Je me posais dans la forêt de Mirkwood, un endroit où, je dois l'admettre, je n'avais jamais imaginé atterrir. Le TARDIS, avec son habituel sens de l'humour temporel, avait décidé que ce serait notre prochaine destination, sans me consulter, bien sûr. Ah, ma chère cabine bleue avait toujours eu un penchant pour l'inattendu. En sortant, je fus accueilli par un spectacle des plus étonnants : une vaste forêt qui semblait s'étirer à l'infini dans toutes les directions, et des lapins, oui, des lapins, mais pas n'importe lesquels. Ces créatures étaient de taille humaine, ce qui, dans mon vaste répertoire d'expériences étranges, était assez inhabituel pour mériter une mention.

Alors que je m'approchais, fasciné par ces lapins géants, mon instinct de Docteur me disait que quelque chose n'allait pas. Ces créatures, bien loin d'être les doux herbivores que leur apparence pouvait suggérer, avaient un regard... disons, moins qu'amical. C'était alors que je réalisai, avec un frisson d'horreur mêlé d'excitation, qu'ils étaient sanguinaires. Oh, le cosmos avait décidément une façon bien particulière de pimenter mes voyages.

Avant que je ne puisse réfléchir à ma prochaine action, mon attention fut détournée vers une jeune femme blonde non loin de là, apparemment inconsciente du danger imminent. Elle semblait complètement absorbée par l'étude d'une étrange plante. A moins qu’elle ne soit juste en train de chercher par terre un objet perdu… L'être humain, toujours si curieux, si intrépide… ou peut-être juste inconscient des périls qui l'entouraient !

« Bonjour ! » lançai-je avec enthousiame, tout en m’approchant d’elle, mais non sans garder un œil sur les bestioles aux grandes oreilles. « Euh, vous ne voulez pas vous éloigner un peu de ces lapins ? Ils ne sont pas aussi amicaux qu'ils en ont l'air… » ajoutai-je, en lui adressant un sourire que je voulais rassurant.

Il ne fallut pas longtemps pour que les lapins forment un cercle autour de nous. Oups… soudain, leurs grandes incisives me semblèrent luire d’un éclat un peu trop brillant pour être honnête… et mon regard se posa sur la fourrure blanche de l’une de ces créatures tandis que je le montrais à la jeune femme blonde :
« C’est du sang, non ? » Quelques taches vermeilles mouchetaient son pelage et il me semblait bien que ce lapin n’avait pas mangé de carotte saignante… Ce devait forcément être autre chose !

« Vous voyez la cabine bleue, là-bas ? Il va falloir la rejoindre… » Je ne voyais pas d’autre solution… mais nous étions encerclés et je doutais fort que les lapins soient ouverts à des négociations, même avec le grand renfort de mon papier psychique.

Une chose était sûre, ce n’était pas une situation habituelle sur Terre. Sur cette planète les lapins étaient de simples rongeurs, ils mangeaient des trucs plutôt végétaux et ne s’attaquaient pas aux humains… oui mais normalement ils étaient aussi beaucoup plus petits que les lapins qui étaient là…

Cette jeune femme devait être sauvée. Et je n’étais pas le Docteur pour rien, j’adorais sauver les autres, c’était une seconde nature chez moi… alors oui, j’étais prêt à risquer ma vie pour cette inconnue.
« Alors allons-y Alonso ! » Je supposais qu’elle ne s’appelait pas Alonso, mais c’était une phrase que j’avais toujours aimé prononcer.  

Alors, tandis que nous nous précipitions vers le TARDIS, les lapins géants à nos trousses, je ne pus m'empêcher de me sentir un brin responsable de la tournure des événements. Je me disais que, de toutes les créatures de l'univers, j'avais dû tomber sur des lapins sanguinaires. Mais vraiment, quelles chances, hein ? Mon esprit se mit à vagabonder, comme souvent en pareilles circonstances, songeant à l'absurdité de la situation. Des lapins ! Qui aurait pu imaginer une menace pareille ?

La jeune femme, à côté de moi, semblait à la fois effrayée et intriguée, une combinaison d'émotions que je trouvais, comment dire, absolument fascinante. Ah, les êtres humains et leur incroyable capacité à rester curieux même dans les situations les plus périlleuses ! Je l'admirais pour cela. En même temps, je ressentais le besoin impérieux de nous sortir de ce guêpier. Pas le temps de flâner dans les bois, pas avec une horde de lapins anthropophages à nos trousses.

Tandis que nous filions à travers les bois, esquivant branches basses et racines traîtresses, une sensation étrange me parcourut l'échine, un pressentiment, si vous voulez, que quelque chose d'inattendu s'apprêtait à surgir sur notre chemin. Et je ne m'étais pas trompé. Soudain, sans crier gare, le sol sous nos pieds sembla se dérober, un piège habilement dissimulé par la végétation dense de la forêt de Mirkwood. « Oh non, pas maintenant ! » m'exclamai-je, tandis que nous tombions dans ce qui semblait être un terrier de lapin géant, mais considérablement plus vaste et profond que ce à quoi on pourrait s'attendre.

L'atterrissage fut, comment dire, moins gracieux que je l'aurais souhaité. Ébouriffés mais, par un heureux hasard, indemnes, nous nous relevâmes pour examiner notre environnement. L'obscurité enveloppait tout, à l'exception d'un faible rayon de lumière qui filtrait à travers une ouverture située bien au-dessus de nos têtes. « Eh bien… » dis-je en me grattant la tête, « cela n'était certainement pas prévu. »

Je regardais ma compagne d’infortune et j’eus un sourire de circonstance : « Au fait, je suis le Docteur. » Ma voix résonna étrangement dans l’espace confiné du terrier. « Vous n’êtes pas claustrophobe, au moins ? » Parce que dans cette obscurité, ça n’aurait sans doute pas été une bonne idée d’avoir une crise à gérer…

Je sortis mon tournevis sonique, toujours aussi fidèle et loyal, et j’activais sa petite lumière bleue, afin de mettre un peu de lumière dans cet antre obscur. Les boyaux du terrier semblaient assez grands pour que nous puissions nous y déplacer en étant penchés. Pas besoin de ramper, c’était déjà ça.

Les lapins carnivores géants, voilà qui n'était pas banal, même dans mon vaste répertoire d'aventures à travers le temps et l'espace.

Nous étions donc dans ce terrier, éclairés par la lumière bleutée de mon tournevis sonique, cherchant désespérément un moyen de sortir sans devenir le déjeuner de lapins particulièrement voraces.
« Les lapins carnivores, tu ne trouves pas ça absolument fascinant ? Enfin, dans un sens très, très académique du terme. J'avais entendu parler de mutations inattendues, mais de là à imaginer une espèce de lapins géants avec un appétit pour autre chose que des carottes... Eh bien, l'univers ne cessera jamais de m'étonner.»

Mais je n’avais pas l’intention de nous laisser transformer en casse-croûte pour lapereaux.
« Eh bien… disons que les aventures et les situations inattendues, c’est un peu ma spécialité… ça a le chic de m’arriver plus souvent qu’à mon tour. »

Elle avait l’air assez drôle et vive, le genre de personne avec qui s’échapper d’un terrier de lapins anthropophages gigantesques ne semblait pas être autre chose qu’une partie de plaisir.
« Je dois avouer que l'univers ne manque jamais de manières de nous surprendre. »

Cela dit, il me semblait que nous pourrions former un duo assez impressionnant. Elle semblait vive et courageuse, moi j’avais mon tournevis sonique et une légère propension à attirer les ennuis d’une certaine dimension… Nous étions dans un terrier de lapins carnivores, certes, mais c’était loin d’être le pire pétrin dans lequel je m’étais trouvé. Et avec un peu d’ingéniosité, j’étais sûr que nous pourrions nous en sortir.

« J'ai une idée. Vu la taille de ce terrier, il doit y avoir une issue quelque part, peut-être une sorte de sortie de secours pour les lapins géants ? » Je ne plaisantais pas, chaque terrier avait sa sortie, même les plus improbables. Nous devions juste la trouver avant que nos amis aux grandes oreilles ne décident de revenir à la charge. « Alors, en avant ! »

Je me mis en mode exploration, pointant mon tournevis dans différentes directions et tendant l’oreille pour percevoir le moindre bruit.
« Garde les yeux ouverts, Coco. Et les oreilles aussi. »

Avec un peu de ma chance habituelle, nous allions sûrement trouver une sortie en un rien de temps… ou alors découvrir un mystère totalement fou que nous pourrions percer à jour avant de rejoindre la surface. Dans les deux cas, ça me convenait.
« Au fait… c’est quoi un bandicoot ? »  

Je m'éclaircis la gorge, ajustant mon regard sur Coco, qui semblait tout aussi intriguée par le terrier des lapins que par l'ombre de ce bandicoot mystérieux dont elle parlait. Dans les profondeurs du tunnel étroit et humide, nos pas résonnaient, annonçant notre avancée précaire mais déterminée vers ce que nous espérions être la sortie.

« Fascinant ! Je ne connais pas bien cette region de la Terre, j’ai passé beaucoup plus de temps en Angleterre… J’adore Londres, c’est une ville extraordinaire… mais il n’y a pas de bandicoot par là… » Je m'exclamais, mon tournevis sonique dans une main, éclairant les parois rapprochées du terrier. « Cinq ans ? Cela doit être toute une aventure, vivre ainsi transformée… au début, j’ai été humain, moi aussi, en arrivant ici. » Et puis… j’avais retrouvé mes deux cœurs, mon tournevis sonique, mon TARDIS et même mon papier psychique. « Oh, je viens de bien plus loin que vous ne pourriez l'imaginer. D'une petite planète appelée Gallifrey, dans la constellation de Kasterborous. Je suis un seigneur du temps. »

Je marquais une pause, dirigeant le faisceau lumineux vers un amas de racines qui s'entrelaçaient au plafond du tunnel, formant une sorte de porte naturelle.
« Et en parlant d'espaces inconnus, je pense que nous pourrions être sur quelque chose ici. Regardez, cette configuration des racines pourrait indiquer un point faible dans la structure du terrier. »

Je posais ma main sur la structure, sentant sous mes doigts la rugosité de la terre et des racines. « Avec un peu de chance et un bon coup de vieux tournevis sonique, nous pourrions bien trouver notre chemin hors de cette situation croquante. »
Un sourire malicieux éclairait mon visage alors que je réglais le tournevis sur une fréquence élevée, les vibrations émises se mélangeant avec le doux bourdonnement de l'appareil.

« Je pense qu’on est bons pour un peu de creusage non conventionnel. » dis-je en jetant un coup d'œil à Coco, espérant que son esprit aventureux était stimulé par la perspective de notre évasion plutôt improvisée.

Sans attendre sa réponse, je commençais à travailler sur les racines, le tournevis sonique sifflant alors qu'il découpait méthodiquement à travers la matière organique. Des morceaux de terre tombaient autour de nous, et un petit rayon de lumière naturelle commençait à percer à travers l'ouverture que nous avions créée.

« Regardez ça, la lumière ! On dirait bien que nous sommes sur le bon chemin. »
Je m'arrêtais, essuyant le front avec le revers de ma manche.
« C'est toujours aussi excitant, vous ne trouvez pas ? » Mon ton se faisait plus doux, plus réfléchi. « Et chaque compagnon de route apporte une nouvelle perspective, un nouveau regard sur l'univers. »

En disant cela, je scrutais les ombres qui se dessinaient plus loin dans le tunnel, s'assurant que nos amis les lapins carnivores ne se préparaient pas à une autre attaque surprise.