(terminé) Sending a virtual hug | Jake & Waverly

Quelques jours depuis que nous nous sommes, en quelque sorte, retrouvés. Pas mal d’émotions aussi que je travaille encore à départager, entre le bon et le triste. Je dirais presque seulement; mais depuis que je suis parti de chez toi aux petites heures du matin, des câlins offerts pendant que tu dormais et que je n’arrivais à penser à rien de concluant d’autre que le fait que j’étais parfaitement content, je reçois sur mon téléphone la moindre des tes pensées sous la forme des textos. Moi qui n’aie jamais eu l’habitude qu’on veuille me parler en dehors de toi, ne dehors de mes créations, je ne sais pas comment gérer. Entre le fait que je ne veux surtout pas t’ignorer, mais que je veux continuer mon travail sur des inventions qui sont peut-être délicates en ce qui est question du timing – je dois avouer que la cacophonie qui remplit maintenant mon quotidien me rend nerveux. Il me semble avoir tout tenté de la subtilité; te demander si tu travaillais (oui), quand tu revenais chez toi alors (tu ne le sais pas, réponse qui semble concorder avec le fait que tu continues de me contacter la nuit quand je dors et le matin quand je vais au gym), quand tu avais le temps de parler (toujours directement quand je demande).

Alors j’ai fait ce que tout « homme » raisonnable pouvait faire.

Je suis allé prendre ma douche. Me mettre présentable après le gym, coiffer mes cheveux et ma barbe, mettre un joli pull mauve, et puis m’installer dans mon canapé avec Canard pour prendre un selfie (qui « étrangement » centre un peu trop mon torse plus que mon visage) de nous deux, que je t’envoie avec la phrase Besoin de câlin. Une fois le tout envoyé. Je soupire et vient gratouiller la tête de mon lapin qui est docilement installé sur mes genoux, attendant sagement que je lui donne sa coriandre du soir. Restait plus qu’à espérer que ça attirerait ton attention, hein? Avec un peu de chance, te voir réussirait à calmer un peu ton besoin de texter, non? Enfin pas que ça me dérange que tu me textes. Mais j’aime aussi pouvoir avancer mon travail, et je me demande si je devrais m’inquiéter pour toi, à ce point-ci. Et puis de toute – nous revoir nous fera du bien.

Et- comment pour m'assurer que le message passera, j'ajoute ensuite un lien vers cette déclaration très scientifique qui dit qu'on a besoin de 4 câlins par jour...

(https://www.forbes.com/sites/christinecomaford/2020/08/22/are-you-getting-enough-hugs/?sh=792e260368da)

Hey oui; j’ai programmé pendant la courte attente la caméra de ma porte d’entrée pour qu’elle te reconnaisse, et qu’elle se déverrouille toute seule. J’ai ce petit côté théâtral que j’aime exploiter en ce moment… passons. Est-ce qu’éventuellement cela allait se retourner contre moi? À voir. En tout cas, en ce moment, je reçois pleinement tes salutations, mais je ne me contorsionne pas tout de suite pour te regarder; me voilà qui, plutôt, pose ma main sous le pompon de mon lapin pour l’inciter à quitter la sécurité de mes genoux et de retourner dans son enclos d’un seul bond. Vraiment, les lapins sont des animaux fascinants, et puissants. Mais je n’ai pas le temps de m’épandre sur leur grandeur que je dois réceptionner ton câlin, chose qui me fait rire, évidemment, mais c'est pour cacher que ça me rend si, si heureux.

Et pourtant-

Pourtant, je ne saurais m’en contenter.

Alors je me redresse dans mon canapé, je me tourne pour glisser mes bras sous les tiens. On pourrait croire là que je ne faisais que te rendre ton étreinte un peu maladroite, mais il n’en était rien. Mes mains vinrent se joindre solidement derrière ton dos, et puis tout se mis à bouger vite; une torsion puissante de mes bras alors que je te fais basculer au-dessus du dos du canapé, te posant un peu vivement sur les coussins, sous moi -évidemment- et, alors que le ciel et la terre reprennent leur place dans mon champ de vision, mon œil valide prend assise dans ton regard. Je viens, plus doucement, poser mon front contre le tiens, pour sentir ton souffle contre ma joue et pour me dire et si j’osais, parce que nos lèvres sont si proches que nous pourrions nous perdre dans un baiser. Mais plutôt, je viens souffler : « Mon sauveur » et, un petit rire soufflant à travers mes dents, je viens enfin coller mon corps contre le tiens, espérant ne pas trop t’écraser sous le poids de mon corps, alors que ma tête vient plutôt venir se reposer dans le creux de ton cou, dans un contact si entier que je ne peux que soupirer d’aise.

Ton enthousiasme, pour un câlin de rien (mais pas n’importe quel câlin) me fait du bien à l’âme. Certes, c’était de base un petit stratagème pour te faire sortir de ton travail et pouvoir te voir, mais qu’importe, la bonne humeur que tu entraines dans cette action est tout ce dont j’ai besoin pour me rappeler que tout ça a un sens. Je cache mon sourire satisfait dans ton cou alors que je remarque la petite rougeur de tes joues – heureux de savoir que la mienne est majoritairement cachée par ma barbe en croissance constante. Et puis- on un petit rire de rien, un rire pas bien méchant, alors que tu me demandes si je suis bien installé. Je me cale un peu plus contre toi, si c’est même possible, m’arrange pour ne pas t’écraser en pivotant un peu sur le côté, mes bras autour de toi comme pour te protéger d’une chute hors du canapé qui peine à contenir nos deux corps allongés. « Très bien, merci » que je souffle d’une voix grave, un soupir bien satisfait quittant mes lèvres. Et puis, avec une pointe d’hésitation; « et toi? » parce que bien sûr, j’ai pensé à mon confort avant le tiens. C’est comme ça; une fois et mille fois, je fais la même erreur. Alors je détache quelque peu mon visage de tout cou pour te regarder un peu; le brun de tes yeux qui m’emprisonne comme une mouche attirée par le miel.

Je suis tes bras autour de mes épaules et je serre mon emprise; tes doigts passent dans mes cheveux et je ne peux faire autre chose que de fermer les yeux et de poser mon front contre le tiens. Ce n’est que lorsque que tes doigts quittent ma chevelure que je me rends compte de notre proximité – enfin, plus précisément, celle de nos lèvres. Il ne suffirait que d’un petit centimètre pour que le contact ne se fasse. Mais c’est quelque chose de trop important pour faire à la va-vite, pour le voler sans penser aux conséquences. Alors plutôt, je prends la parole pour dire un peu n’importe quoi, un filet décousu de pensées et d’émotions. « J’ai passé des millénaires sans plus avoir des lèvres » dis-je simplement; parce que depuis qu’on m’a puni et arraché à mon corps, je n’avais de visage qu’un œil. « Mais je me souviens un peu de comment c’était, avant » la voix est douce, même si un peu triste, parce qu’après tout, tous ces souvenirs n’étaient pas bons. « Je me souviens…  »ma voix traine légèrement alors que je bute sur le meilleure formulation. « d’un jeune scientifique un peu fougueux, qui m’a embrassé, un jour » Je coule mon visage à nouveau dans ton cou – bougeant pour cacher mon léger tremblement. Mais tu sais sûrement que je parle de toi (qui d’autre?).

« Ce jour-là, je n’avais pas réciproqué- » et puis, qu’est-ce que ça changeait, dans nos vies? Tout, j'ai l’impression. Mais à cette époque là j’avais autre chose en tête que de vouloir poursuivre une relation avec toi, qu’importe à quel point je te respectais et que je chérissais nos moments ensembles. Et puis après – après je n’en avais plus, des lèvres, pour réciproquer. Ma main libre vient glisser le long de ton dos d’un mouvement passif, autant pour te cajoler que me forcer à me concentrer sur ce que j’essayais de te dire. « Je sais que tu viens juste d’arriver ici. QU’on vient juste de se retrouver. Mais Jackalope- » oh, comme ce surnom est doux quand je le prononce. Je me retire un peu de contre toi, et j’affronte tes yeux, ton regard comme je le peux. Brièvement, tout juste un moment. « J’espère que tu me laisseras, éventuellement, le droit de rectifier cette erreur » et puis je te serre contre moi de manière à déposer ta tête contre mon torse – un mouvement protecteur qui me rassure, moi.

« Si je me souviens bien, Jackalope, tu préfères avoir un peu chaud que froid. Si je ne me trompes pas, alors on peut dire que c’est un heureux hasard » dis-je, un sourire amusé s’étirant sur les lèvres qui sont, pour le moment, cachées quelque part contre toi. Un canapé ce n’est pas grand-chose pour contenir deux hommes, après tout – ici on est à renfort de jambes entremêlées et de corps collés, si bien que je ne sais plus trop où je fini et où tu commences. Mais ce n’est pas un mal – je me rends compte que même si j’avais prétendu vouloir te leurrer ici juste pour faire cesser le vrombissement incessant de mon téléphone portable, ce contact m’avait manqué. Peut-être que c’est simplement parce que nous avons passés -moi, quatre ans, toi… bien plus longtemps- sans pouvoir nous voir, et combien de millénaires depuis la dernière étreinte…

Et puis- le rappel cruel de qui je suis, de qui j’ai été. Je laisse malgré moi un petit soupir m’échapper – pas par fatigue de ta question, mais plutôt parce que mes comportements passés me laissent las. C’est ce corps humain, je crois, qui me fait vivre une mortalité que je ne vivais pas avant. Facile de ne pas être fatigué de soi-même quand on a des millénaires devant nous, non? Je murmure; « Oui, normal, malheureusement. On peut dire que j’étais… brutal dans mon désir de prioriser » est-ce qu’on peut vraiment dire que j’ai changé, au fond? Peut-être pas. Et pourtant, me voilà là, dans mon salon plutôt que dans mon laboratoire, et tout aussi. Ironique, n’est-ce pas, que la seule chose qui puisse nous faire sortir de nos laboratoires respectifs… c'est un peu la promesse de l’autre? « Au début, je me disais qu’on avait tout le temps du monde devant nous, alors j’ai repoussé toujours à demain » honteux – qu’on puisse penser repousser la vie à plus tard, indéfiniment, le temps d’accomplir quelque chose. Et au sénat, les tâches n’en finissaient plus de finir; il y avait toujours une nouvelle cause à chapeauté, dans notre monde imparfait.

« Et puis j’ai dû commencer mettre les bouchées double, au Sénat » je n’ai pas besoin de te le dire; tu étais là. Peut-être pas pour me voir plaider pour la cause de Megatron, mais à cette époque-là, on avait tous comme rêve une Cybertron plus égalitaire, plus libre. « Et puis on a dû se choisir un camp… » pas besoin de dire le reste; on m’a puni pour mon choix, et malgré cela tu étais a mes côtés. S’il y eu bien un moment où j’aurais dû comprendre… peut-être que ça aurait dû être là. Mais les choses n’ont pas adonnées dans ce sens-là. « Et puis c’était la guerre, et après- » petit moment de silence que j’espère ne pas être trop inconfortable. « et après- c’est flou. J’ai l’impression que je suis mort, mais comme je suis ici, ça ne doit pas être le cas. Un tour joué par mon esprit, même si pour toi ça a été bien réel. » Je viens glisser mes doigts dans tes cheveux – comme pour te garder prisonnier de moi, d’ici, mais la caresse un peu mécanique que je fais en entremêlant mes doigts dans tes boucles a surtout le don de ma calmer moi.

« Mais maintenant » dis-je d’une voix quelque peu éraillée, me raclant la gorge délicatement pour ne pas te faire sursauter; après tout mes lèvres son si près de ton oreille. « J’aimerais faire de -toi- ma priorité » nouveau soupir, un peu plus profond celui-là. « Je ne crois pas que j’ai le droit de le demander. Te reléguer au second plan était une erreur de calcul de ma part, et je ne crois pas comprendre pourquoi tu voudrais me laisser une chance. Mais les choses sont telles; j’ai une chance et je ne compte pas la gaspiller- parce que tu m’es important, Jackalope. La guerre est derrière nous. C’est mille fois trop tard et mille fois trop peu- »

Et puis je ris. Pas très fort, mais sans prévenir. « Oh, pardon. Ce n,est rien que tu ne sais pas. Mais je t’aime Jackalope, et un de ces jours je t’embrasserai. Bientôt. Mais pas là. Fouille moi pourquoi, j’ai l’impression que ça en perdrait de sa valeur. Et puis, peut-être est-il mieux d’y aller tranquillement » aah, oui; cette prison humaine et ses dératées en matière de promiscuité. Pas besoin de faire un dessin, j’aimerais simplement être à la hauteur de… hey bien, mes attentes envers moi-même. Qui sait; peut-être qu’un bisou de rien, volé sur un coin de table, ça t’irait. Mais comme toujours, j’ai ce besoin de grandeur…

« Vrai » dis-je simplement, traçant machinalement des arabesques dans ton dos du bout de mes doigts. Distraitement; sans but, et pourtant mes doigts tracent des motifs parfaitement symétriques. Mais je ne sais pas que tu t’aies modifié pour ne plus le ressentir, le froid – ce n’est, après tout, pas si loin de ce que moi je me suis fait, par le passé. Dans le sens que c’est une procédure semblable – parce que soyons réalistes, le résultat est loin d’être le même, et qu’il serait malhonnête de ma part de les comparer plus que ça. J’entends tes mots et il me prend un petit moment avant d’en comprendre la portée. Parce que la mort était bien plus une certitude pour les humains que les créature mécaniques que nous étions. Et je comprends qu’il en revient à moi de te rassurer; « Qui sait » pas moi, certainement pas- « tu as déjà retrouvé ta forme cybertronienne. Si ça se trouve, ta vie s’en retrouve allongée. Moi-même j’ai remarqué que mon corps semble… jeune? » hésitation de ma part qui me fait grimacer, parce que ça ne me ressemble pas de devoir chercher mes mots, mais avec toi je semble être en quête perpétuelle de la bonne chose à dire. « J’ai vu des gens vieillir en quatre ans, mais pas moi. Peut-être que c'est à cause de notre longue longévité. Peut-être qu’on aura de longues vies, ici. » Oh- ce ne sont que des peut-être, et je n’aime pas trop fonctionner en dehors des absolus, alors je change de tactique, maintenant que le chemin est ouvert; « ce que je sais, par contre, c’est que peu importe le temps que nous aurons – nous pourrons en profiter. Vraiment »

Je n’aborde pas la question évidente d’un éventuel retour à Cybertron – parce que si nous faisons le pas, il n’est pas certain que j’y retrouverai la vie. Alors vaut mieux pas y penser, non. Parce que là-bas, si la vie y est plus longue, elle y est aussi synonyme de solitude, pas vrai? Alors vaut mieux remplir ta vie maintenant, pendant que je peux, pendant que je profite de ma deuxième chance. « Si ça se trouve, dans ces nouveaux corps, on est ajusté pour le temps. Il passe plus lentement, il me semble » et puis- un silence qui m’est confortable s’installe entre nous deux, mais je sais que toi tu spirales un peu dans ta tête avec les inquiétudes de demain. Je les ressens et je les comprend, mais pour le moment il n’y a rien de plus que je puisse faire pour toi, pour nous. Tout ce que je peux faire, c'est promettre de faire des inventions en ce sens; parce que ce corps humain faiblira, mais que la force de nos esprits, elle, ne se ternira jamais. Après tout, n’avais-je pas l’intention de projeter ma conscience dans un être robotique avec le dispositif psychique cortical? C’est la raison de mon intérêt pour la reprise de cette invention, après tout. Il ne m’est pas impossible de continuer de l’avant avec cette invention, après tout, maintenant que je sais qu’elle fonctionne.

Et puis- et puis tu ris. Mes doigts se serrent autour de toi avec tendresse; ton rire est tout et tu ne le sais même pas. Et moi – moi je n’ose pas te le dire, de peur que ça en ternisse le tintement. « Quoi? » dis-je, plus par amusement que par incompréhension, soyons clairs. « Ça manque de romantique, peut-être? » que je souffle – réelle question, celle-là. Mais tu me connais, je me connais. Je dois assumer toutes les variables, même si je me meurs d’envie de régler la situation maintenant. Mais une meilleure occasion se présentera, je le sais. Bientôt, en plus. Si j’avais mon corps robotique – alors je pourrais… non, ce serait probablement une mauvaise idée de partager mon spark avec toi. Pas par peur de l’intimité – bien parce qu’il est teinté par Cheetor et que j’ai- peur? Que tu le sentes en moi. Que tu le vois comme une trahison, peut-être… non, je crois que pour le moment, le fait que je ne puisses pas prendre ma forme cybertronienne est peut-être une bénédiction.