’attendait à un pareil acte d’impulsivité de la part de Gavin. Attrapant son poing avec la même rapidité, il lui tordit, l’obligeant à se courber, pour aller frapper son épaule de sa main libre, pour le déstabiliser, visant ensuite le ventre de son collègue.

- Vous êtes réellement un idiot, prévisible, et minuscule.

Cette phrase, lancée avec froideur, montrait le mépris qu’éprouvait en cet instant Nines envers lui; Un mépris qui n’aurait pas dû exister, s’il avait voulu être sans émotions. Mais c’était trop tard.
Il voulait se battre ? Très bien. Nines allait gagner. Et il en était persuadé. Et puis… Il avait en souvenir un coup reçu par Connor de la part de Gavin.
Ce n’était qu’une revanche des souvenirs qu’il possédait.

Le combat s’avérait facile. Attraper le poing de Gavin, puis le frapper ensuite, avait semblé si aisé, que Nines s’en était presque senti déçu. Mais à son souvenir, Reed n’était pas très fort. Fonce dedans, facile à prévoir, il suffisait de toucher au bon moment, voilà tout.
Sinon, ce n’était qu’un petit être gigotant qui se laissais emporter par sa colère. D’ailleurs, Nines lui fit sa voir, le toisant avec froideur.
Il n’éprouvait rien pour un type pareil.
Et puis ces répliques…. Rien dans le slip ? Vraiment ? C’était ça son argumentaire ?

Sauf que cette fois, Gavin parvins à se défendre, et si la douleur au tibia changeait de pas de douleur du tout, l’ancien androïd dû s’adapter et rapidement reculer.
Les coups pleuvent sous la rage de l’humain face à lui, et Nines les esquive pour la plupart. Pour le peu de coups qu’ils se prend, il a une vague grimace. Il se doit de rester concentré. Attendre que l’autre se fatigue, et le mettre au tapis.

- Toi et ton prédécesseur vous êtes pathétique, même pas foutus de faire semblant d’être humains... Et il a même pas été foutu d’effectuer sa mission correctement, je suis sûr t'aurais échoué aussi ! C’est à ça qu’a servi notre argent hein ? Financer des projets ratés ?

Nines tiqua à ses propos. Il n’aurait pas dû. A priori, même, il aurait dû s’en trouver purement indifférent. Que Connor n’ait pas rempli sa mission ne lui faisais ni chaud ni froid, puisque de son côté, il avait réussi. Mais pour lui…
Il repensait à Amanda, cloitrée chez elle, devenue à moitié folle parce que sa raison d’être n’était plus.
Nines n’avait plus de mission.

Et c’était une chose qui l’embarrassais et l’agaçais aussi. Et que ce pathétique détective qui se pensais intelligent vienne à lui reprocher… Ca avait quelque chose de désagréable, alors, il l’attrapa en bloquant ses mains, pour aller le foutre au sol, se plaçant au dessus de lui, son regard bleu glacial le fixant. Mais il y avait quelque chose de plus émotionnel dans son regard. Quelque chose de plus froid, pour compenser la chaleur qui montait en lui, celle de la colère.

- Il a réussi sa mission. Sinon je ne serais pas là. Et j’aurais réussi aussi. Et probablement que tu te serais opposé à moi, comme là.

Se penchant à son oreille il murmura d’une voix menaçante :

- Et je t’aurais tué pour pouvoir continuer sans parasite.

Serrant fermement les mains de son opposant, il lui opposa un coup de genou au ventre, avant de le relâcher en reculant. Ce n’était pas drôle, si ça se finissait là, non ?
Il n’empêchait que Nines, persuadé de gagner, ne s’était pas aperçu qu’il avait été vexé, et qu’il avait réagis en conséquence. Que ça risquais de le faire baisser sa garde, et que plus ça allait, plus il avait envie d’en finir au plus vite, ce qui le rendait moins sûr.

L’ironie.

Mais Nines n’était plus humain. Trop expressif. Même s’il ne comprenait rien aux émotions.