Alors, je suis prise ? (Ft Artémis Olympus)

Cela faisait un moment que Artemis n'avait pas eu de rendez-vous de recrutement. Elle avait fait quelques temps auparavant une grande séance de recrutement d'agentes, mais elle avait à peu près réussi à combler la demande actuelle et il y avait moins de besoins. En revanche, les intérimaires chargées de faire le ménage avaient terminé leur contrat et elles ne pouvaient pas les réengager tout de suite. Elle ne tenait pas à le faire pour l'ensemble d'entre elles, mais de toute façon, elle avait besoin d'une solution en attendant. Elle avait donc demandé à l'agence d'intérim de lui envoyer une candidate afin d'aider la demoiselle qui travaillait seule pour le moment.

La candidate était en retard. la plupart des employeurs aurait tendance à cataloguer alors la personne parmi les gens à ne pas employer. Mais Artemis voyait plus loin que ça. Elle avait fréquenté des demi-dieux qui avait pour principe premier une hyperactivité au-delà de celle de la plupart des gens et une capacité d'attention et de concentration qui n'était pas vraiment de nature à vous donner envie de poursuivre avec cette personne. Pour autant, avec ses Chasseresses, elle avait accompli un certain nombre de missions avec ces héros et elle avait appris à les apprécier. Elle savait donc qu'un simple retard ne pouvait être seul juge de la qualité d'une personne.

Lorsque Raiponce l'informa que la candidate venait d'arriver, Artemis paracheva proprement le document qu'elle était en train de consulter avant d'autoriser sa secrétaire à faire monter la personne. La femme qui entra avait l'air de déborder d'énergie, ce qui arracha un sourire discret et à peine perceptible à la déesse. Elle lui fit signe de s'asseoir sans ajouter un mot, la laissent manifester ses excuses avec un regard plus curieux qu’accusateur. Elle lui rappelait certains souvenirs et elle avait cette énergie que Artemis pouvait rechercher chez ses adeptes.

« Bonjour Mademoiselle… Alvaro », lut-elle après avoir recherché son nom sur le CV. « Je suis enchantée de faire votre connaissance. Vous pouvez m'appeler Artemis. Certaines de mes employées les plus anciennes m'appellent Dame Artemis, mais je ne force personne à le faire. Ne vous en faites pas pour votre retard, je n'ai pas d'urgence après notre entretien. Est-ce votre premier emploi où avez-vous un peu d'expérience du monde du travail ? »

Artemis était une habituée des entretiens d'embauche un peu originaux et inhabituels. Cela venait du fait qu'elle ne cherchait pas forcément à embaucher des personnes selon un certain profil mais elle avait d'autres critères dont notamment, de la loyauté et la bonne volonté. Il fallait un minimum de compétences quand même pour pouvoir être employé quand il s'agissait des agents de sécurité, mais il était probable qu'une femme de ménage et les capacités de faire ce travail, où elle ne se présenterait pas pour ce poste. Sauf peut-être si elle était désespérée, mais si elle croisait une femme désespérée, c'était une bonne raison pour Artemis de l'aider.

Elle tenait quand-même à connaître un minimum le passif des personnes avec qui elle allait travailler et aucun entretien ne se déroulait sans qu’elle leur demande leurs antécédents en termes de travail. C'était moins pour étudier leurs compétences que pour évaluer un tant soit peu leur personnalité. Avoir travaillé dans des locaux de la police laissait à penser qu'elle devait en connaître un rayon sur la notion de discrétion et sur le fait d'être confronté à des situations qui pouvait être compliqué sur le plan de la sécurité. De toute façon, tous les employés de l'entreprise avaient un minimum d'entraînement, même s'ils n'étaient là que pour faire le ménage.

« Dans les locaux de la police, dites-vous ? Et j'imagine donc que vous êtes familiarisé avec le fait de nettoyer des pièces avec des éléments sensibles qui ne doivent pas tomber entre toutes les mains et que je pourrais vous faire confiance pour vous montrer discrète le cas échéant ? »

C'était un point crucial. Artemis pouvait se montrer conciliante sur énormément de points, mais la sécurité et la confidentialité n'en faisait pas partie. Elle se tourna vers la bibliothèque qui se trouvait derrière elle. La femme se trompait en ce sens qu’il n'y avait rien de caché à l'intérieur en dehors du contenu de ces livres à proprement parler, mais il était évident que les moins poussiéreux d'entre eux étaient manipulés de manière fréquente. Elle ne savait pas si ce genre de déduction lui venait du fait d'avoir travaillé dans un commissariat de police, mais cela pouvait être un atout, et surtout si elle décidait de passer de simple femme de ménage à employée plus permanente de l'entreprise.

« Vous avez le sens de l'observation. C'est intéressant. Mais non, je ne cache pas de dossiers dans mes livres. Ils ne sont que des livres. Il est cependant vrai que ceux qui sont à ma portée sont ceux que je consulte plus régulièrement. Quant aux feuilles que vous pouvez voir dépasser, il ne s'agit que de marque-pages un peu originaux. J'ai l'habitude de marquer mes pages avec des feuilles usagées de l'imprimante. »

Mentionner une de ses habitudes devant une candidate potentielle ne faisait sans-doute pas partie de ce que on avait l'habitude de voir dans d'autres entreprises, mais Artemis avait toujours considéré qu'elle était plus une sœur aînée pour les femmes qui se trouvaient sous sa responsabilité. Elle aimait à enrichir cette ambiance familiale qui lui rappelait un peu les chasseresses et elle se confiait parfois plus que de raison sur des petites choses d'une importance toute relative. Elle n’agissait évidemment pas de même lorsqu'il s'agissait d'informations d'une importance plus capitale.

« Comme nous travaillons avec la sécurité de personnes de grande importance pour certaines, je tiens à ce que tous les employés qui travaillent dans mes locaux suivent une formation d'autodéfense de base avec la personne qui forme nos nouvelles employées et futures agentes de l'entreprise. Ce genre d'obligation est-il un problème pour vous ? »