Parfois il est bon de voir un professionnel [Hannibal Lecter]

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Parfois il est bon de voir un professionnel

Que pouvais-je bien faire dans la salle d'attente d'un psychiatre ? Ou plutôt pourquoi allais-je consulter un psy ? C'était ce qu'on était en droit de se demander, n'est-ce pas ? Et bien la raison en était extrêmement simple. Je n'avais pas choisi le Docteur Hannibal Lecter par hasard. Son simple nom m'évoque des souvenirs pas spécialement agréables, mais qui, en l'occurrence, pourraient s'avérer utiles. Oh je vous rassure, je n'ai pas l'intention de tuer mon père, non mon envie de vengeance envers lui ne va quand même pas jusque-là, mais peut-être que je pourrais obtenir des conseils auprès du Docteur Lecter pour que Lucifer reçoive la monnaie de sa pièce. Je n'en étais pas certaine, bien sûr, mais consulter un professionnel ne pourrait pas faire de mal. Extérieurement je semblais plongée dans la lecture d'un des nombreux magazines trônant sur la table basse de la salle d'attente, mais intérieurement, je repensais à ce moment où Amenadiel m'a "présenté" Hannibal Lecter. C'était pendant son cours, enfin si je puis dire, sur les capacités humaines, le bon comme le pire. Il m'avait montré Martin Luther King et on avait fait un autre voyage dans le temps où il m'a montré le Docteur Lecter s'en prenant à un de ses patients. J'avais voulu intervenir, mais mon oncle m'en avait empêché et c'était vraiment difficile, le pauvre homme souffrait, mais Amenadiel m'a dit que de toute manière Hannibal aurait son retour de bâton, comme tout le monde sur cette terre, il suffisait juste d'être patient.

Pour l'heure, je n'avais pas l'intention de m'en prendre au psychiatre, bien au contraire. C'est pour cela que j'avais pris rendez-vous avec lui. Etant donné le délai d'obtention du rendez-vous, j'imaginais aisément qu'il avait un carnet de rendez-vous plutôt plein. De quoi pourrais-je bien lui parler ? Sincèrement, vous posez la question ? Je ne vais pas lui mentir en lui disant que j'ai des problèmes relationnels avec mon père et que je cherche le moyen de me venger de lui. Je ne vais pas lui mentir du tout puisque ce sont les faits exacts. Je vais simplement lui dissimuler le fait que je suis une Nephelim et que mon père est celui que tout le monde appelle Satan, bien que je préfère Lucifer, ça roxe plus. De toute façon, quand bien même je le lui dirai, je n'aurais aucun moyen de le lui prouver et puis je n'ai pas l'intention de le crier sur tous les toits. D'abord je n'ai pas le droit de le clamer comme ça à tout va, et puis je préfère choisir soigneusement les personnes à qui je le dis.

Perdu dans mes pensées, je n'avais pas entendu la porte du cabinet s'ouvrir. Je relevais la tête et adressais un sourire au Docteur Lecter qui se trouvait devant moi. Je refermai le magazine et le posais sur la table puis je me levais et m'avançais devant le praticien.

- Bonjour, Docteur Lecter, je vous prie de bien vouloir m'excuser, j'étais plongé dans la lecture de ce magazine et je ne vous avais pas entendu.

Moses.

Lun 22 Nov 2021 - 9:01

Parfois il est bon de voir un professionnel

Il n'a pas fallu longtemps à Hannibal pour se faire une réputation (une bonne réputation, il est peut-être important de le spécifier) dans cette nouvelle ville, dans cette nouvelle vie. Il donne du crédit à ce qui se doit d'en recevoir, en dépit de la tendance que certains de ses patients peuvent avoir à disparaître ou à voir leurs névroses et pulsions criminelles amplifiées par ses conseils jamais désintéressés, il estime être un excellent psychiatre, mais les circonstances encouragent bien évidemment une telle affluence de patients.

Ceux dont les maux étaient déjà violents les voient amplifiés par les circonstances, et certains autres, qui n'auraient guère soupçonné se retrouver sur le divan de quelque spécialiste que ce soit s'en découvrent soudainement le besoin. La désorientation, la peur d'avoir perdu pour de bon ceux que l'on aime, la perte de repères, la crainte de ne jamais revoir ceux que l'on aime sont en vérité un fond de commerce appréciable pour quiconque a décidé de faire de l'exploration minutieuse de la psyché humaine leur fond de commerce.

Cette fois, il s'apprête à rencontrer une jeune patiente qu'il n'a jamais vue dans son cabinet jusqu'alors, une jeune femme du nom d'Aurora Morningstar, un nom évocateur, mais dont il est bien loin de deviner l'histoire. Au milieu de tous ses rendez-vous habituels, recevoir une nouvelle patiente, dont l'histoire ne lui est pas encore connue, malléable, donc, est une perspective appréciable. La proverbiale curiosité du psychiatre est à l'œuvre tandis qu'il s'interroge au sujet de ce qui aura motivé cette jeune femme, après près de trois ans d'existence sur cette île qui interrogerait la mentalité de quiconque, à décider de frapper à sa porte.

Quand il rejoint la salle d'attente, elle ne constate pas sa présence immédiatement, ce qui lui offre l'occasion de l'observer avec cette attention minutieuse de celui qui passe au crible, et veut s'acharner à voir au-delà de ce qui peut bien être perceptible. Quand elle lève les yeux vers lui, il lui rend son sourire, très légère risette de circonstance, simple marque d'une politesse essentielle, et toute élémentaire, bien sûr.

"Vous n'avez aucune raison de vous excuser. Mademoiselle Morningstar, je présume ? Veuillez me suivre." Il l'invite à l'accompagner dans son cabinet, referme la porte derrière eux, et propose d'un geste à la jeune femme de venir s'asseoir sur le confortable fauteuil réservé à ses patients. "Installez-vous, je vous prie." Lui-même prend place et poursuit de l'observer. Beaucoup de ses patients, lors d'une première consultations, affichent des signes manifestes de nervosité qui ne demandent aucun trésor d'analyse pour les constater, la jeune Morningstar, elle, lui semble... relativement détendue. "Je vous écoute. Pourquoi avoir sollicité ce rendez-vous ?"

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Parfois il est bon de voir un professionnel

@Hannibal Lecter & @Aurora Morningstar

Je n’avais aucune certitude quant au fait que cet entretien et les suivants, si tant est qu’il y en ait, m’apportent les réponses que je cherchais. Je devais marcher sur des œufs avec le Docteur Lecter, c’était un homme très intelligent, apte à déceler les moindres changements dans l’attitude d’une personne et expert dans le langage corporel. C’est ce que j’ai pu constater pendant mes phases d’observation de sa personne. Est-ce qu’il m’effrayait ? En aucune façon, et puis je n’allais pas lui mentir quand je lui exposerai mon problème, je lui dissimulerais simplement certaines informations qui ne lui seront pas utiles pour répondre à ma question. Assise dans sa salle d’attente, j’attendais tranquillement que ce soit mon tour. Ce qui était bien, c’était qu’il semblait s’arranger pour que ses patients ne se croisent pas, sans doute pour conserver un certain anonymat. De mon côté je me moquais complètement que les gens sachent que j’allais consulter un psychiatre, d’abord parce que les gens que je connaissais ici on pouvait les compter sur les doigts d’une seule main et ensuite, il n’y a rien de honteux à aller voir un psy, j’ai une tante qui exerce...enfin exerçait ce métier, alors des psy j’en ai vu depuis toute petite, même si elle ne m’analysait pas à chaque fois.

J’avais hoché positivement la tête quand le docteur Lecter avait demandé comme une confirmation de mon identité, puis je l’avais suivi dans son bureau, m’installant sur le fauteuil à son invitation.

- Je vous remercie.

Ma posture était détendue, le confort du fauteuil y était sans aucun doute pour quelque chose. Naturellement, le docteur Lecter me demanda la raison de ma présence en face de lui.

- Et bien voilà, Docteur, pour pouvoir répondre à cette question, il faut que je vous parle un peu de moi. J’ai vingt ans et j’ai une demi-sœur que j’adore, globalement j’aime toute ma famille, mais...oui parce que s’il n’y avait pas de « mais », je ne serai pas ici en face de vous, mais disais-je, je n’ai jamais connu mon père, ce dernier nous ayant abandonné peu de temps avant ma naissance. Ma mère m’a toujours parlé de lui, jamais en mal, elle ne tarissait pas d’éloges à son sujet, pourtant il l’avait abandonné, mais pour elle il y avait des raisons valables. Chaque fois que je demandais à ma mère quelles étaient ces raisons, elle ne me répondait jamais précisément. Quand j’étais enfant, je ne pouvais m’empêcher d’espérer que mon père revienne nous voir un jour, mais il n’est jamais venu. Alors petit à petit, la colère, la tristesse, la souffrance prirent une grande place dans mon coeur. Ce n’était toutefois que des sentiments, rien de plus étant donné que je ne l’avais jamais vu, ni même croisé son chemin.

Je pris une pause dans mon récit, comme pour laisser au docteur le temps d’intégrer ce que je venais de lui dire, puis je poursuivis.

- Vous n’êtes pas sans savoir la situation pour le moins particulière dans laquelle nous nous trouvons tous depuis presque trois ans maintenant ? Et bien cette situation a fait que j’ai vu mon père….de loin bien sûr, lui ne m’a pas vu du tout, mais depuis la première fois que ma route a vaguement croisé la sienne, un autre sentiment s’est emparé de moi : la vengeance.

J’esquisse un petit sourire en coin.

- J’ai envie de me venger de lui, docteur, j’ai envie de le faire souffrir comme j’ai souffert de son absence.

Plongeant mon regard dans celui du praticien, je m’exprimais d’une voix monocorde.

- Que me conseillez-vous, docteur ? Cette vengeance serait-elle saine...ou bien dois-je lui pardonner son absence ?

Moses.

Ven 26 Nov 2021 - 9:50

Parfois il est bon de voir un professionnel

Aucun signe d’inquiétude ou de nervosité chez cette jeune femme qui semble être dans son cabinet comme dans un salon de thé, la même décontraction, la même tranquillité d’esprit, chose rarement donnée à ceux qui viennent s’asseoir sur le fauteuil où Aurora est maintenant installée. La plupart de ceux qui décident de faire appel à son expertise suintent le stress et l’angoisse, des émotions faciles à modeler, mais qui manqueraient rapidement d’intérêt. L’assurance que semble de prime abord dégager la jeune Morningstar est rafraîchissante, encore faut-il en comprendre l’origine, et ce qui saura être ou non exploitable. Il a, à l’évidence, affaire à une jeune femme qui ne redoute pas de se parler et de se livrer. Il n’a pas à insister pour que cette dernière lui parle, très librement, de ce qui la tourmente et de ce qui l’amène.

Mentalement, il note toutes les informations qui peuvent lui être pertinente. Il note que quand elle décide de parler d’elle-même, c’est le sujet de sa famille qui, en premier lieu, est abordé. Elle se définit donc, du moins en partie, par sa famille. Compréhensible. Elle évoque ensuite un père abandonniste. Une histoire vieille comme le monde. Faudra-t-il qu’il gère seulement un classique complexe d’Œdipe ? – encore que la nature et l’existence même d’un tel complexe soient largement contestés, et à raison, dans les milieux de la psychiatrie. Elle a vécu dans le mystère d’une figure paternelle absente et anonyme, dans l’espoir d’un retour providentiel qui n’est jamais advenu. Sa tristesse et sa colère ont été bien légitimes. Et à des émotions trouvant leur source en de tels lieux, les réponses sont classiques, presque courues d’avance, mais le récit d’Aurora n’est pas encore terminé.

Il ne répond que d’un hochement de tête quand Aurora évoque la situation particulière qui est la leur, dorénavant. Ceux qui savent encore s’obstiner à l’ignorer – et il en croise quelques-uns sur le fauteuil où elle est assise – ne le feront plus très longtemps. Quoi qu’il en soit, donc, les circonstances ont replacé le père disparu sur le chemin de la jeune femme, et c’est au moment d’entendre un mot particulier qu’elle attise complètement son intérêt et sa curiosité : vengeance. S’il est bien un psychiatre qui, entre tous, saura encourager cette aspiration quand d’autres décideront à l’évidence de la taire, c’est bien lui. Curieux du potentiel de cette jeune femme, et de ce qui pourrait se passer s’il décidait de l’orienter dans la même direction.

"Certaines circonstances exigent d’y opposer une réaction équivalente, d’imposer un équilibre dans une relation déséquilibrée. Vous avez donné à cet homme un temps et une attention qu’il ne vous a jamais accordés, il est naturel, en conséquence, de vouloir susciter chez lui une émotion équivalente. La colère ou la haine sont des émotions brutes, sans doute aussi naturelles que l’amour qu’il vous a refusé." En somme, oui, il suggère que cette attitude pourrait bien être saine, en effet. "Dans quelles circonstances avez-vous revu votre père ? Comment l’avez-vous reconnu ?"

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**Invité**

Parfois il est bon de voir un professionnel

@Hannibal Lecter & @Aurora Morningstar

Etais-je de ceux qui se confiaient facilement sur leur histoire personnelle ? Oui et non. Disons que lorsque l'on vient chez un psy, c'est parce que l'on sollicite son aide de quelle que manière que ce soit. Il serait donc totalement contreproductif de rester silencieux pendant le temps que l'on passe en consultation, surtout vu le tarif relativement haut de ladite consultation. J'hésitais encore en me demandant si je n'allais pas envoyer la facture à Lucifer pour lui demander un remboursement, après tout si je suis ici dans ce fauteuil, c'est à cause de lui. Enfin pour ça, il faudrait d'abord que je le confronte. Je n'ai donc aucun problème à parler au Docteur Lecter. Je reste cependant sur mes gardes, je sais qui il est et je n'ai pas envie de lui donner le couteau pour me préparer si je finissais dans son assiette. Il ne m'effrayait pas, mais même si on omettait le fait que j'avais en face de moi un tueur psychopathe, il émanait de lui un certain charisme, une aura vraiment pesante. Pour en revenir à nos moutons, si je me confie facilement quand je suis dans le fauteuil d'un psy, lorsqu'il s'agit de parler de moi à une tierce personne, c'est tout le contraire, je suis plutôt du genre silencieuse. J'observe d'abord la personne pour savoir si je peux lui faire confiance et la plupart du temps je garde les infos importantes pour moi. La seule personne qui a fait exception jusqu'à présent, c'est Bucky.

Ainsi, j'avais tout déballé au bon docteur, les raisons qui m'emmenaient à le consulter, ma relation inexistante avec ce père que je ne connaissais qu'à travers les photos où les récits qu'on avait pu m'en faire. Il m'écouta attentivement, ce qui était un peu la base de son métier, il faut se l'avouer puis lorsque j'eus terminé de parler, il commença à apporter quelques réponses et à me questionner. Je hoche positivement la tête à mon tour. J'esquisse un petit sourire en coin.

- Vous me rassurez, docteur. Je commençais à me dire que peut-être je commençais à perdre la tête, que peut-être cette envie de vengeance que j'avais envers lui commençait à me faire tourner cinglée.

Je m'enfonce un peu plus dans le fauteuil pour pouvoir croiser mes jambes quand il me demande comment j'ai reconnu mon père, dans quelles circonstances l'ai-je revu. Parler de Lucifer me porte ordinairement sur les nerfs, je suis donc la première étonnée de la facilité avec laquelle je garde mon calme cette fois-ci.

- Et bien en fait, si moi j'ai cette rancœur envers lui, ce n'est pas le cas des autres membres de ma famille, ma mère principalement ne semble pas lui en vouloir plus que cela de l'avoir lâchement abandonnée, si bien qu'elle m'en a souvent parlé dans mon enfance, elle m'a parlé de leur relation, de leur rencontre, des moments qu'ils ont partagés. Elle m'a montré plusieurs photos d'eux. Ce qui amusant, enfin d'une certaine manière, c'est que j'ai toujours eu l'impression qu'elle parlait de quelqu'un d'autre. Je veux dire, elle semblait décrire un homme parfait, mais cette perfection s'est brisée à l'instant même où j'ai pointé le bout de mon nez. Je suppose qu'elle me parlait de lui en bien pour que je ne lui en veuille pas trop….de ce côté-là, c'est plutôt raté. Bref, avant la lune rouge j'étais déterminée à le retrouver et quand nous sommes arrivés ici il y a presque trois ans, je me suis demandé si lui aussi a fait partie du voyage alors je me suis mise à sa recherche et au bout de quelques semaines, je l'ai retrouvé. Depuis, je l'observe de loin, notant tous ses faits et gestes, j'ai par exemple remarqué qu'il avait pris sous sa protection une jeune fille d'environ mon âge…il se comporte avec elle comme un père.

J'affichais un sourire ironique.

- Vous comprendrez aisément, docteur, que lorsque je les vois agir tous les deux, j'ai de grandes envies de lui expliquer mon point de vue de manière plutôt brutale, non ?

Moses.

▿ Date de naissance : 19/02/1972

Parfois il est bon de voir un professionnel

Un psychiatre aux considérations bien plus éthiques que les siennes admettrait que toute velléité de vengeance mérite d’être exprimée pour être exorcisée, certes, mais certainement pas qu’embrasser ce désir de vengeance pouvait être la meilleure des options, mais c’est sans compter sur les habitudes tout sauf conventionnelles d’Hannibal Lecter, qui n’apprécie rien davantage que d’exploiter les faiblesses les plus remarquables de ses patients, d’alimenter le feu de leur rage, de leur colère et, bien évidemment, de leurs pulsions meurtrières. A ce titre, le désir de vengeance est un terreau terriblement propice à cela, et Aurora lui semble particulièrement réceptive à ce qui pourrait, d’une façon ou d’une autre, entretenir ses désirs de représailles entre un père dont l’absence lui a été tout à fait insupportable.

Mais avant d’espérer interférer d’une manière ou d’une autre dans la vie de la jeune femme, et d’encourager ou non ses désirs les plus cruels, il a besoin d’en avoir plus sur sa situation. Aurora n’a aucune difficulté, une fois encore, à se confier auprès de lui. Elle évoque ainsi sa mère, qui semble-t-il n’a jamais tenu rigueur au père de sa fille d’avoir pris la tangente avant de pouvoir connaître et reconnaître cette dernière (une histoire tristement banale, au fond). Hannibal note, mentalement, des comportements qu’il associe sans mal à des troubles spécifiques, cette rage née d’une peur de l’abandon qu’une mère prévenante n’est pas parvenue atténuer. Son comportement, de traque, d’observation, n’a rien de franchement sain en soi, mais est en revanche caractéristique, et en dit long sur la volonté et la détermination dont elle peut être capable, et saurait aussi mettre au profit d’une décision plus… radicale. Quant à la jalousie que lui inspire cette jeune fille d’à peu près son âge qui a su bénéficier d’une attention qu’elle n’a jamais reçue, c’est évidemment un levier psychologique remarquable, et qui mérite d’être observé, relevé, et, bien sûr, à terme, exploité.

"C’est absolument compréhensible", confirme-t-il alors quand elle attend que l’on apporte un assentiment à son désir de brutalité. Il ne lui refuse pas un tel assentiment. Et pour cause, au-delà de donner une légitimité à cette intention de violence, il a la ferme intention de la voir aller au bout de l’expression de cette même violence. "J’aimerais que vous vous concentriez, Aurora, sur vos véritables motivations quand votre père entre en ligne de compte. Le besoin presque compulsif que vous avez de l’observer tient-il d’un besoin d’être réuni avec lui, ou d’un besoin de clôture définitive ?" reprend-il en la sondant du regard, minutieux, expression neutre au visage pour contraster avec ce que ses paroles peuvent avoir de sens bien plus alambiqué. "Je suppose que l’expression – un peu éculée – vous est familière : tuer le père." Il marque une légère pause. "Métaphoriquement, bien sûr."

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