(Terminé) Une légende urbaine réelle Alucard&Nines

Rien de surprenant à ce que le surnaturel prenne de l’ampleur, dans une ville qui en semblait être envahie. Rien de surprenant, alors, que le dit surnaturel, ou autre science fiction, décide de se retourner contre la morale et combattent les crimes. En fait, l’avantage, restait que la police était composée de ces héros qui battaient anciennement les “méchants”.
Comme Nines. Mais était-il un héros, ou un méchant ? Sa morale, son alignement, était bien plus ambigu qu’on ne voulait le penser. Certains diront qu’il était surtout Lawful Good, et que ça signifiait parfois que juste que la personne suivait les règles à la lettre, sans réfléchir plus.

Dans tous les cas, on lui avait assigné son premier crime seul, et c’était à croire qu’on voulait se débarrasser de lui. Parce qu’un chien dangereux qui attaque les gens, et qui ne semble rien avoir de “naturel”, c’était un coup à mourir stupidement.
Mais soit.
Nines avait eu même droit à sa propre arme, lui dont la loi interdisait avant qu’il en possède une, d’où il venait.

Avançant prudemment dans les rues, il n’eut au final qu’à suivre les cris pour comprendre qu’il était proche du criminel qu’il devait arrêter.
Restant toujours silencieux, il se colla à un mur, et observa une scène sordide, celle d’une espèce de forme ressemblant à un chien, et un pauvre bougre qui trainait dans le coin et qui semblait bientôt lui servir de repas.
Nines observa, puis se dit que de toute évidence, le chien était occupé par son repas aussi, il se montra lentement, dans la pénombre, son arme collée à sa ceinture, mais qu’il n’avait pas encore dégainé.
Il savait qu’il n’était plus un androïd, et que sa vitesse risquait d’être mise à mal, mais il s’en moquait un peu.

Il vit l’être qui se pensait sûrement pour un chien, lui cracher un morceau du corps qu’il était en train de dévorer. Nines eut un vague froncement de sourcil, mais n’en semblait pas dégouté.
Toisant l’animal, il fini par sortir son arme, prudent.

- Tu es en état d’arrestation.

Et de toute façon, Nines préférait les chats… Néanmoins, il restait sur ses gardes. Après tout, l’être pouvait vouloir l’attaquer. Aussi, gardait-il un minimum de distance, et avait-il repéré les issues, ainsi que les issues en hauteur. Bien que vu la tête de la bestiole, il n’était pas sûr qu’elle n’était pas en mesure de se jeter sur lui même s’il grimpait quelque part.

Ne jouant pas au héros, il ne sortit pas plus de punchline, et se contenta de regarder l’être face à lui, avec un semblant de toisement.
Il n’avait pas peur. Mais pourquoi aurait-il eu peur, lui, qui, même au bout de 4 ans, oubliait qu’il n’était plus réparable aussi facilement qu’avant ?

Quand d’autres auraient détalé en courant en voyant une pareille créature infernale, Nines restait immobile. Qu’importe si les yeux n’étaient pas synchronisés comme le sont ceux des chiens. Et que le dit “chien” ait plus de yeux qu’il en fallait.
Il ne bougeait pas, dans toute sa froideur, et son professionnalisme.
Il avait compris que dans ce monde, des êtres étranges existaient, et que, d’une façon ou d’une autre, certaines pouvaient donc être des chiens à plusieurs yeux, et ayant l’air tout droit sorti des images picturales des Enfers que les humains se représentaient.

Pour le moment, l’être n’avait encore “rien fait”, du moins, rien qui mérita une balle tout de suite. S’il se rendait à la police, alors Nines ne tirerait pas. Dans le cas contraire… Il comptait déjà ses balles, et les zones sensibles à viser.
Mais alors qu’il procédait à ce comptage, le “chien” paru soudain se changer. Un humain se tenait devant lui à présent. Enfin, non, le terme exact serait un “être anthropoforme”. Nines tiqua sur sa taille. Quelque part, à présent, ils étaient à “taille égale”, et il souleva lentement son pistolet pour viser à un meilleur endroit.

Fronçant les sourcils, Nines comprenait que l’être face à lui était plutôt du genre à ne pas se préoccuper de se faire attraper par la police. L’être ressemblait à un prédateur, donc il se pensait prédateur.
Mais Nines n’avait jamais pris la forme d’une proie, de son côté.

- Vous auriez dû vous en douter, à force d’agir contre la loi.

Une remarque froide, qui pour le moment ne laissait point passer le sarcasme dont Nines faisait parfois preuve, depuis ses années passées dans un monde où il se retrouvait condamné à l’état d’humain.
L’autre révéla son nom, et Nines n’aimait pas cette situation. Son cerveau ayant gardé ses anciennes habitudes d’android, commençait à lui dire que si “l’homme” avait une arme, ou deux, ou même les fameux crocs dont il sentait affublé sous forme animale, Nines dans son statut d’humain risquait cette fois d’en finir blessé.
Il fallait donc d’abord réfléchir avant d’agir avec la force.
Et, ça commençait par révéler son nom, du moins, celui qui n’était pas le sien, mais celui de son ancien modèle :

- Connor.

Il ne se sentit pas si touché de donner le nom d’un policier qu’il avait pourtant croisé, cet autre “lui” qui n’était qu’une version inférieure, mais dont il avait la mémoire entière.
Nines, ce n’était que pour éviter de l’appeler RK900 constamment. Et de le renommer Connor, ou de le confondre avec Connor le RK800.

L’ironie faisait tout de même que l’origine du prénom Connor tenait du chien dans son étymologie.

- Vous êtes une sorte de vampire ? Votre nom, à l’envers, cela donne Dracula. Et c’est un vampire inventé par “Bram Stoker”.

Pas qu’il cherchait à étaler sa culture, puisque c'était un fait plutôt bien établi dans son monde, que Dracula était un célèbre vampire inventé par un auteur dont on ne connaissait que ce chef d’oeuvre. Et Nines avait bien compris que son nom à lui était l’inverse de Dracula. Il avait assez de cervelle pour le comprendre.

- Si vous en êtes un, je peux en effet ranger mon arme, et me chercher un pieu.

Il restait très calme. S’il devait adapter ses techniques de combat aux drôleries de ce monde, il le ferait. Nines savait s’adapter. Ca avait été un avantage de ses fonctions. C’était devenu une qualité.

La révérence ne lui fit ni chaud ni froid. Il observait, placide, méfiant, parce que les révérences cachaient parfois des gestes rapides, des mains fouineuses fouillant des poches pour obtenir des armes. Il le toisait, fixait, son regard ne se dérobait à aucun moment.
La créature qui se tenait devant lui, l’applaudit. Probablement était il heureux que Nines ait fait le lien avec Dracula. Et d’ailleurs, il se justifia. Ainsi, il était l’originel ? Nines n’était pas sûr que ce fut vrai. Pas dans son monde d’origine du moins.
A Detroit, 2038, les vampires n’existaient probablement pas. Penchant la tête, il s’interrogea sur le lien des histoires d’amour. Forcément, même s’il connaissait quelques informations sur l’ouvrage ancien, l’ancien androïd ne l’avait pas lu. Il ignorait l’existence de Jonathan Harker, Mina, et les autres.

Du reste, il apprit qu’hélas, le pieu ne servirait à rien. Comment tuer un vampire, alors ? La lumière du soleil ? Est ce qu’ici ça fonctionnait ?
Trop de questions et d’inconnues se posait. Si ce type était un criminel, Nines devait l’arrêter, peu importe comment.
Mais à y réfléchir, peut-être que s’ils continuaient de parler de son origine, ça donnerait une idée de ses faiblesses.

- Je vois.

Observant l’homme approcher, il pu aussi voir ses armes. Il était bien équipé. Voire très bien équipé. Mieux que le policier qui se tenait en face de lui. Clairement, dans son état d’humain, Nines ne gagnerait pas.
Pourtant, ça ne lui faisait pas peur. Toujours pas. Il n’avait pas été conçu pour s’inquiéter inutilement. Et même si ça faisait des années qu’il était humain, parfois, son cerveau pensait toujours qu’il était possible de le reconstruire.

L’autre lui demanda sa nature et Nines, qui n’avait pas lâché son arme malgré tout répondit calmement :

- J’étais un androïd. Un robot si vous préférez. Je n’ai pas été conçu pour être très expressif.

Ne bougeant pas d’un pouce, Nines réfléchissait à comment gérer ce criminel. Au delà de donner sa nature, il préférait surtout accomplir sa mission actuelle.

- Vous semblez…Bien équipé, de votre côté, en effet. Si on ne peux pas se baser sur les livres, j’imagine alors que l’ail serait idiot. Chez moi, les vampires n’existaient pas. Mais ici, les choses changent.

Faisant un maigre pas de recul, dans le doute, il toisa l’homme :

- Ca n’empêche pas que vous êtes un criminel.

Préciser l’évidence semblait bien idiot, mais bizarrement, Nines avait besoin d’appuyer sur ce propos, comme pour rappeler la situation. L’heure n’était pas aux connaissances, de base.

Sa réponse fit tiquer Nines. Cet homme connaissait les robots, c’était déjà mieux que rien. Mais il avait une image d’eux qui était biaisé par les oeuvres de science-fiction anciennes. Celles de robots fait de métal uniquement, ressemblant réellement à des créatures pas si proches des humains mais en ayant grossièrement les traits.

- Non. Je ressemblais à ce que je ressemble là. Avec une différence près… Une LED a ma tempe.

Ne plus l’avoir lui avait toujours semblé étrange. Ca et le fait de saigner rouge. Ou même que son corps n’était pas alimenté tout à fait de la même façon qu’avant. Il y avait trop de différence, et pourtant avant ça, il ressemblait juste à un humain un peu plus solide.
Nines fronçait les sourcils. Répondre à cette question lui avais semblé étrange, inhabituel. Il devait arrêter ce type, et à la place, ils causaient natures, expressions, etc… Quelque chose lui échappait. L’étrangeté de l’être face à lui, sûrement. Ce n’était pas rationnel.

Et voilà que “Alucard” semblait se décrire comme insensible à tout. Difficile donc d’arrêter une personne qui semblait si sûre d’elle, et surtout, qui semblait si bien armé.
L’observant en précisant qu’il était un criminel, l’autre montra qu’il avait le dessus. Il ne craignait rien, et était donc prêt à partir, libre.
Ce qui… Provoquait en Nines une impression qu’il avait appris à connaître. La frustration. Celle de devoir échouer parce qu’il n’y avait pas d’autres alternatives.
L’idée même d’essayer de comprendre le criminel lui semblait proscrit. Il n’était pas comme son modèle inférieur, fait pour négocier et comprendre. Lui, voulait juste frapper et attraper. Il fronça les sourcils. Et même si ce fut légèrement, ça démontrait son agacement.

- Vous êtes un criminel, et moi, je suis censé vous arrêter. Que vous ne craigniez rien ou pas.

Pourtant, il ne bougea pas. Il se devait de rester pragmatique et logique.

- Je ne suis pas fais pour discuter. Simplement pour traquer ceux dont j’ai pour mission d’arrêter…

Mais Nines restait immobile.

- Vous avez tué des gens, vous en avez conscience. Vous savez pourquoi je suis là. Et vous savez que je ne serais pas le dernier à tenter de vous attraper.

Seulement. Qui pourrait l’attraper, sans connaître son point sensible ? Enfin…Nines pourrait rapatrier toutes les informations et s’arranger avec ça. Pourtant, l’arme qu’il avait sur lui démangeait. S’il s’arrangeait pour que l’autre ne s’y attende pas, il pourrait peut-être le toucher non ?
Ce n’était pas juste qu’il sois insensible à tout, quand Nines lui était juste un humain. Il fit donc, malgré tout le bon sens qu’il possédait, un pas. Sûrement celui de trop, symbolisant ses intentions.

Nines n’avait pas envie de répondre à sa question sur sa LED. Il en dirait trop sur lui, même si aujourd’hui, il ne l’avait plus sur lui. A la place, l’ex android haussa les épaules, une façon de se détacher du sujet :

- Certaines choses.

Analyser. Envoyer des données. Recevoir des données. Son réseau personnel. Et surtout, peut-être, le meilleur moyen de savoir qu’il était un androïd ou même ce qu’il “ressentait”. Même s’il ne ressentait rien. Enfin, avant. Avant, il n’avait jamais rien ressenti.
Et maintenant, comme ce soir, il avait l’impression de ressentir trop.
C’était stupide.

Ce type était désagréable, et semblait vouloir discuter avec lui. Cet Alucard magique, ses armes qui rivalisaient largement avec Nines.
La frustration venait de sa défaite déjà avancée.
Et du fait qu’il était humain.

Soudain, le type décide de partir comme si de rien n’était. Se fichant bien des intentions de Nines. Ce dernier fronça les sourcils. Il était hors de question qu’il le laisse partir comme ça ! Pas sans avoir essayé, pas sans avoir couru au moins après.
Et c’est ce qu’il fit.

Il prit son élan, et commença à courir :

- Revenez ici !

C’était idiot. Nines n’avait strictement aucune chance contre lui. En vérité, il n’était pas sûr de pouvoir le rattraper. Maudit corps limité. Maudite Lune Rouge qui l’avait rendu vivant.
Mais il pu autant courir qu’il voulait, que Nines ne le retrouva pas, à sa plus grande frustration. Rentrant penaud, sans criminel arrêté, il jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y reprendrait plus.