Les liens du sang [Artemis]

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Les liens du sang

feat. Artemis

Les coïncidences existent, dans ce monde, mais imputer au hasard ce que la logique peut expliquer serait bien souvent une erreur. Quand le doute vous étreint, le mieux reste encore d’aller y voir de plus près afin de remplacer les doutes en certitude, d’y voir ainsi plus clair. Quand Eurydice a entendu pour la première fois parler d’Artemis Security, c’est donc tout naturellement qu’elle a voulu en apprendre plus. Oui, Artemis, c’est un nom qui peut avoir été choisi pour sa symbolique, pour sa sonorité, et pour bien d’autres raisons… mais dans le doute ? Quelques informations piochées çà et là sur Internet (Eurydice a pris le pli avec la technologie de cet endroit plus facilement qu’elle ne l’avait cru possible), elle a eu la confirmation que la fondatrice d’Artemis Security portait bel et bien le nom de son entreprise. Là encore, cela ne signifie pas qu’Artemis soit celle qu’elle pense connaître, mais elle a besoin d’en avoir le cœur net.

Fille d’Apollon, Eurydice n’a pas grandi auprès de son père, et c’est à peine si elle l’a connu, mais quand bien même ce n’est pas le cas, elle a toujours été curieuse de ses origines, de cette part lointaine et inaccessible de son histoire qui appartient au domaine du divin. Fille d’Apollon, elle est donc la nièce d’Artemis, mais elle n’a jamais rencontré cette déesse à l’impressionnante réputation. Saura-t-elle quoi lui dire ? Aura-t-elle quoi que ce soit à lui dire, d’ailleurs ? Ce n’est pas certain, mais ça, elle ne le saura qu’en allant la trouver.

Eurydice a donc décidé d’y aller au culot. Prenant son courage à deux mains, elle a fait le choix de se rendre dans les locaux d’Artemis Security dans l’espoir d’apercevoir celle qui pourrait bien être du même sang qu’elle… Elle a en tête quelques arguments destinés à convaincre l’une ou l’autre employée de la firme de lui laisser l’occasion de rencontrer la fameuse PDG. Est-ce que ce sera assez ? Va savoir. Au moment d’entrer dans le bâtiment, la jeune femme n’ira pas prétendre se sentir en totale confiance. Mais elle ne recule pas, elle se dirige vers l’accueil.

« Bonjour, j’aimerais voir Artemis », dit-elle franchement, annonçant directement la couleur à la jeune femme installée à l’accueil.
« Vous avez rendez-vous ? »
Non. Il aurait probablement été plus malin de commencer par-là, mais il est trop tard à présent, et puisqu’elle est ici, Eurydice n’a pas franchement envie de devoir repartir bredouille.
« Dites-lui que c’est important. Dites-lui… » Bon, autant y aller au culot. Qu’est-ce qu’elle a à perdre, après tout ? Pas grand-chose, au fond. Rien du tout, même. C’est ce à quoi elle songe au moment de terminer sa phrase. « … que sa nièce demande à la voir », précise-t-elle alors.

La jeune femme de l’accueil fronce les sourcils, surprise, mais consent tout de même à décrocher son téléphone. Dans l’attente, nerveusement, Eurydice jette un regard autour d’elle, bien incapable de se figurer ce que l’avenir leur réservera.

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▿ Date de naissance : 07/07/1995

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Il y avait des choses sur le monde humain qui laissaient Artemis complètement perplexe. Sa comptable lui avait donné les informations chiffrées concernant les bilans de la société. Il n'y avait aucun souci et l'entreprise avait des chiffres tout à fait normaux, mais elle ne comprenait décidément pas à quoi servaient les différentes cases qu'elle avait sous les yeux. Heureusement que le mystère n'en était pas un pour ça responsable financière, parce qu'elle était proprement incapable de faire un tel travail. Il n'était pas totalement vrai de dire qu'elle n'y comprenait rien et elle en savait suffisamment pour être sûre de ne pas se faire arnaquer. Elle n'aurait juste pas vu où donner quelle information afin de pouvoir satisfaire les personnes qui allaient faire la relecture.

Pourtant, il fallait bien régulièrement qu'elle vérifie les dossiers afin de pouvoir les signer et tout mettre en place. Elle aurait pu laisser cette responsabilité à quelqu'un d'autre, mais Artemis continuait de vouloir garder un œil sur chacun des aspects de son entreprise même lorsqu'elle faisait parfaitement confiance à ses collaborateurs sur le sujet. Typiquement, Regina avait beau être son amie et une personne de confiance, ça ne l'avait pas empêché de vouloir visionner toutes les cassettes de son projet commercial pour mettre en avant la société auprès du grand public.

Elle fut néanmoins ravie d'être interrompue dans son travail par un appel interne. Elle pria pour qu'il s'agisse d'une réunion improvisée qui la décharge momentanément de ses problèmes administratifs. Ce n'était qu'une excuse, d'autant qu'elle allait devoir s'y remettre plus tard, mais à cet instant, tout était bon pour arrêter un peu de se plonger dans des chiffres qui lui donnaient mal à la tête. Elle se demanda si elle avait l'esprit trop confus en entendant ce que la personne lui disait au téléphone. Sa nièce attendrait à l'accueil. Artemis demeura perplexe un instant, ne parvenant pas à savoir qui l'avait réclamé et se demandant si quelqu'un n'essayait pas de mentir pour avoir un rendez-vous avec elle, ce qui aurait été stupide parce qu'elle n'avait pas l'habitude d'accorder une attention soutenue à des personnes qui ne disaient pas la vérité.

« Faites la entrer, je vais la recevoir. »

L’audace de cette femme l'intriguait et elle ne pouvait s'empêcher de se demander si ce qu'elle revendiquait était bien réel ou non. En tous les cas, elle ne reconnut absolument pas la femme qui entra dans la pièce. Si elle avait menti pour avoir un entretien d'embauche, elle allait bien rapidement se faire recaler. Pour le moment, la déesse qui n'aimait pas être trompée se montra quelque peu froides avec la nouvelle venue. Elle ne savait pas vraiment à quel point elle pouvait lui faire confiance, mais le simple fait que son histoire ne coïncide pas avec les souvenirs d'Artemis ne laissait pas beaucoup de chance à la jeune femme pour que la déesse se montre plus aimable avec elle.

« Excusez-moi, je ne suis pas sûre que ce soit vous que j'attende. On m'a annoncé ma nièce, mais il ne me semble pas vous connaître. Puis-je savoir ce que vous attendez de moi ? »

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feat. Artemis

« Artemis accepte de vous recevoir », lui annonce la jeune femme à l’accueil.

Eurydice se rend compte qu’elle avait probablement retenu son souffle tout ce temps, car elle ne se sent capable de le reprendre qu’au moment où elle entend qu’elle n’aura pas à protester ou à feinter pour rencontrer cette femme. Elle ne sait pas vraiment ce qu’elle attend de cette rencontre, elle sait seulement qu’il lui faut lui parler, et par conséquent, elle se sent rassurée de ne pas devoir en passer par il ne sait quelles stratégies capillotractées afin de parvenir à ses fins. Eurydice s’efforce de dissimuler sa nervosité en triturant mécaniquement ses manches en même temps qu’elle suit une employée de la société, qui vient la conduire jusqu’au bureau de la fameuse Artemis, qui donne son nom à la firme.

Eurydice se retrouve face à une femme défiante, et elle peut le comprendre… Eurydice elle-même ne sait pas trop vers quoi elle se dirige, peut-être bien droit dans le mur. Elle sait que cette Artemis n’a peut-être rien à voir avec la femme de son père. Elle qui n’a pas grandi auprès de son géniteur ni n’a jamais rencontré sa tante dans son autre vie ne pourrait même pas s’assurer qu’elle a bel et bien affaire à la bonne personne, et pour avoir rencontré un Hadès qui n’avait rien à voir avec celui qu’elle-même avait connu, si ce n’est des histoires relativement similaires, elle sait bien qu’elle doit probablement revoir ses attentes à la baisse.

Et en effet, en un regard dans sa direction, Eurydice comprend que cette Artemis n’est pas celle qu’elle voudrait rencontrer. Cela ne la rend cependant pas moins curieuse, cela n’ôte rien au fait qu’elle souhaite apprendre à la connaître… Mais comment le faire comprendre à une femme qui, à l’évidence, à appris à se méfier d’autrui, sans doute pour d’excellentes raisons ? Une défiance naturelle sur laquelle Eurydice aurait eu tout intérêt à prendre exemple, d’ailleurs, au regard de sa propre histoire… peut-être aurait-elle connu un destin différent si elle ne s’était par exemple laissé abuser par les belles paroles d’Hadès… mais il est bien évidemment trop tard pour revenir en arrière.

« Je n’attends rien du tout », promet-elle en levant légèrement les mains, comme en signe de reddition, ce qui lui donne peut-être, contradictoirement, l’air plus coupable encore. Elle qui n’est pourtant coupable de rien. « J’ai vu votre nom, j’ai entendu parler de votre société et… » Eurydice s’emmêle dans son propre discours. « Je m’appelle Eurydice. Mon père portait le nom d’Apollon. Je ne sais, pour être honnête, pas grand-chose d’autre le concernant… Si ce n’est qu’il était une divinité, comme je présume que vous l’étiez peut-être et… » Elle cherche ses mots du mieux qu’elle le peut. « Sa sœur se nommait Artemis, je n’ai jamais eu le privilège de la rencontrer mais… Si ce n’est pas vous alors… c’est en tout cas quelqu’un qui vous ressemble, qui vous ressemble beaucoup. »

Est-ce qu’Artemis a déjà été confronté à ces cas d’univers parallèles et en même temps différent ? Est-ce que ce ne serait pas lui en demander trop que de discuter de tout ça avec elle ? Elle n’en sait trop rien. Elle fait de son mieux pour montrer pattes blanches quoi qu’il en soit, et laisser entendre à son interlocutrice qu’en aucun cas elle ne doit la considérer comme une menace… car elle n’en est définitivement pas une

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▿ Date de naissance : 07/07/1995

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Pour une jeune fille manipulatrice qui avait le désir de tromper la déesse en se revendiquant de sa famille, on ne pouvait pas vraiment dire que la nouvelle venue était menaçante. Elle avait plutôt l'air timide et fragile, et de ne pas savoir si elle avait exactement sa place ici. Cette preuve d'humilité faisait que la jeune femme avait tendance à la croire un peu plus facilement. Elle appréciait concrètement le fait que la jeune femme ne cherche pas à lui raconter des histoires, mais qu'elle se contentait de la plus élémentaire vérité. Artemis l'écouta avec circonspection en continuant de refuser de lui faire aveuglément confiance pour autant.

Les dieux avaient beaucoup d'enfants, à l'exception de ceux qui se refusaient à en avoir comme c'était le cas pour Artemis, mais aussi Hestia, ou ceux qui étaient fidèles comme Hera. Pour les autres, c'était à qui on aurait le plus et il était clair pour la déesse que son frère ne faisait pas exception à la règle. Le nom de Eurydice lui était familier et, même si la jeune fille ne ressemblait pas à la déesse qu'elle connaissait, elle ne la crut pas coupable de mensonge pour autant. Elle savait qu'il y avait de nombreuses origines parmi les habitants de cette ville, et il était évident que si les dieux de l'Olympe existaient en plusieurs exemplaires, il pouvait y avoir plusieurs versions d'elle-même, et plusieurs versions de ses proches.

« Je vois. Je n'ai pas rencontré d'autres Artemis depuis que je suis ici. C'est bien dommage, je suis sûre que cela serait très intéressant de converser avec moi-même. Mais je crains que ta tante ne soit jamais venue dans cette ville. Ou alors, l'occasion de la retrouver ne nous a pas été donnée. Cela dit, je n'ai pas croisé de Eurydice non plus. Alors, je suppose que nous pourrions être la nièce et la tante l'une de l'autre, afin de profiter du semblant de famille que l'on peut reconstituer. Assieds-toi donc. »

La déesse ne savait pas du tout ce que les autres dieux et déesses pouvaient faire de leur vie dans ce monde. Son père dirigeait une entreprise et il était le seul Olympien qu’elle ait pu retrouver. Son frère jumeau aurait sûrement été son choix de prédilection si elle avait pu donner son avis, mais les forces qui vous permettaient de retrouver un être cher ne lui avait pas offert cette opportunité. Sa nièce était peut-être tout ce qu'elle pourrait obtenir de son frère. Si tel était le cas, elle tenait à profiter du peu de contact familial qu'elle pouvait avoir.

« Veux-tu boire quelque chose ? Et dis-moi, que fais-tu dans ce monde pour t'occuper en attendant de retrouver tous les gens que tu aimes ? »

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feat. Artemis

Eurydice se sent soulagée d’entendre que son interlocutrice, finalement, a l’air de la croire en dépit de ses premières réticences. Elle se retient de pousser un soupir trop ostensible, songeant que finalement, elle ne se fera probablement pas renvoyer de ce bureau sans la moindre considération. Elle lui dit ne pas avoir, pour sa part, rencontré d’autre Artémis. Semble-t-il qu’elle trouverait l’expérience intéressante… Tout est une question de point de vue, sans doute. Eurydice, de son côté, est convaincue qu’elle n’apprécierait pas outre mesure d’être ainsi confrontée à une autre version d’elle-même. Bien sûr, elle a envisagé la possibilité que cela puisse arriver malgré tout, mais elle ne saurait prétendre bien le vivre ou être complètement sereine avec l’idée. Elle redouterait surtout de découvrir en cette autre elle le reflet malheureux de ce qu’elle a toujours redouté d’être… et a certainement été, parfois.

Finalement, quand Artemis lui propose, faute d’être véritablement liées par le sang, de faire au moins bonne mesure et d’apprendre à se connaître comme le feraient une nièce et sa tante, elle esquisse un sourire… Elle ne demandait rien de plus. Sur cette île où elle envisage plus en plus l’idée de passer le reste de sa vie (à son grand soulagement, car pour rien au monde elle ne voudrait retourner à Hadestown), elle a besoin de se construire, de se créer de nouveaux repères, de se reconstruire. En bref, elle a véritablement besoin de cette situation telle qu’elle se présente à elle, en l’occurrence. Oui, elle ignore si Artemis et elle seront véritablement en mesure de s’entendre, mais elle estime en revanche que cette conversation a toutes les chances de leur faire du bien, à l’une comme à l’autre, et c’est là-dessus, avant tout, qu’il se concentre.

« Je prendrais bien un verre d’eau », répond-elle, refusant de réclamer davantage à son interlocutrice quand elle lui demande si elle voudrait boire quelque chose, avant de reprendre la parole. « Je suis fleuriste, ici. » Elle esquisse un sourire humble. « D’où je viens, la nature se mourrait… Ici, elle s’épanouit », constate-t-elle, se fendant par la même occasion d’un commentaire que personne ne lui avait vraiment demandé, en réalité. « Et j’ai retrouvé la seule personne que j’ai jamais réellement connue et qui m’ait jamais aimée », ajoute-t-elle avec douceur. « Mon mari, Orpheus », ajoute-t-elle sans commenter davantage. Elle laisse passer un temps de silence, durant lequel elle considère le décor tout autour d’elle avec une curiosité de moins en moins contenue. Elle est définitivement curieuse au sujet de son interlocutrice. Peu importe qu’elle ne soit pas véritablement sa tante, elle veut en apprendre davantage à son sujet. « Vous avez l’air d’avoir facilement pris vos marques, ici. Votre ancienne vie ne vous manque pas ? »

Peut-être que oui, malgré tout, mais de ce que la jeune femme est capable d’en voir, elle ne peut que constater à quel point son interlocutrice s’est parfaitement bien adaptée, et elle ne manque pas de trouver cela des plus admirables.

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▿ Date de naissance : 07/07/1995

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La notion de famille avait toujours eu une certaine importance pour la déesse, même si elle ne la gérait pas exactement de la même façon que tout le monde. Les filles de la Chasse lui étaient davantage apparu comme ses sœurs que n’importe laquelle des filles de Zeus, tant il en avait eues. Déesses, demi-déesses, immortelles ou pas, Artemis avait une quantité de sœurs et frères de sang bien trop important pour pouvoir tous se les rappeler et avoir un lien de prédilection avec chacun d’entre eux. Ils étaient du même sang, mais ils ne partageaient pas le même univers.

Apollon avait toujours été une exception à la règle. Son frère jumeau était son plus proche parent, tant sur le plan physique que spirituel, et ils avaient accompli énormément de choses tous les deux. Il était son allié le plus précieux quand il fallait se battre et il avait un regard protecteur et bienveillant sur les filles de la Chasse. Elle n’était pas encore parvenue à le retrouver sur cette île, mais la présence de celle qui était sa fille dans un certain sens, même si ce n’était pas la fille de l’Apollon qu’il connaissait, lui était un début. Elle pourrait peut-être trouver le moyen de profiter de cette expérience pour reconstruire un semblant de famille divine entre Eurydice et son père. Elle lui servit un verre depuis sa propre fontaine à eau dans la pièce et lui tendit le verre.

« N’hésite pas à te resservir, si tu le souhaites. »

Elle écouta ses confidences au sujet de ses occupations dans ce monde. Eurydice devait sûrement vivre avec Hadès dans son monde, puisqu’elle évoqua un endroit où la nature pourrissait, contrairement à ce monde où elle s’épanouissait avec bonheur et vivacité. Artemis se demanda ce qui avait pu contraindre une autre personne que Perséphone à vivre à cet endroit dans le monde de celle qui était un équivalent de nièce pour elle. Mais elle était heureuse d’entendre que la jeune femme avait auprès d’elle son époux. Tous les habitants de cette ville n’avaient pas une telle chance. C’était un véritable proviilège.

« Pourrissaient ? Tu vivais auprès d’Hadès là d’où tu viens ? » demanda Artemis en se servant une tasse de thé. « Comment cela se fait-il ? Je croyais que seule Perséphone y était contrainte, et seulement six mois sur douze. »

Elle soupirait régulièrement de constater la façon dont Déméter avait géré cela. Ce n’était pas parce que sa fille était aux Enfers, qu’elle devait déchaîner le froid et la mort sur les plantes du monde. Mais le caractère des dieux et l’expression de leurs états d’âme sur les humains n’était pas nouveau. Artemis elle-même en avait fait subir à certains parce qu’ils avaient eu le malheur de lui déplaire. A un moment donné, il fallait prendre du recul et constater que tous avaient en commun l’orgueil et un certain complexe de supériorité. La sagesse de la Déesse de la Chasse avait gagné de par son séjour dans cette ville, mais elle n’était pas sûre qu’elle durerait longtemps si elle retrouverait l’entièreté de ses capacités.

« Tu as de la chance d’avoir retrouvé ton époux. En ce qui me concerne, je ne désespère pas de retrouver mon frère, mais je n’ai pas encore réussi actuellement. »

Eurydice nota qu’elle semblait s’être parfaitement adaptée à la vie dans cette ville. Artemis leva un sourcil. En aurait-elle douté ? Il n’y avait rien de plus facile que de s’adapter au milieu des humains. Il fallait marquer son territoire et mettre ses dons au service de sa propre réussite. En suivant le chemin de la réussite, on obtenait alors les résultats escomptés. Ceux qui échouaient n’étaient tout simplement pas capables de mettre en œuvre ce qu’il fallait. C’était aussi simple que ça. Son père avait bien réussi lui aussi, après tout. Il fallait tout simplement le vouloir.

« Bien-sûr que mon univers me manque. Je ne sais pas ce qu’il advient de mes Chasseresses et je ne suis malheureusement plus la déesse que j’étais. Mais si l’on veut réussir dans la vie, il faut bien choisir son chemin. J’ai choisi le mien. Les filles qui m’ont aidée à forger l’entreprise, je les ai sorties d’une vie de débauche et je les ai entraînées moi-même. Vois-tu, mon enfant, lorsqu’on veut triompher, il faut y mettre les moyens. »

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feat. Artemis

Un frisson lui traverse l’échine quand son interlocutrice comprend, à partir des quelques mots qu’elle lui adresse, l’endroit où elle a si longtemps vécu. Elle peut déjà constater que des différences se tissent entre la réalité qu’Artémis a connue et ce qui fut celle d’Eurydice, mais sur de nombreux points, elles restent capables de se comprendre : elles ont définitivement des références communes, toutes les deux. Des références communes qui en appelaient à des individus qui ne se ressemblaient peut-être pas complètement, mais au moins en partie. Eurydice hésite quant à la manière de présenter les choses… Même si elles ne se connaissent pas vraiment, la jeune femme se sent en confiance auprès de son interlocutrice, et cela l’invite à se confier.

« Je n’étais pas à Hadestown, ce que vous appelez sans doute l’Enfer… pas au début, mais la nature se mourrait néanmoins… Le sort de Perséphone lui a été fatal. Quant à moi… » Elle baisse les yeux. « Hadès a passé un pacte avec moi. Si je travaillais pour lui, je ne connaîtrais plus la faim, ni le froid. »

Elle sent les larmes lui monter aux yeux. Cette décision a été particulièrement tragique pour elle. La faim au ventre, se désespérant de voir un jour son époux réussir à composer ce chant qui permettrait le retour du Printemps, elle avait vendu son âme, littéralement. A Hadestown, elle commençait à tout perdre, depuis sa mémoire jusqu’à son identité. Elle n’était plus qu’une travailleuse anonyme parmi tant d’autres, s’échinant à une tâche vaine qui accaparait son temps et son énergie.

« Orpheus a voulu me sauver, il avait presque réussi. Il a bravé tous les dangers pour venir me chercher, et convaincu Hadès de venir me ramener mais… » Sa voix se brise. « Tout ne s’est pas passé comme prévu. » Elle esquisse un sourire. « Enfin, j’ai la chance de l’avoir, ici. Et nous pouvons tout reprendre de zéro, à présent. »

De son côté, Artémis lui apprend ne pas avoir de nouvelles de son frère, pas encore, mais la jeune femme peut entendre dans le ton de sa voix qu’elle n’a pas encore renoncé à l’idée de le revoir… Et c’est cet espoir qu’elle conserve précieusement qui lui permettra de parvenir à ses fins… Eurydice le lui souhaite vivement, en tout cas. Cette femme lui inspire autant de confiance que de sympathie – elle considère d’office qu’elle ne lui inspire rien d’autre que le meilleur.

« Je vous souhaite très sincèrement de retrouver votre frère. »

Et quand ce sera le cas, Eurydice cèdera probablement à la tentation de le rencontrer, mais ils n’en sont pas là. Artémis lui parle de son univers, qui lui manque, de même que ses chasseresses, mais elle a raison : elles n’ont pas le choix, elles doivent poursuivre leur route, quoi qu’il advienne.

« C’est une chose que j’ai mis du temps à comprendre, mais je sais que vous avez raison aujourd’hui », confirme Eurydice avec douceur quand son interlocutrice observe que quand on veut quelque chose, il faut savoir s’en donner les moyens.

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▿ Date de naissance : 07/07/1995

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Le monde duquel Eurydice semblait provenir avait l'air d'être un monde sous le contrôle le plus total de Hades. Si la jeune fille affirmait que la nature se mourait, c'était probablement que son influence avait dépassé le monde des morts pour atteindre celui des vivants. Dans son univers, le seigneur du monde des morts n'avait rien de malveillant, mais elle avait l'impression que celui qui avait investi le monde de Eurydice l'était davantage. Par exemple, elle ne comprenait pas pourquoi Hades réclamerait à des humains de venir travailler aux enfers, mais il devait y avoir un objectif caché que la déesse ne comprenait pas dans son ensemble.

« Travailler pour lui ? Qu'est-ce que tu entends par là ? Je n'ai jamais vu Hades employer qui que ce soit dans le monde des morts. Ton monde semble bien étrange. Pourrais-tu m'en dire plus sur la façon dont les choses s'y passent ? Tu dis que la nature se meurt, n'y a-t-il donc pas de dieux pour lui redonner la vie ? »

Si Perséphone était à ce point perdue pour le monde des humains, c'était probablement que Déméter avait perdu toute sa force car elle n'aurait jamais laissé sa fille entre les mains de Hades sans intervenir. C'était peut-être pour ça que la nature se mourait. Artemis ne comprenait pas tout. Hades était un olympien et il n’aurait jamais condamné les siens, pas dans ce qu'elle connaissait de lui. Mais de toute évidence, il ne s'agissait pas du même Seigneur des Morts. Il était possible que celui-là il soit infiniment plus sombre et plus dangereux que ce que Artemis pouvait attendre de son oncle.

En revanche, il avait à ceci de commun avec son oncle que lorsqu'il possédait quelque chose, ou quelqu'un, il ne le laissait pas facilement échapper. Si Orpheus avait essayé de reprendre Eurydice, et s'il avait passé un accord avec le seigneur des terres obscures, il avait suffi qu'il en dévie pour que cet accord soit nul et non avenu. Artemis comprenait la douleur de celle qui était comme une nièce pour elle, mais elle savait aussi qu'il était très probablement inéluctable. Au moins, le sort terrible qui avait séparé tout le monde dans cette ville leur avait bénéficié à tous les deux. Et leur seul moyen de lui échapper était qu'il n'arrive jamais ici, fort de tous ses pouvoirs. Sinon, il leur ferait regretter leur défection.

« Je te souhaite que cela reste ainsi et que tu puisses profiter de cette seconde chance. Et sois prudente car lorsqu'on se confronte à un dieu, il peut ne pas y en avoir de troisième. »

Artemis rêvait plus que tout de retrouver son frère, mais il était certain que se concentrer sur des objectifs inutiles n'avait pas de sens. Elle gardait espoir, mais seule l'action allait pouvoir un lui donner les outils nécessaires pour survivre dans ce monde étranger. Elle enseignait cela aussi à celles qui voulaient bien écouter. Il n'y avait rien de plus essentiel que de croire en ce qu'on faisait et de le faire de toute son énergie jusqu'à obtenir les résultats attendus. En général, en ne comptant que sur soi-même, on pouvait obtenir le meilleur de chaque situation.

« Ne l'oublie jamais et tu ne te retrouveras plus jamais au fond du trou. C'est le meilleur conseil que je puisse te donner. »

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feat. Artemis

La curiosité de cette femme est on ne peut plus compréhensible, et Eurydice n’envisagerait pas un seul instant de la lui reprocher. Elle s’efforce, à la place, de lui adresser les réponses les plus concrètes et les plus cohérentes qu’elle peut, en dépit des circonstances.

« Il faut croire que le Hadès que vous avez connu a ceci de différent avec celui qui hante encore mes cauchemars… » Elle frissonne. « A Hadestown, nous travaillions sans cesse, un travail avilissant, un travail inutile. Nous devions construire un mur… Un mur d’une taille indécente. » Elle ne veut pas se souvenir de tout ceci, elle ne veut pas en souffrir davantage. « Je ne dirais pas qu’il m’employait, pour cela il aurait fallu qu’il me paye. » Elle a un léger rire nerveux. Il me payait en promesses… je suppose que, à sa manière, il les a tenues. Quant à la nature en déperdition. « En l’absence de sa fille, Demeter, de désespoir, a renoncer à entretenir la nature… », répond Eurydice en guise de bref résumé.

Elle devine que le monde qu’Artémis a connu est pour sa part très différent de celui qu’Eurydice évoque non sans une certaine souffrance… C’est probablement tant mieux. La vie déplorable qu’elle a menée, l’existence douloureuse qu’elle a endurée, seulement apaisée par la présence d’Orpheus à ses côtés, la jeune femme ne serait définitivement pas capable de la souhaiter à qui que ce soit. Elle ne veut pas s’appesantir sur son propre sort, c’est loin derrière elle, maintenant, mais il lui semble important d’en discuter pour que son interlocutrice puisse s’en faire une idée… C’est le mieux qu’elle puisse faire. Ne jamais oublier. Oui, cette seconde chance est merveilleuse, et elle compte bien en profiter un maximum, mais elle ne se leurre pas. Se rappeler son passé l’aide à savourer sa chance… et elle prend les avertissements de la déesse très au sérieux. En effet, quand on se confronte à un dieu, les troisièmes chances sont bel et bien rares.

« Je devrais me tenir à l’écart des dieux à compter de maintenant, c’est votre conseil ? » l’interroge Eurydice, ses lèvres s’étirant en un léger sourire ironique.

Si tel est le cas, autant dire qu’elle n’a pas réellement arrangé son cas en décidant d’aller trouver son interlocutrice. Certes, elle n’est pas Artémis, du moins pas celle qu’elle s’attendait à trouver, et il est évident que toutes les deux viennent de dimensions à la fois similaires et très différentes, mais elle n’en demeure pas moins une déesse, une déesse qui lui paraît indulgente et même, par de nombreux aspects, sympathique, mais une déesse tout de même. Et qu’elle devrait probablement éviter d’incommoder.

« Je vous promets de ne pas l’oublier. »

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▿ Date de naissance : 07/07/1995

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L’inutilité d’un travail non payé sidérait complètement Artemis. Cela ressemblait à un châtiment totalement dépourvu de sens. Il était étrange qu’un dieu ait voulu cela, même Hadès, qui n’était pas réputé pour être le plus sociable et accueillant de tous. Pourtant, l’amour qu’il portait à Perséphone était vrai et profond, et elle avait seulement eu l’impression que le monde tourmenté dans lequel sa cousine avait été plongé ennuyait cette dernière. Dans son monde, Perséphone avait fait tout ce qu’elle pouvait pour attirer de quoi se distraire dans l’antre de Hadès. Mais ça n’avait rien de commun avec ce que Eurydice lui racontait.

Cet individu-là n’avait rien d’un dieu de l’Olympe, c’était un esclavagiste cruel digne des Titans. Artemis était profondément indignée. De plus, elle ne pouvait pardonner d’avoir réduit en esclavage la fille de son jumeau. Elle n’approuvait pas les frasques d’Apollon, dignes de celles de la plupart des dieux, mais elle avait toujours eu un regard assez particulier sur les enfants de ce dieu précis. Ils étaient davantage ses neveux et ses nièces que la plupart des enfants issus de ceux qui étaient nés de Zeus. Elle avait toujours eu un lien assez spécial avec son frère jumeau et c’était évidemment la raison.

« Quelle horreur ! Tu étais son esclave ? Sache-le, je ne laisserai rien de la sorte se produire ici. Si tu es en danger, viens me trouver, je saurai te protéger. »

C’était parce que Demeter avait renoncé avec désespoir que Zeus avait ordonné que Perséphone ait six mois auprès de sa mère. Il n’avait pas dû le faire dans cet autre monde. Voilà qui n’était pas rassurant. Qu’était-il advenu de son père à cet instant-là ? Artemis eut une pensée pour celui qu’elle avait ici et avec qui elle partageait tellement de choses actuellement. Un monde où il ne serait plus lui semblait si horrible que cela lui serrait le cœur. Elle ne voudrait pas vivre dans un tel monde, elle trouverait que cela était un châtiment trop cruel. Sa voix trembla un peu quand elle demanda :

« Et Zeus ? Il n’est pas intervenu ? »

Tous les dieux n’étaient pas les ennemis d’Eurydice. Artemis, par exemple, ne l’était pas. Mais il était évident que si sa version de Hadès était ici, quelque part, il ne relâcherait pas son emprise sur elle. Pourtant, Artemis était prête à affronter son oncle, si c’était nécessaire. Elle se refusait à laisser sa nièce souffrir de ces conditions d’incarcération si horribles qu’elle avait subies. Elle ne comprenait pas ce qui avait poussé le monde à prendre ce chemin, mais elle n’avait pas l’intention de la laisser affronter tout cela seule.

« Pas forcément tous les dieux, mais celui là, en l’occurrence, oui, je le pense », affirma-t-elle avant de hocher la tête avec satisfaction quand Eurydice promit de ne pas oublier sa proposition.

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feat. Artemis

L’indignation d’Artemis quant au sort qu’elle a dû endurer du temps d’Hadestown touche sincèrement Eurydice. Toutes deux ne se connaissent pas (même si, au fond, Eurydice aurait vraiment voulu connaître la femme qui lui fait face et se découvrir un véritable lien familial avec elle), mais cela ne l’empêche pas d’éprouver un sincère élan de solidarité et d’empathie au moment de comprendre les tourments qu’il lui a fallu subir sous le joug d’Hadès. Oui, c’était de l’horreur à l’état pur. Une véritable torture à la fois psychique et physique, et qui avait progressivement rogné sur sa raison. L’intervention d’Orpheus n’avait rien pu y faire… Elle aurait très probablement été condamnée, et pour toujours, à cet état de servitude déshumanisante de toute éternité si le sort, pour des raison qu’aujourd’hui encore elle ne se trouve pas capable de comprendre, n’en avait pas décidé autrement et ne lui avait pas fait la faveur de se retrouver dans ce monde – un monde où tout est possible, un monde où les fleurs savent encore éclore, un monde où le printemps est doux… un monde où ses amours ne sont pas condamnées aux ténèbres.

« Je ne suis pas en danger… Enfin… je ne crois pas l’être… », dit-elle avec prudence.

C’était une affirmation parfaitement hasardeuse quand on savait qu’il était possible de trouver non pas un, mais deux Hadès dans ce monde, et que la jeune femme avait croisé à la fois l’un et l’autre… Certes, elle s’en était finalement sortie indemne, et les pouvoirs de l’un comme de l’autre paraissaient limitées, mais ce n’est pas pour autant qu’Eurydice se permettrait de crier victoire trop facilement. Elle ne pense pas représenter grand-chose pour Hadès. Ni une menace, ni rien de la sorte… Elle s’inquiéterait davantage pour la sécurité de son époux, en réalité…. Mais bien sûr, l’on n’est jamais sûr de rien, et elle n’est pas sans savoir non plus que sa proximité avec Perséphone, l’épouse d’Hadès, pourrait bien lui causer un tort réel dans un avenir plus ou moins lointain.

Eurydice fait doucement non de la tête quand Artémis lui demande si Zeus, son père, n’avait pas envisagé d’intervenir. Si tel fut le cas, Eurydice ne l’a en tout cas jamais su. Zeus a toujours représenté à ses yeux une sorte d’autorité très lointaine, rien de plus, rien de moi… un dieu charismatique et imposant, et qui avait sans doute mieux à faire que de se soucier de son sort où de celui de tous les travailleurs d’Hadestown.

« Zeus ne semblait pas se soucier réellement de ce qui se passait aux Enfers », remarque doucement Eurydice avec une fine esquisse de sourire. « Je ne lui en veut pas. Il n’avait pas réellement de raisons de le faire », ajoute-t-elle alors doucement. Elle marque une pause. « Je vous promets d’écouter précieusement vos conseils. Et… j’espère ne jamais avoir besoin de solliciter votre aide, mais si ça doit être le cas un jour, vous serez la première personne vers qui le me tournerai. »

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▿ Date de naissance : 07/07/1995

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Il n'était pas facile pour une personne qui s'était toujours positionnée en victime et qui n'avait jamais pu espérer autre chose qu'une vie de servitude de pressentir le danger quand il arrivait. Artemis avait été habituée à prévoir comment le danger pouvait l'influencer et à se méfier de toutes les situations sur lesquelles elle n'avait pas un contrôle total. Mais elle comprenait que cet automatisme ne soit pas le même pour toutes les personnes qu'elle connaissait. Elle aurait tout de même voulu que la jeune fille qui se trouvait devant elle comprenne à quel point il pouvait être dangereux de laisser le danger entrer doucement sans prévenir et sans se méfier au préalable.

Elle ne la contredit pourtant pas lorsque sa nièce prétendit qu'elle ne se pensait pas en danger. La déesse n'avait aucune raison de penser qu'elle l'était. Elle n'avait rencontré personne qui provenait de ce mystérieux endroit et encore moins l'ersatz de son oncle Hadès. C'était juste un fait qu'elle avait pris pour habitude d'être méfiante et de ne pas se fier aux apparences. Dans son métier, c'était une nécessité. Mais c'était surtout dans sa nature de ne jamais faire confiance aux personnes qui l'entouraient plus que de raison. Pour Eurydice, il était évident qu'elle était une victime et qu'il était inutile de la considérer comme une menace.

« Le danger peut prendre d'étranges formes, mais en étant bien entraînée, on se met généralement en sécurité. »

Cette affirmation en laquelle elle croyait dur comme fer lui donna une idée qu’elle laissa de côté pendant un instant au moment où Eurydice lui parla de Zeus. Elle avait parfois trouvé son père insouciant mais jamais au point de ne pas s'inquiéter du sort des humains et des conséquences que les actions malveillantes pouvaient avoir sur eux. Elle avait donc l'impression que quelque chose d'anormal se produisait dans ce monde que Eurydice décrivait et qui impliquait que tous les dieux se retrouvent en difficulté pour une raison qu'elle ne comprenait pas vraiment.

« Ton monde me semble bien noir et je suis heureuse que tu n'y sois plus. »

Eurydice promit que si elle se trouvait en difficulté, elle viendrait trouver Artemis et se mettrait sous sa protection. La déesse hocha la tête avec satisfaction car c'était là tout ce qu'elle souhaitait de la part de celle qui était déjà presque comme une nièce pour elle. Désireuse de partir sur un sujet de conversation moins dramatique, elle décida de lui faire partager quelque chose d'essentiel dans sa vie dans cette ville. Si elle était un membre de la famille, il était normal qu'elle partage ce qui était un élément essentiel dans le cœur de la déesse.

« Voudrais-tu que je te fasse visiter mes installations ? »

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feat. Artemis

En effet, le danger peut prendre bien des formes, et des formes que l’on aurait parfois absolument pas soupçonnées. En ce qui concerne Eurydice, elle a envie de penser que toute cette situation a su l’inviter à davantage de prudence. Est-ce véritablement le cas ? Rien n’est moins sûr en vérité, car en fin de compte, Eurydice reste qui elle a toujours été, une jeune femme vulnérable, qui s’efforce de vivre la meilleure vie possible avec les moyens à sa disposition. Elle ne sait pas si elle peut prétendre savoir se garantir sa propre sécurité – elle a peut-être trop souvent compté après les autres, en réalité. Ça a été le cas quand la jeune femme a décidé de rejoindre Hadès pour ne plus avoir à mener seule un combat contre elle-même qu’elle avait estimé perdu d’avance. Ça a été le cas également ensuite, quand elle s’est reposée sur Orpheus pour quitter les Enfers. Encore aujourd’hui, elle ne peut prétendre que les choses ont totalement changé. Certaines habitudes ont malheureusement la vie dure – mais disons que, quoi qu’il en soit, la jeune femme fait de son mieux.

« Il n’était pas le plus heureux en effet… Heureusement, je ne pense pas que j’y retournerai un jour. Je l’ai pensé pour commencer, mais… » Elle hausse les épaules. « Je sais que beaucoup ne demandent qu’à retrouver leur monde d’origine. Ce n’est pas mon cas. Et parfois, je me sens égoïste, parce que je vois bien à quel point ça leur tient à cœur, mais… »

Elle affiche un fin sourire. Elle est seulement honnête avec sa propre situation, c’est absolument tout. Et elle pense qu’Artémis sera capable de la comprendre, surtout après avoir entendu tout ce que son interlocutrice vient de lui dire. Il semble on ne peut plus évident, au regard de ces informations, qu’elle ne saurait survivre, ou en tout cas convenablement, à la possibilité douloureuse d’un retour en arrière. Ici, elle est capable de croire en l’avenir, elle est même en mesure d’avoir des projets, des projets qu’elle est convaincue de savoir accomplir tôt ou tard, et cela, bien sûr, change absolument tout.

« Avec grand plaisir », confirme Eurydice quand son interlocutrice lui propose de lui faire visiter les lieux.

La jeune femme ne risque pas de dire non, et pour cause, elle se sent particulièrement curieuse de ce qu’elle va découvrir. Elle se pose mille questions au sujet de cet endroit, et elle espère bien que son interlocutrice sera en mesure d’étancher sa curiosité galopante, et qui ne demande absolument rien d’autre que d’être satisfaite. Elle n’a, qui plus est, pas très envie de partir tout de suite. Même si elles ne sont pas pour ainsi dire de la même famille, elle ressent tout de même de l’admiration, et de la sympathie pour cette femme forte et remarquable, et elle n’est pas forcément pressée de lui fausser compagnie. Loin de là, même.

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▿ Date de naissance : 07/07/1995

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Artemis était de celles qui pouvaient comprendre la dualité que revêtait la situation actuelle. La grande majorité de la population avait forcément voulu rejoindre les leurs au moment de leur arrivée dans ce monde. Après plusieurs années, ce nombre avait peut-être diminué un peu, étant donné que repartir impliquerait de perdre les liens qui avaient été noués dans cette ville, d’autant plus lorsque les personnes concernées avaient vu arriver leurs proches, ou plus exactement, les avait retrouvés puisqu'ils étaient là depuis le début. L'envie de partir était alors forcément moins importante.

Mais pour une personne comme Eurydice, qui avait vécu dans un tel monde plein de dangers et de cruauté, elle avait dû être heureuse de le quitter et d’atterrir dans celui-ci et il était compréhensible qu’elle se refuse à penser qu'elle devait peut-être retourner un jour dans cet endroit de cauchemar. Artemis se demandait combien de personnes avaient, en fait, réellement trouvé un mieux en atterrissant dans cette ville et combien seraient presque désespérées à l'idée de retourner d'où ils venaient. Bien intégrée dans son monde, et porteuse des mêmes valeurs que celles qu'elle avait chez elle, Artemis était presque indifférente quant au fait de rester ou de repartir, si ce n'était l'absence de son frère qui lui manquait énormément.

« Ce n'est pas égoïste, mon enfant. À ce stade, je parlerai plutôt de réflexe de survie. Il est évidemment tout à fait normal d'avoir envie de demeurer dans un monde où la vie a toujours sa place. Je comprends ceux qui veulent rentrer chez eux, mais je te comprends aussi, et j'espère que le destin ne sera pas assez cruel pour t'infliger à nouveau la douleur de l'esclavage. »

Pour oublier un instant les risques que la cruelle vie pouvait leur infliger, Artemis proposa une visite guidée des lieux, en souhaitant que cela fasse du bien à la jeune fille de partager un peu de ce qui faisait la force de sa tante dans ce monde étranger. Artemis avait tenu à construire quelque chose de solide afin d'avancer avec une bonne base pour poursuivre l'œuvre qu'elle voulait accomplir en tant que déesse et protéger les femmes et les enfants. L’aspect de déesse de la chasse était un peu moins présent dans cette vie, bien que cela pourrait venir avec le temps, et puis, ce n'était pas forcément la chose première qu'elle avait absolument envie de reconstruire.

« Ici, tu as le gymnase. C’est la zone la plus proche de l'entrée des bureaux parce que c'est celle dont se servent le plus nos agentes. La plupart ne passent dans les bureaux que pour des problèmes administratifs ou pour leur entraînement périodique. Je tiens à ce que toutes les agentes fassent un contrôle régulier de leurs capacités de combat afin d'être toujours au mieux d'elles-mêmes. »

Elle entraîna sa nièce le long d'un couloir qui longeait un jardin intérieur que l'on pouvait admirer par les fenêtres. Elle aimait beaucoup cet aspect qui donnait à la partie privée de l'entreprise un cadre particulièrement confortable. Elle poussa la porte de la salle commune où il y avait la possibilité de se faire à manger mais également ce qui ressemblait un peu à un salon improvisé. Les chambres, quoiqu'un peu restreintes, pouvaient facilement accueillir un peu de multimédia et également de quoi faire un peu de cuisine, mais Artemis savait que la majorité des filles préféraient les zones communes.

« Voilà ce qui correspond le plus notre salle de détente. Je me demande parfois, si je ne devrais pas y ajouter certaines choses, plus d'éléments de distraction. »

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feat. Artemis

Un réflexe de survie… Oui, Artémis a très bien décrit la chose en effet, et c’est précisément de cette manière qu’Eurydice la ressent. A Hadestown, elle n’avait pas l’impression de vivre, en effet, uniquement de survivre, constamment, et c’est un sentiment qui ne l’a pas quitté davantage au moment de rejoindre ce monde qui dans un premier temps l’a invitée à la plus grande défiance. Elle a autrefois été naïve, elle a fait confiance trop facilement, avant tout parce qu’elle était terrifiée… elle ne recommencera pas. Non, ici, elle se promet de ne jamais faire cette erreur qu’elle ne se pardonnerait en aucun cas. Ici, elle sera libre, ici, elle sera forte… Chose qu’elle n’est pas du tout certaine de savoir être à nouveau là-bas. C’est normal qu’elle ne veuille pas repartir, mais comment être certaine ? Toute sa vie, probablement, elle jettera des regards angoissés derrière elle, inquiète comme on ne peut que l’être de voir se concrétiser des cauchemars dont elle avait espéré qu’ils étaient révolus. Oui, elle aussi, de tout son cœur, de toute son âme, espère que le destin ne sera pas cruel au point de lui infliger la terrible douleur de l’esclavage.

Eurydice chasse ses pensées terribles et décide de suivre Artémis alors que cette dernière lui fait visiter les lieux. Autant faire en sorte de ne pas se laisser submerger par la crainte et la colère, pas vrai ? Artémis veut savoir être heureuse, et profiter de toutes les joies, simples ou complexes, que ce monde est susceptible de leur apporter. Elle suit donc Artémis alors que cette dernière lui présent le gymnase, où toutes les employées de cette entreprise hors du commun avaient l’occasion de s’entraîner. Eurydice retient un sifflement admiratif.

« Je vous admire tellement… je serais bien incapable de me battre. »

Pas par la force de son corps, en tout cas… Par la force de ses mots, peut-être davantage, et encore… sur ce point, elle a souvent dû conter sur Orpheus, qui grâce à ses musiques, et au choix de ses paroles, pouvait être capable d’émouvoir le dieu des enfers lui-même… Elle, de son côté, a plutôt tendance à espérer ne pas se retrouver dans une situation où il lui sera nécessaire de se battre. Au bout du compte, c’est de cette manière qu’elle parvient à s’en sortir… Plus ou moins, on va dire.

Elles se retrouvent ensuite dans une sorte de salon, qui attire directement l’œil d’Eurydice, car il lui paraît à la fois agréable et confortable. Une sorte de salle de détente. C’est vrai que c’est pas mal du tout.

« Plus d’éléments de distraction ? » répète Eurydice en réfléchissant à voix haute. « Comme des jeux de société et des livres ? Hmm… ce serait peut-être un peu trop distrayant ceci dit… »

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▿ Date de naissance : 07/07/1995

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Artemis était contente de partager un peu de son quotidien avec un membre de sa famille. Elle avait mis beaucoup d’elle-même dans la société et elle avait fait tout ce qu’il fallait pour créer une ambiance agréable pour toutes les employées qui décidaient d’habiter là. Mais le plus important, c’était que les filles sachent se battre et s’entraînent régulièrement. Le gymnase devait donc être de haut niveau et de qualité. Artemis se servait aussi de ce gymnase pour elle-même. C’était la raison pour laquelle elle avait tenu à ce qu’il soit à la hauteur de ses exigences. Elle ne se serait pas vue s’entraîner avec du matériel de peu de qualité.

Eurydice ne savait pas se battre et elle semblait penser que c’était une fatalité. Rien n’était moins vrai et Artemis allait le lui prouver. Elle était prête à offrir à sa nièce tout son savoir et toute son expérience. Elle avait toujours ce sentiment qu’il lui appartenait de protéger la fille de son frère puisque celui-ci n’était pas réapparu, du moins, pour le moment. C’était le genre de choses que les jumeaux faisaient l’un pour l’autre de tout temps. Apollon avait toujours veillé sur ses Chasseresses, et il avait même été particulièrement attentif à ne pas trop les draguer, selon les désirs de sa sœur.

« Je pourrais t’entraîner un peu, si tu le souhaites. Que tu saches au moins te défendre en cas de souci. »

Elle l’emmena ensuite voir la partie où les femmes pouvaient se divertir. Elle hésitait à y ajouter des choses, et elle s’en confia à sa nièce. Celle-ci lui demanda si ce ne serait pas trop et Artemis haussa un sourcil avant de comprendre son propos. Il était vrai que cela pourrait être compliqué s’il s’agissait seulement de les occuper pendant leurs pauses journalières, mais c’était bien plus que ça. D’abord, la majorité des filles ne travaillaient pas directement dans les locaux, mais elles habitaient sur place, pour certaines. C’était plus dans ce contexte que cette zone était importante. Et pour la petite Lyra également.

« Mes employées ne sont ici que le soir en général, pour celles qui habitent ici, ou quand elles viennent s’entraîner. Nous ne sommes qu’une demi-douzaine maximum à occuper ses locaux à plein temps pendant les heures de travail. »

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feat. Artemis

Eurydice esquisse un fin sourire peu convaincu quand son interlocutrice lui affirme qu’elle pourrait l’entraîner au combat si elle le désirait. Est-ce que c’est une chose qu’elle souhaite ? Elle n’en sait trop rien. Elle ne s’imagine pas combattre. Il est naïf de penser que ces talents sont innés et ne peuvent s’apprendre, mais une part d’elle s’est depuis longtemps convaincue que c’était là une fatalité contre laquelle elle ne pourrait absolument rien. C’est une erreur, bien évidemment, mais une erreur dans laquelle Eurydice a tendance à s’enfoncer car quelque part, elle ne manque pas de trouver cela plutôt confortable, quoi qu’elle puisse en dire.

Mais bien sûr, Artémis n’en a pas moins raison, ne serait-ce que pour sa propre protection, il est certainement très important qu’elle renforce – ou plutôt qu’elle acquiert – ses aptitudes au combat. Au fond, elle ne sait pas quoi penser de cette proposition, mais elle devrait probablement la prendre au sérieux, en réalité, ne serait-ce que parce que oui, elle a besoin de savoir se défendre. C’est un fait qu’elle n’est pas la plus à même de faire face aux épreuves de l’existence… Et c’est aussi un fait qu’avec Hadès dans les parages, Eurydice n’est pas du tout en sécurité, et elle doit bien en fait le constat et l’accepter. Elle a plutôt tout intérêt à accepter cet état de fait et à ne surtout pas le négliger, quelles que soient les circonstances.

« Je ne sais pas trop… », hésite-t-elle toujours malgré tout, sans trop savoir quoi faire ni quoi dire, à la fois tentée, intriguée et inquiète à cette perspective. Mais d’un autre côté, ça ne peut pas lui faire de mal, n’est-ce pas ? Non, clairement pas, ce ne peut être qu’une très bonne chose pour elle, et elle le sait, dans le fond. C’est comme si prévenir d’un mal éventuel rendait ce mal plus réel…. Mais ce n’est pas comme si Eurydice pouvait nier le fait que ce mal existe bel et bien. C’est effectivement le cas, et elle a tout intérêt à se faire une raison à ce sujet. « Je vais y réfléchir. »

Elle a besoin d’y penser à tête reposée, mais en réalité, plus elle y pense, plus elle admet que c’est probablement la chose à faire, en réalité. Elle garde cette pensée de côté alors que son interlocutrice reprend la parole et lui parle de ses employées qui en temps normal ne sont présentes que le soir car certaines vivent là, autrement, elles s’y entraînent. Tout cela ressemble à une machine bien rodée, et Eurydice ne peut tout naturellement qu’être impressionnée, en l’occurrence.

« Vous avez l’air particulièrement organisées », constate Eurydice dans un sifflement approbateur. « Vous ne devez pas avoir vraiment de temps pour vous avec tout ça… Je veux dire, vous vous consacrez entièrement à votre entreprise. »

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▿ Date de naissance : 07/07/1995

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Eurydice ne semblait pas vraiment être quelqu'un qui avait envie de se battre et d'affronter les autres. Artemis pouvait le comprendre. Certaines femmes n'étaient pas faites pour le combat et c'était notamment le cas de Raiponce, dont elle avait fait sa secrétaire parce qu'il était improbable qu'une personne avec sa personnalité choisisse un métier de garde du corps. Elle s'acquittait pourtant de sa tâche avec beaucoup de soin pour la déesse et depuis le tout début, elles avaient développé un lien particulier. Pour Artemis, il n'était donc pas nécessaire de vouloir se battre pour obtenir sa considération.

Mais il lui était difficile de songer au fait que la fille d'Apollon puisse être vulnérable. De fait, elle ne pouvait faire autrement que de proposer de l'entraîner un minimum avec l'espoir qu'elle puisse se défendre suffisamment pour assurer sa sécurité autant que possible. C’était ce qu'elle avait fait pour Raiponce, et si la jeune fille n'était pas une de ses gardes du corps, elle avait au moins la capacité de se défendre toute seule lorsque c'était nécessaire. c'était déjà une bonne chose. Bien entendu, elle ne pourrait lui donner que des bases d'autodéfense, surtout si ce n'était pas sa personnalité, mais c'était déjà beaucoup.

« Aucun souci, je n'ai pas l'intention de revenir sur cette offre. Si jamais tu as envie, je serai là pour t'offrir cette opportunité. »

L'entreprise, mais aussi les femmes qui y vivaient, étaient la priorité de la déesse qui tenait à ce que ses protégées soient le mieux possible. Évidemment, elle y consacrait beaucoup de temps et d'énergie, mais elle en avait toujours fait de même, s'agissant des chasseresses. Il était vrai que les filles qu’elle employait étaient un peu différentes des chasseresses d'origine, ne serait-ce que du fait de leur âge. Mais pour elle, c'était un noyau de femme qui lui étaient loyales et qui méritaient sa protection dans ce qu'elle était en mesure de leur accorder. Or, contrairement à ce que l'on pouvait croire, toute sa vie ne se résumait pas à ce seul endroit, mais il était en maison, bien davantage que n'importe quel endroit de cette ville.

« Disons que ce n'est pas seulement une entreprise, c'est chez moi. À ce titre, j'en prends soin et je m'y sens bien. Mais il m'arrive de profiter d'autres choses, je te rassure. Je passe notamment beaucoup de temps dans la forêt. J'adore m'y promener. Et toi, que fais-tu de ton temps libre ? »

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feat. Artemis

Eurydice devrait se méfier des paroles données par les dieux… son pacte avec Hadès lui a prouvé que leurs promesses pouvaient être insidieuses et qu’il était préférable de s’en défier autant que possible… Mais elle a envie de faire confiance à Artémis, elle a envie de croire dans son discours, elle a envie de penser que l’offre qu’elle lui a faite si généreusement ne l’a pas été en l’air, et qu’elle pourra encore compter sur elle plus tard, en n’importe quelle occasion, peu importe la situation, peu importe les circonstances.

Elle estime devoir lui réfléchir, de même qu’elle doit se pencher sur ce qui serait susceptible de lui convenir. Elle est absolument heureuse, elle se sent chanceuse d’avoir fait cette rencontre, et heureuse d’avoir sauté le pas, sans avoir su d’avance ce qui l’attendrait, inquiète de ce qui pourrait bien arriver. Elle retient l’offre, qui est susceptible de véritablement l’intéresser… Elle verra cela le moment venu, en temps et en heure.

Son entreprise n’est pas comme les autres, ainsi que le confirme Artémis, parce qu’en réalité, il ne s’agit pas seulement d’une entreprise. C’est un foyer, un havre, un lieu de résidence et de refuge. Eurydice sourit… il n’est pas si facile, pour beaucoup, de réussir à se sentir chez soi dans ce monde. Eurydice peut totalement le comprendre, même si, de son côté, elle n’a jamais vraiment eu ce sentiment de chez-elle… C’est compliqué de se sentir chez soi quand toutes les promesses qui nous sont faites d’un refuge digne de ce nom s’avèrent aussi dangereuses que trompeuses en fin de compte.

« Je vois. » Elle sourit. « J’aime beaucoup la forêt aussi, mais j’y vais rarement seule. » Elle affiche un sourire, presque embarrassée par cet aveu qui au fond n’est pourtant pas si grave. « J’ai trop peur de me perdre. » Elle sourit. « Sinon, j’aime m’occuper de mes plantes, j’y passe le plus clair de mon temps. Je me suis passionnée par mon métier, j’ai cru comprendre que ce n’était pas donné à tout le monde… Mais vous êtes bien placée pour le comprendre, de ce que j’ai vu. »

Eurydice a une affection toute particulière pour les tempéraments les plus passionnés, et c’est pour cette raison également qu’Artémis, en plus de son charisme naturel et de son caractère impressionnant, a directement gagné sa sympathie. Et elle espère bien que, peu importe les circonstances et ses propres choix, elles ne se perdront pas de vue.

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▿ Date de naissance : 07/07/1995

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Il était évident pour Artemis que certaines décisions ne devaient pas se prendre à la légère. Elle était parfaitement consciente que l'image que les dieux donnaient d'eux était forcément influencée par la façon dont ils agissaient envers les mortels, qu'il s'agisse ou non de leurs enfants. Artemis ne promettait jamais à la légère et si elle exigeait de ses plus loyales protégées une loyauté sans égale, il pouvait lui arriver d'offrir un peu de ce qu'elle était capable de donner sans pour autant en exiger autant que lorsqu'elle parlait à une de ses chasseresses. Elle avait su le prouver avec les personnes qu'elle avait engagées dans son entreprise. S'il ne s'agissait que de femmes, elle ne leur imposait pas tout ce qu'elle imposait autrefois aux chasseresses.

Elle pouvait parfaitement entendre que la jeune femme avait besoin de réfléchir avant d'accepter la proposition qu'elle lui avait faite. Le but d'Artemis n'était pas ici de créer une quelconque notion d'obligation de la part de Eurydice, mais de permettre à une femme, une enfant de son frère, d’échapper à l'emprise d'un dieu mâle qui avait profité de sa vulnérabilité pour la pousser dans un contrat qui lui faisait perdre tout ce qu'elle avait. Ce genre de piège, Artemis les connaissait et habituait celles qu'elle protégeait à les éviter. Mais pour sa nièce, il était déjà trop tard et elle ne pouvait que lui offrir une protection ultérieure.

Toutefois, cette protection offerte, elle estimait complètement inutile d'insister lourdement pour qu'elle l'accepte. Il lui appartenait de prendre cette décision et elle décida de changer de sujet. Parlant de leurs goûts mutuels, elles évoquèrent la forêt et les plantes. Cela n'étonnait pas la déesse qu'une fille d'Apollon aime la nature, mais évidemment, elle n'avait peut-être pas le sens de l'orientation naturelle de son père. Ce n'était pas grave, la déesse était tout à fait disposée à l'aider sur ce plan-là aussi. Elle n'avait aucun problème de son côté, la plupart des animaux de la forêt étant sous sa protection.

« Si tu ressens la crainte de t'y perdre, n'hésite pas à me demander de t'accompagner. Je ne suis jamais perdue dans une forêt. »

La jeune femme avait réussi à trouver un travail qui s'associe de passion et c'était plutôt une bonne nouvelle pour Artemis. Il n'était pas si facile de se montrer passionné par son travail et l'avantage d'arriver dans un monde inconnu où tout était à faire, c'était que la plupart des gens avaient pu choisir d'habiter où il voulait et de faire le métier qui leur plaisait le plus. Elle savait que tous n'avaient pas eu la force de se battre pour ce genre de conviction, mais il était certain qu'elle approuvait tous ceux qui étaient allés jusqu'au bout. Cela dit, ces personnes s'étaient récompensées elles-mêmes, puisqu'elles faisaient un travail qui leur plaisait.

« C'est très précieux de se sentir épanoui dans son travail, tu as eu bien raison de choisir quelque chose qui te plaisait vraiment. Je n’hésiterai pas à donner ton nom à mes clients s'ils ont besoin d'un fleuriste. »

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feat. Artemis

« Je n’y manquerai pas », affirme doucement Eurydice, profondément touchée par la bienveillance de son interlocutrice quand cette dernière lui affirme qu’elle serait ravie de l’accompagner en forêt afin de palier à la crainte tenace que la jeune femme garde de se perdre.

Elle croit sans mal dans le fait que la merveilleuse Artémis ne se soit jamais perdue dans la moindre forêt, ce serait le contraire qui serait franchement surprenant. Eurydice s’interroge sur tout ce qu’elle a pu vivre et expérimenter, et accumuler de connaissances, mais se trouvant d’ores et déjà beaucoup trop curieuse, elle décide de ne pas en rajouter une couche supplémentaire, et donc, elle se contente de prendre l’offre de son interlocutrice pour ce qu’elle est.

Eurydice, en allant trouver Artémis, n’a peut-être pas trouvé, à proprement parler, la personne qu’elle recherchait, mais à ses yeux, c’est finalement tout comme, et la présence d’Artémis lui apporte tout autant de satisfaction. Elle a bel et bien le sentiment d’avoir rencontré un membre de sa famille, en cet instant, et cette pensée l’enchante véritablement, plus que de raison. Elle est heureuse d’avoir quelqu’un de plus sur qui compter, à plus forte raison qu’elle sait bien que même si elle trouve, pour le moment, sa vie avec Orpheus simple et agréable, cela pourrait bien ne pas durer. Elle n’a certainement pas oublié Hadestown, et toutes les craintes qu’elle peut cultiver de voir ses anciens cauchemars resurgir et ne lui laisser aucune forme de répit.

« Oui, et ça a coulé de source, j’ai tout de suite trouvé ma voie… je sais que j’ai de la chance à ce sujet… Beaucoup d’autres cherchent leur vocation toute leur vie. »

Elle est fière du travail qu’elle accomplit, et plus heureuse encore d’être au contact régulier des plantes et de la nature, ces plantes et cette nature qui lui ont tant manqué par le passé, alors que les terres étaient désséchées, et qu’il ne semblait plus possible d’espérer quoi que ce soit de l’existence… Une existence sans printemps est une existence morne, c’est une évidence.

« Oh, ce serait adorable de votre part », affirme Eurydice, une fois de plus émue par la générosité de son interlocutrice, qui lui propose de parler d’elle à ses clients. Elle sait qu’elle est définitivement chanceuse d’avoir croisé sa route. Elle lui apporte beaucoup et ne semble pas lui demander quoi que ce soit en retour. C’est remarquable, c’est précieux, et la jeune femme s’en trouve tout particulièrement touchée… Comme elle ne pensait pas être capable de l’être. « Je dois avoir une carte à vous laisser, si jamais… Mais bien sûr, c’est comme vous voulez, vous en faites déjà tellement pour moi. »

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▿ Date de naissance : 07/07/1995

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Il était toujours assez impressionnant de se rendre compte à quel point Artemis pouvait avoir le sens de la famille alors même que la plupart des dieux préféraient se battre entre eux. Elle ne pouvait pas dire qu’elle s'entendait parfaitement bien avec tout le monde, mais quand elle avait décidé d'accepter quelqu'un comme un membre de sa famille et de le traiter comme tel, elle faisait tout pour que la personne se sente bien et pour la protéger. C'était encore plus vrai pour les enfants de son frère Apollon, qui était vraiment spécial à ses yeux. Eurydice avait cette chance d'être apparentée au dieu que Artemis aimait le plus.

Mais elle ne releva pas davantage la réponse à sa proposition. C'était à elle de le prendre en compte le moment venu. Elle savait qu’elle était la bienvenue et qu'elle pouvait lui demander de venir avec elle. Ce serait à elle de le faire si elle en avait envie. Il ne servait à rien d'en rajouter encore. Ça ne changerait rien. Artemis eut néanmoins une pensée pour les promenades avec son frère Apollon et elle songea combien il était douloureux de ne plus pouvoir partager avec lui son amour de la forêt. Elle y allait si souvent elle-même, mais même si elle était capable de s'y rendre seule, la compagnie de son frère chéri lui manquait. C’était encore un domaine dans lequel elle ressentait leur séparation fortement.

« Ton père me manque beaucoup. C'est avec lui que j'ai pris l'habitude de me promener en forêt. »

Artemis était contente de savoir que sa nièce avait trouvé un domaine où elle se sentait bien et en confiance. Comme pour tout le reste, du fait qu'elle l'avait accepté en tant que membre de la famille, elle était prête à lui accorder son aide. Il fallait dire, en plus du reste, que la déesse possédait un panel de clients important qui pouvait être intéressant dans le cadre de ce genre d'activité. C'était le principe de fonctionner en harmonie avec la famille et de partager les informations et les contacts pour faire fonctionner un commerce ou une boutique. C'était à charge de revanche et Artemis avait confiance en Eurydice pour mentionner aussi son agence de sécurité si elle trouvait quelqu'un qui en avait besoin.

« Si tu n'en trouves pas, ça ne fait rien, tu n'auras que à me l'envoyer par email et je pourrai la reproduire. J'ai tout ce qu'il faut ici. Quel est le nom de ta boutique ? »

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