What if I don’t run, this time? What if I stayed, and let feelings overtake me? No, that’s a terrible idea. I would get hurt again, we always end up being hurt in one way or another.
Tout semblait bien se passer aujourd’hui. Il faisait beau et Manon s’était vue sortir son nouveau chapeau. Une petite merveille de chez Gucci, un modèle inspiré des années 1930 en paille noire avec un nœud en satin de la même couleur, un classique. Manon adorait la façon dont cette texture rappelait celle de sa ceinture, ce qui mettait d’autant plus sa robe Chanel blanche aux fins motifs noirs en valeur. Certes, tout le monde n’avait pas forcément 520 dollars à mettre dans un chapeau, mais c’était un sacrifice que Manon était largement capable de faire si cela pouvait donner la touche finale à une tenue qu’elle avait soigneusement préparé.
Contrairement à ce qu’on pense, la façon dont on s’habille
est une réflexion de notre mentalité, notre personnalité, et nos valeurs.
C’est de l’art.
Et aujourd’hui, l’art se devait de s’accompagner d’un
Iced Brown Sugar Oat Shaken Expresso de chez Starbucks. Rien de très extravagant, simplement un délicieux expresso marié à du lait d’avoine et du sirop saveur sucre doux, la base d’une bonne matinée en plein air sur les bancs du campus.
Elle déposa son café glacé à ses côtés, délicatement, et une fois qu’elle fut certaine qu’il était stable, elle sortit son ordinateur portable – qui n’était pas moins élégant que tous les autres accessoires qu’elle pouvait porter.
D’ordinaire, il n’y avait pas beaucoup de monde dehors, à cette heure, et c’était bien ce que Manon recherchait. Elle ne travaillait que la moitié de la semaine à la faculté mais c’était suffisamment éprouvant de se retrouver ici, dans un campus accueillant combien de centaines d’élèves ? Des humains, pour la plupart. Des humains qui rendaient Manon particulièrement nerveuse et hostile.
Elle ne les aimait pas, pour de nombreuses raisons. Chacun des traumatismes de sa vie étaient directement ou indirectement liés à eux. Trop nombreux, trop instables, trop imprévisibles, ils peuvent se retourner contre vous avant même que vous ne compreniez pourquoi. Mais ils étaient là… et elle devait vivre avec. Faire ce qu’elle pouvait pour atténuer ces sonnettes d’alarme qui hurlaient constamment quand l’un d’entre eux venait lui adresser la parole, et se réfréner chaque fois qu’elle voulait les rendre misérables.
Parce qu’elle le pouvait. Elle l’avait déjà fait.
Elle avait harcelé et humilié cette fille qui avait cru bon de s’inscrire à l’Institut Xavier sans même qu’elle ne soit mutante. Elle l’avait trainée dans la boue, l’avait intimidée, s’était acharnée… Cela faisait si longtemps, maintenant, mais personne n’oubliait vraiment. C’était peut-être la cause de son impopularité aujourd’hui. On l’évitait, on la fixait mais on ne lui adressait jamais la parole.
Ce n’était pas plus mal, elle pouvait maintenant rédiger cet essai en paix.
Elle avait juste à se concentrer, boire une petite gorgée ici et là, et ignorer ce que ce groupe d’étudiants commençaient à préparer. D’abord il n’y en avait que deux, qui avaient ramené des chaises. Et puis deux autres, avec des palettes. Et puis encore quelques-uns, avec des boites et des cartons… ce petit défilé n’avait l’air de rien au début, alors Manon n’y fit pas trop attention. Cependant, très vite, ils devenaient un petit peu bruyants. Ils riaient, récitaient ce qui semblait être une tirade de théâtre, avec toute l’intonation d’un auteur classique… Bon sang, elle pensait qu’elle avait été la seule à penser profiter de ce beau temps ce matin ! Certes, il était connu depuis quelques semaines que les étudiants d’arts dramatiques préparaient un spectacle pour la fin du printemps, mais tout de même ? Il fallait qu’ils répètent ici ? Aujourd’hui ? Ce matin ?
Manon fit de son mieux pour les ignorer. Elle enfonça des écouteurs dans ses oreilles, elle se concentrait sur son écran, et elle souffla…
beaucoup.
« Je n’entends rien… » se murmura-t-elle pour elle-même.
« Et rien n’entachera cette belle matinée. »Elle inspira.
Je l’ai promis au professeur… plus de vague, plus de drama.