« SOS dépannage, à votre service ! » Le sourire aux lèvres, la motivation aussi sautillante qu'un petit écureuil londonien un jour de printemps, c’était une belle journée qui s’annonçait pour moi. J’aimais beaucoup me rendre utile en réparant tout ce qui pouvait l’être… c’était moins merveilleux que de sauver l’humanité entière d’une quelconque fin du monde, mais c’était assez satisfaisant pour me donner le sourire.

Depuis que je faisais ce travail, j’avais parfois l’impression que la vie me souriait, elle aussi, comme si la bonne humeur était contagieuse et capable de pousser le destin à amener de bonnes nouvelles… j’avais ainsi pu retrouver mon tournevis sonique, mon papier psychique et mon TARDIS… bien sûr, tout n’était pas parfait et je n’avais encore jamais réussi à quitter cette île ni même à voyager dans le temps avec mon TARDIS, mais j’étais déjà très content d’avoir retrouvé tout cela.
Et puis, j’avais aussi rencontré des personnes de toutes sortes, dont certaines m’avaient laissé un sentiment agréable… certains étaient des clients, d’autres des rencontres faites au hasard, j’avais même eu l’occasion de croiser la route d’un autre moi-même qui s’ennuyait terriblement ici. Il était vrai que ça manquait un peu de peps et d'action...

Pour ma part, ce qui me manquait le plus, c’était d’avoir un compagnon ou une compagne d’aventures… mais comme il n’y avait pas vraiment d’aventures, ce n’était peut-être pas un besoin. C’était plutôt comme une envie. Je n’aimais pas la solitude, ça ne m’avait jamais plu… Il y avait tellement de choses à voir, à découvrir et à visiter, partout dans l'univers et à travers tant d'époques... c'était réellement dommage de ne pas pouvoir partager cela avec quelqu'un. Très dommage.

Aujourd'hui, j'avais été envoyé pour régler une procédure de sauvegarde de tout le système de sécurité de chez Pop's. Je n'avais jamais mis un pied dans cet endroit, mais c'était toujours intéressant de découvrir de nouveaux lieux. Cette île regorgeait de surprises et de centres d'intérêt. Je n'étais pas encore parvenu à tout parcourir ni à tout voir, mais ma curiosité n'avait jamais faibli. Et puis, honnêtement, j'adorais ça, pouvoir découvrir des choses ! Avant d'arriver ici, il m'était trop souvent arrivé de connaître la suite des événements et de devoir me taire ou ne pas agir...

Les cafés, bars, restaurants et boîtes de nuit, ce n'était pas vraiment des lieux que je fréquentais assidument. Mais, encore une fois, m'y présenter avec le sourire aux lèvres et les coeurs légers, c'était un peu la base.
Je poussai donc la porte de chez Pop's avec l'air d'avoir gagné le gros lot à la tombola du quartier.

« SOS dépannage, à votre service ! » claironnai-je à voix haute et claire.
Il n'y avait pas grand-monde à cette heure, je supposais que c'était une des raisons pour lesquelles je devais intervenir maintenant et pas plus tard.
Je disposais de toute une série de cartes de visite dans ma poche et j'en déposais un paquet à l'entrée, là où s'en trouvaient déjà pour toutes sortes de services.

J'avançai ensuite de quelques pas, regardant autour de moi comme un enfant émerveillé. La déco était faite pour pousser les clients à rester un moment, c'était certain ! Rien que le plafond... j'étais subjugué... à tel point que je ne vis pas la serveuse qui était là, surgie de je ne sais où, et que je venais de bousculer...
« Désolé, je... » Mes yeux se posèrent alors sur elle. Plus petite que moi. blonde. De grands yeux. Un sourire à tomber.
Je l'aurais reconnue entre mille... « Rose ? Rose Tyler ! »

« Je suis tellement heureux de te revoir ! »

Oh pour ça, oui, j’étais heureux ! Le plus heureux des seigneurs du temps, le plus heureux des êtres vivants… Elle me lâcha puis me reprit dans ses bras… J’aurais aimé l’inviter à me suivre dans le TARDIS et partir au bout de l’univers pour visiter des trucs géniaux et super cool…

Rose Tyler était sans doute l’être humain que je préférais dans tous les univers. Bien sûr, j’avais créé des liens avec beaucoup de gens, mais c’était sans doute bien cette humaine-là avec qui j’avais tissé la relation la plus intense. J’avais toujours pu être n’importe où dans le temps et dans l’espace, mais c’était pourtant bien vers Rose Tyler que je m’étais bien souvent rendu lors de mes visites sur Terre.

Il m’avait toujours semblé que la vie et le destin s’étaient un peu joués de nous lorsque j’avais dû laisser Rose avec mon double. Alors, très clairement, retrouver mon amie ici, c’était inespéré et tellement bon ! Tout comme pouvoir la serrer contre moi…
« C’est tellement parfait ! »

Les retrouvailles, c’était quelque chose que j’aimais beaucoup. Il y avait un tas d’émotions qui se bousculaient, c’était tellement… wow, c’était de vraies retrouvailles. Il n’y avait pas d’autre mot à ma connaissance, dans tout l’univers, pour expliquer ce que c’était.
Ce fut son tour de me serrer bien fort… un câlin de Rose, c’était aussi intense que puissant. Ce qui se passait, c’était quelque chose qu’aucune technologie n’avait jamais pu reproduire. Et quand Rose s’y mettait, il se passait toujours des choses inexplicables… enfin, pour moi, parce que c’était des choses humaines, peut-être, et que même si je fréquentais les humains depuis longtemps, je ne parvenais pas toujours à décoder tout ce qui se passait dans les relations humaines et dans les échanges qu’il y avait entre les êtres humains. C’était aussi impressionnant que c’était subtil…

Et dans le bureau où je la suivais pour me rendre là où l’on avait besoin de moi, et je m’installais pour prendre les choses en main. C’était le moment idéal pour écouter Rose et elle commença par me lancer une petite pique, pas bien méchante, sur ce moment que j’avais bien longtemps regretté… cet instant qui avait tout changé… qui avait fait de nous deux êtres séparés, dans deux mondes parallèles différents… J’avais toujours continué à penser à Rose, après cela… je n’avais pas pu faire autrement, j’avais vécu beaucoup de choses avec elle et cette séparation avait été très difficile à vivre…
« Je… » Que répondre à cela ? Je ne savais pas par où commencer, parce qu’il était impossible de ne donner qu’une seule réponse… parce que j’avais beaucoup de choses en tête, parce que tout cela n’avait fait que tourner en rond dans ma tête durant pas mal de temps… J’étais désolé de cela, bien sûr, mais ça ne me semblait pas être des mots assez forts… ce n’était pas suffisant pour lui faire comprendre à quel point cela m’avait fait du mal, à moi aussi…
Je ne dis rien, parce que c’était compliqué et que rien n’aurait pu être assez bien formulé pour sembler sincère et satisfaisant… ça me parut même très bien quand elle commença à m’expliquer tout ce qu’elle avait à dire.

Alors… Rose aussi était arrivée suite à cette étrange lune rouge… Elle avait raison, tout le monde était arrivé ici à ce moment-là, ou à peu près, et ce qu’il y avait eu avant cela, c’était comme si c’était une autre vie… Mais Rose m’expliquait aussi, et surtout, qu’elle n’avait pas pu vivre vraiment dans le monde parallèle, avec mon double. J’aurais aimé avoir le point de vue de mon double sur leur vie, en fait, peut-être que ça aurait été très intéressant pour moi mieux comprendre ce que ça avait pu être…

« Tu sais que j’aurais aimé que tu puisses rester avec moi, Rose… vraiment… » J’avais un peu de mal à trouver les mots, parce que je n’avais jamais envisagé pouvoir un jour les lui dire… mais oui, j’aurais vraiment aimé rester avec Rose pendant tout ce temps. « Ça n’a jamais plus été pareil… »
Concernant Jackie, l’amour, la famille… j’étais content d’apprendre tout cela, tout ce bonheur, mais ce n’était pas ce qui m’intéressait le plus. Mais j’espérais la même chose que Rose, en fait… que sa mère puisse être rassurée, d’une façon ou d’une autre…

La vie de Rose sur l’île, ça ressemblait assez à sa vie à Londres, avant que je ne la rencontre, avant que mon ancien moi ne la rencontre. Elle semblait s’être vite adaptée à cette nouvelle vie et elle ne semblait pas malheureuse. C’était le plus important, non ? « Tu as l’air… tu es comme tu as toujours été ! C’est bon de te retrouver ! »

Par rapport à sa question, je dus me sortir la tête de sous le bureau, pour mieux la regarder et parce que, de toute manière, je pouvais effectuer la tâche demandée par son patron sans avoir à être très concentré.
« J’ai passé certains endroits au tournevis sonique, je n’ai rien trouvé de suspect… pas de complot extra-terrestre à démanteler pour l’instant… Mais je suis sûr que tout cela cache quelque chose ! » Je menais l’enquête à ma façon, plus ou moins discrètement, en arpentant toute l’île pour réparer des choses un peu partout. Cela me permettait d’avoir un œil sur une bonne partie des infrastructures de l’île et de la ville. Mais si une quelconque population alien était derrière tout cela, elle était furtive et discrète… « Tu n’as rien remarqué de particulier ? J'ai croisé une de mes régénérations, mais il n'avait rien trouvé non plus... »

Les retrouvailles, c’était bien quelque chose qui était capable de chambouler tout ce qu’on pensait être établi… Entre euphorie, nostalgie et tant de sentiments tellement humains, j’avais parfois un peu de mal à m’y retrouver. Peut-être, même, que le fait d’avoir été humain pendant quelque temps avait fait de moi un Seigneur du Temps plus à même de comprendre le cœur de la nature humaine.
Rose Tyler était capable de me rendre nostalgique et triste… par son absence, surtout. C’était en ces circonstances que j’avais découvert à quel point je m’étais attaché à elle et à quel point les regrets pouvaient rendre la vie difficile à vivre.
Rose Tyler était capable de me rendre euphorique et joyeux, par sa présence, par sa manière d’être et par sa personnalité solaire et rayonnante. Son sourire m’avait manqué, beaucoup trop.

Alors, oui, forcément, retrouver Rose, c’était un grand moment pour moi et je m’étais juré de ne jamais plus me séparer d’elle aussi longtemps. Cette île avait le pouvoir de me rendre mon amie, la meilleure. Et je me sentais très reconnaissant pour cela.
Par exemple, quand nous étions sur la même longueur d’ondes au point de dire la même phrase en même temps, c’était quelque chose d’inédit, quelque chose qui ne se produisait pas avec tout le monde. Non, ça n’avait plus jamais été pareil. Et je n’avais jamais plus osé espérer que ça puisse revenir un jour. Mais non, je n’oublierais pas, même si je me tus.

« J’espère bien que tu ne changeras jamais ! » C’était telle qu’elle était que je l’affectionnais. Rose Tyler était une personne vraie et entière. C’était peut-être ce que j’aimais le plus chez elle, au fond… en tout cas, ça faisait clairement partie de ce qui la définissait à mes yeux.

La joie de la retrouver, le bonheur de pouvoir lui parler… j’en aurais presque oublié que j’étais ici pour travailler ! D’ailleurs, cela faisait quelques minutes que je laissais mon tournevis sonique œuvrer sans que je ne m’en mêle.
« Tu ne penses pas qu’il y a quelque chose qui mériterait qu’on s’y intéresse ? » Toutes ces personnes rassemblées, tous ces êtres humains qui ne semblaient pas en savoir plus que nous sur ce qui se passait… C’était quelque chose qui m’interpelait et j’avais presque envie de découvrir une machination alien pour trouver une raison d’être à toute cette histoire. « Ça me fait penser aux prisons daleks. »
Sur certains points seulement, mais on ne savait jamais, avec eux, ils étaient capables de tellement de choses !
« J’ai l’impression qu’il faut enquêter !» dis-je avec un immense sourire. C’était avec des enquêtes de toutes sortes que nous avions pu vivre un tas d’aventures de toutes sortes, Rose et moi.
Dès qu’il se tramait quelque chose, dès que l’on avait cette étincelle de certitude que ça cachait quelque chose… c’était le début de nouvelles situations aussi rocambolesques que géniales. J’aimais tellement ça !
« Ah ! je suis sûr qu’il y a quelque chose à découvrir… Mais c’est difficile de savoir par où commencer… Et je n’ai pas beaucoup d’indices… » Je lui révélais tout de même l’endroit où je vivais ici, parce que, très sincèrement, ce serait super de voir Rose débarquer chez moi un de ces jours. « J’ai emménagé dans un quartier où il y a un peu de tout… je ne m’y sens pas trop mal : Hogwarts Place. »
J’y avais un appartement, des voisins, une vie normale… ou presque. J’avais toujours le TARDIS. Je n’aurais pas pu m’en séparer, de toute façon, j’avais vécu tellement de choses avec ce vaisseau… et je ne voulais pas qu’il puisse tomber entre de mauvaises mains.

Mais le TARDIS n’était pas aussi puissant et efficace que ce qu’il avait été. Depuis que j’étais sur cette île, les voyages en TARDIS étaient un peu plus limités… C’était une force qui dépassait de beaucoup tout ce qui était connu au niveau des technologies et des intelligences… L’île était un monde à part, dont on ne pouvait pas sortir, ni dans le temps ni dans l’espace.
« J’ai toujours le TARDIS, bien sûr ! je l’ai caché, mais je n’ai pas encore réussi à le faire voyager en dehors de cette île… Ni dans le futur… et à peine trois ans dans le passé.» Je me grattais l’arrière du crâne. En réalité, j’avais un peu l’impression que dans ce contexte, mon TARDIS n’était plus que l’ombre de lui-même… Comme si c’était une copie ou une version amoindrie… commandée sur Wish, comme disaient les gens d’ici.
« Tu accepterais de voyager à bord d’un TARDIS un peu moins impressionnant qu’avant ? »

Il était difficile d’imaginer une Rose différente de celle que j’avais connue, de celle que je retrouvais aujourd’hui… Rectification, c’était même tout simplement impossible. Rose Tyler était une fille honnête et entière (j’avais presque envie de dire « pure »), une humaine comme je ne pouvais que les apprécier… Je m’étais efforcé de ne jamais oublier comment elle était, parce que penser à elle m’avait toujours permis de me sentir si pas bien, au moins mieux. Rose avait été un point fixe, une attache émotionnelle pour moi et je m’étais habitué à son omniprésence dans mes pensées. Elle avait été ma meilleure amie, ma compagne de voyages et d’aventures, mon humaine préférée… Alors, forcément, je ne pouvais qu’être heureux de la retrouver telle qu’elle était.
J’avais beau avoir passé de très bons moments avec Martha, puis avec Donna… ce n’était pas la même chose. Mes deux cœurs s’étaient habitués à la présence de Rose. Et lorsque j’avais dû la laisser dans un monde parallèle, en compagnie de mon double humain, même si au fond de moi je savais qu’elle était entre de bonnes mains, j’avais dû vraiment me forcer pour pouvoir la laisser comme ça et m’en aller… Ce jour-là, j’aurais tellement aimé pouvoir faire demi-tour, la récupérer, l’emmener avec moi… Mais il était obligatoire que j’agisse de la sorte… Quand on avait comme moi des responsabilités par rapport à l’univers, certains sacrifices étaient indispensables… mais à quel prix ?
Partir et ne pas se retourner. Jamais… Partir et souffrir en silence… Partir et subir l’absence… Je n’avais pas vraiment eu le choix et c’était bien ça qui avait été le plus difficile… Quand on avait le choix, on pouvait renoncer plus facilement à ce qu’il fallait, mais quand on ne l’avait pas, on se retrouvait avec des regrets, des remords et avec un profond sentiment de vide…

J’avais une seconde chance. Retrouver Rose, c’était la meilleure chose qui pouvait m’arriver. Je ne pouvais pas la perdre. Alors, je comptais bien ne pas laisser passer cette occasion en or de passer du temps avec elle. Si je n’avais pas été aussi zélé dans mon travail, j’aurais fait en sorte de devoir revenir tous les jours chez Pop’s pour mettre le plus de temps possible pour réaliser ce que j’étais censé faire et pour être le plus longtemps possible avec Rose Tyler.

Et si cette île était justement ce dont nous avions besoin, elle et moi, pour pouvoir vivre à nouveau des aventures rocambolesques et percer des mystères que personne d’autre ne remarquait ?

« C’est vrai ! Aucun dalek ne dispose d’assez de ressources pour créer quelque chose d’aussi bien pensé… » Mon esprit tiqua une seconde lorsqu’elle dit qu’elle s’intéressait toujours aux hommes en premier. Avec les humains, parfois, c’était un peu compliqué de savoir s’ils parlaient de l’humanité ou des mâles de leur espèce. Mais je ne dis rien. Rose était une philanthrope. C’était les êtres humains qui l’intéressaient avant tout. « Tu as bien avancé dans ton enquête, dis donc ! C’est vrai que tu es à un endroit clef pour interroger tout le monde sans en avoir l’air… Quand je pense que je répare toutes sortes de choses pour pouvoir voir de l’intérieur comment fonctionne cet endroit et ce qu’il peut y avoir de suspect… »

Rose avait trouvé une façon bien à elle d’utiliser ses propres ressources, ses qualités, pour essayer d’obtenir des réponses. Je la reconnaissais bien là : elle avait toujours trouvé des façons moins alambiquées que moi pour trouver des pistes.
Mais ce qui était vraiment parfait, à mes yeux, c’était qu’on puisse être, après tant de temps, sur la même longueur d’onde. D’une certaine manière, c’était un peu comme si on ne s’était pas quittés aussi longtemps. Et ça, ça me faisait quelque chose.

J’eus un énorme sourire face à la spontanéité dont elle fit preuve par rapport au TARDIS. « J’avais un peu peur de ta réaction… mais oui, c’est une situation bizarre, même pour elle.» Souvent, je disais « Le TARDIS » mais Rose avait raison, on savait tous que, vu la perfection du TARDIS, ce ne pouvait qu’être une entité féminine.
Mais Rose avait surtout du génie. Et son idée me plaisait énormément. Revenir au jour où tout a commencé. Revenir à cette lune rouge, pouvoir tout observer, tout analyser…
« J’adore l’idée ! Tu es brillante, Rose Tyler ! J’adore ça ! »

Avec le temps et les événements, beaucoup de gens changeaient. Oh, pas forcément de gros changements, mais des changements perceptibles tout de même. Certains se renforçaient, d’autres se méfiaient et se protégeaient, d’autres encore préféraient profiter de la vie à deux cents pour cent… mais il y avait parfois des personnes pas comme les autres, des individus à part, exceptionnels, qui restaient toujours eux-mêmes, quelles que soient les circonstances.
Rose était de ces êtres d’exception. Après tant de temps sans la voir, je la retrouvais telle que je l’avais connue, telle que je l’avais laissée… Et ça m’apportait une telle joie que je devais avoir le même sourire qu’un enfant devant un sapin de Noël au pied duquel se trouvait tout un tas de cadeaux.

Nos retrouvailles étaient riches en émotions, belles à vivre et sans doute belles à voir, aussi. Je n’avais pas osé espérer vivre cela et voilà que ça avait lieu… Cette île qui regorgeait de mystères et de secrets était également une manière géniale de renouer avec son passé et de retrouver des personnes qui nous manquaient. C’était une chance, sans doute, d’avoir atterri ici.

« Peur que tu sois déçue, en fait… » Qu’il s’agisse de voyages dans le temps ou dans l’espace, Rose avait eu droit à des pérégrinations en tous sens, sans aucune limite… alors, une partie de moi craignait de la décevoir en lui apprenant que le TARDIS était "coincé" dans cet endroit et cet espace temporel, comme si tout le reste avait disparu ou n’avait jamais existé. « J’ai envie de croire que ce n’était pas ton imagination et que le TARDIS a continué à garder un œil sur toi… même si c’était sans me le dire. »

Mon vaisseau était doté d’une personnalité qui le rendait aussi attachant que possible… Et je savais bien que quand on vivait des choses très fortes avec le cœur du TARDIS ou avec des âmes humaines, il y avait toujours des traces qui restaient quelque part. Peut-être que c’était ça que Rose avait pu sentir…

Le sourire de Rose valait tous les pourboires possibles et imaginables. J’aurais été prêt à beaucoup pour voir ce sourire tous les jours, à chaque moment possible. Mais pour l’instant, je profitais juste du moment présent, je sauvegardais mentalement tout ce que je pouvais, de peur de devoir de nouveau perdre Rose de vue. Je ne le voulais pas. Plus jamais.
Cependant, toutes les bonnes choses ayant une fin, le moment arriva bientôt où mon amie dut reprendre le travail. Je devais faire de même d’ailleurs, ni elle ni moi n’étions payés à ne rien faire et je n’avais pas envie de devoir justifier à son patron les raisons de nos inactivités respectives.

Je n’eus pas le temps de réagir que, déjà, Rose me sautait au cou et me serrait bien fort contre elle. Une étreinte que je lui rendis, prenant même un instant pour fermer les yeux et respirer profondément son parfum, comme pour en mémoriser chaque petite nuance.
« Toi aussi tu m’as énormément manqué ! Je ne veux plus qu’on soit séparés comme ça… Et surtout pas aussi longtemps ! »

Je supposais qu’elle devait bien avoir remarqué mon bonheur de la revoir, mais certaines choses devaient être prononcées pour avoir plus de valeur encore. Et les humains accordaient beaucoup d’importance aux paroles.
« On se contacte très vite ! »
J’ignorais à cet instant que nous allions bientôt échanger des dizaines et des dizaines de messages par jour, des messages qui allaient vite devenir indispensables pour moi. Une petite habitude à laquelle j’allais m’attacher et à laquelle j’allais peu à peu accorder de plus en plus d’importance.